Le RSA ou précarisation, majoritairement des femmes, organisée - TopicsExpress



          

Le RSA ou précarisation, majoritairement des femmes, organisée pour incompétences des gouvernements successifs dans le non respect des égalités, des parentalités, homme femme depuis 1981 ? "Ce dispositif a fait couler beaucoup d’encre et levé une véritable controverse. Les questions relatives à la qualité des emplois créés, aux trajectoires professionnelles des personnes qui bénéficieraient du RSA, aux moyens mis en place pour accompagner les bénéficiaires des minima sociaux dans l’emploi, ainsi qu’à la norme d’emploi qu’institutionnaliserait le RSA ont été soulevées. Mais dans ce débat mouvementé, une fois de plus et à de rares exceptions près, l’impact sur l’insertion professionnelle des femmes n’a pas été abordé. Or, elles sont particulièrement concernées par cette réforme des minima sociaux, à plusieurs titres. 3 D’abord, parce que les femmes sont surreprésentées dans les emplois à temps partiel subi, assortis de contrats précaires, dans les emplois de services d’aide à la personne, emplois peu qualifiants et sans véritable reconnaissance professionnelle. Ces emplois sont justement ceux qui favorisent la pauvreté laborieuse. Le RSA apporterait certes un soutien monétaire aux femmes qui les occupent mais, d’une certaine façon, il conduirait aussi à normaliser cette forme d’emploi. Autrement dit, le RSA ne renforce-t-il pas le risque de nouvelles « trappes à précarité » pour les femmes ? 4 Ensuite, les allocataires de l’API sont essentiellement des femmes et, à ce titre, elles sont en première ligne. Mais pourront-elles travailler et donc bénéficier du RSA, si cette réforme ne s’accompagne pas d’un effort massif de prise en charge de la petite enfance ? 5 Enfin, les femmes sont également concernées parce que le RSA est un dispositif dont l’allocation est familialisée. Le salaire des femmes qui vivent en couple peut faire perdre à leur famille l’éligibilité à la prestation. Ainsi, elles pourraient être encouragées à rester inactives ou à travailler moins. De ce point de vue, le RSA n’est-il pas contraire aux efforts d’individualisation des prestations sociales qu’il conviendrait de mener ? Par ailleurs, le RSA se fonde sur le travail qui, lui, est individuel. Cette incohérence est poussée à son paroxysme avec le seuil des « droits et devoirs »[1] [1] ... suite, les devoirs étant individuels mais les droits étant familiaux. 6 Les contributions à cette controverse tentent de répondre à ces interrogations. 7 Pour Denis Clerc, économiste à Alternatives économiques, le RSA risque de normaliser l’emploi de mauvaise qualité comme mode d’insertion pour les femmes en difficulté. En revanche, il affirme que malgré son caractère familialisé, le RSA ne favorise pas le temps partiel des femmes en couple, arguant du fait que les aspects monétaires ne sont pas essentiels dans leur décision de travailler. Sa principale critique tient surtout au montant du RSA qu’il juge trop faible pour sécuriser les parcours professionnels des allocataires. Il propose de combattre le mal plutôt que les symptômes, en limitant la création d’emplois de mauvaise qualité. 8 Yannick L’Horty, professeur d’économie à l’Université d’Evry, fustige les politiques de l’emploi menées dans les années 1990, qui ont conduit au développement du phénomène des travailleurs pauvres. C’est, selon l’auteur, la raison qui justifie que l’État cherche à réparer les « dégâts » qu’il aurait lui-même causés, en proposant un dispositif de soutien aux travailleurs pauvres, le RSA. Les femmes ont été « doublement victimes » de ces politiques : d’une part, leur gain à la reprise d’un emploi est très faible et, d’autre part, leur possibilité de progression dans l’emploi quasi nulle. Contrairement à Denis Clerc, Yannick L’Horty affirme qu’il est illusoire et inefficace de chercher à améliorer la qualité des emplois car cela risque de déstabiliser le marché du travail. La seule solution à ses yeux est donc de compenser la faiblesse des salaires associés à ces emplois par une allocation type RSA. Quant à l’impact du RSA sur le travail des femmes vivant en couple, l’économiste admet que « cela pourra peut-être amener certains conjoints à renoncer à un “temps complet contraint” pour lui préférer un “temps partiel choisi”, avec des “pertes limitées pour le couple” ». Dit autrement, le RSA peut repousser les femmes dans la sphère familiale. 9 Pierre Concialdi, économiste à l’IRES, est quant à lui très critique par rapport au dispositif, qui ne permettra pas aux personnes concernées de sortir de la pauvreté et qui sera assorti d’un contrôle social renforcé, stigmatisant les personnes sans emploi. De même, Jean Gadrey, économiste, professeur émérite à l’Université de Lille, est un virulent opposant au RSA tel qu’il est proposé. Il souligne tout d’abord l’absence de la problématique du genre dans les réflexions menées sur le RSA. Selon lui, le RSA est le point d’orgue d’une série de mesures instaurées depuis 1981 pour faire du temps partiel la norme d’emploi pour les femmes. Le RSA revient à institutionnaliser le temps partiel précaire. En effet, les employeurs de certains secteurs ne manqueront pas de s’appuyer sur le RSA pour développer ce type d’emplois, qui concerne le plus souvent des femmes. Ce faisant, le RSA va certes permettre de créer des emplois en emboîtant le pas à la politique de développement des emplois de service à la personne, mais ces emplois seront de qualité médiocre ; le RSA est donc, selon lui, aux antipodes de la sécurisation des parcours professionnels." cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2009-2-page-155.htm
Posted on: Sun, 04 Aug 2013 07:05:14 +0000

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