Le Samâa dans le contexte de la musique soufie Le Samaa de - TopicsExpress



          

Le Samâa dans le contexte de la musique soufie Le Samaa de Fès a su traverser les siècles en senrichissant par larrivée des Arabes dAndalousie après la chute de Grenade en 1492 et par leur musique dite andalouse. Le flux ininterrompu des assoiffés de savoir à Fès, a permis aux chanteurs de rester en contact avec la musique de lorient arabe. Toutes ces influences musicales poétiques, une fois tamisées à Fès, ont créé un genre musical original, local et en perpétuelle évolution. Le Samaa a pu nous parvenir, riche et authentique. Il a su plaire aux fervents des belles mélodies arabo-andalouses et cohabite avec lorthodoxie musulmane en louant Allah et son Prophète (P.S.). Décrire le samâ et le dhikr soufi en tant que pratiques dévotionnelles serait simple sil suffisait de se référer à une ou deux traditions actuelles ou encore à quelques traités classiques remontant à plusieurs siècles. Mais depuis les premiers usages du samâ vers le Xème siècle, les formes et les usages de la musique se sont considérablement multipliés, tout comme les méthodes spirituelles et les types de mystique ou dascèse musulmanes se sont diversifiées à linfini. En examinant quelques grands types de dh dhikr et de samâ, cette communication veut montrer en quoi diffèrent leurs objectifs et les représentations qui y sont associées. Ces pratiques saccompagnent détats allant de la « conscience océanique » jusquà la possession par des esprits, de la vision des mondes supérieurs jusquà la présentification des âmes des saints ou la convocation desprits auxiliaires. Entre labsorption dans lUnité, le contrôle de forces animistes et la transe-thérapie, le spectre est très étendu, et les frontières pas toujours très nettes. La musique, la danse, les textes et les représentations contribuent à brouiller les pistes. La musique de transe est une tradition bien ancrée dans l’Islam. La tradition musulmane a toujours associé étroitement la musique et la transe, plus particulièrement dans les confréries soufies qui vise à la communion directe entre l’homme et Dieu [1]. Pour les soufis la transe tient une grande place dans la quête spirituelle et met en communication directe avec Dieu ; la transe s’obtient souvent par la musique. Les soufis ont développé deux cérémonies associant la musique à leur quête spirituelle : Le samaa Le dikhr On attribue à Sultân Veled les premières compositions musicales du Samâa. Ce répertoire sest augmenté au fil de lhistoire, intégrant même des rythmes frenki suite à une influence musicale française à la Cour de Soliman. Le chant soufi a cappella est constitué d’un ensemble de poèmes composés par les plus grands saints de lIslam à travers lhistoire. Cest une expression sincère des états les plus purs du cœur. Ses thèmes tournent autour de lamour de Dieu et de son Prophète et les grandes idées soufies. Ils véhiculent et communiquent à ceux qui les écoutent des significations subtiles et une aspiration spirituelle qui orientent les esprits vers la source divine. Ils suscitent chez celui qui se trouve en état douverture et de réceptivité spirituelle (hâl), des états intérieurs qui correspondent à ce que les soufis nomment émotions extatiques (ahwâl). Il est appelé samaâ pour son caractère psalmodique non instrumental, par opposition à la nouba andalouse appelée aussi al alla (linstrument), cependant le samaâ suis les grandes traditions de la nouba andalouse. Il sagit donc dune tradition de concert mystique, découte spirituelle de musique et de chants dans une forme plus ou moins ritualisée. Cette expérience musicale extatique, c’est le mystique persan Jalal Ud Din Rumi (Mevlana) qui dès le XIIIe siècle initia et encouragea cette pratique. La soirée de Samâa (ou Lila) relève du rituel. Elle commence par des séances de fumigation par le bois de Santal et la lecture de la Fatiha (première Sourate du Coran) sous le signe de la sérénité et de la purification. Cette pratique remonte à l’avènement de l’Islam en 622 (A.D.) et le prophète (P.S.) fût reçu lors de son exode de la Mecque à Médine par un chant à sa gloire qui est jusqu’à ce jour chanté dans tous les pays arabes (« La lune trône parmi nous » ou Talaâ el badrou aleyna). Le concert se déroule sous la direction d’un maître spirituel, le cheikh, et le chant solo est exécuté par le qawwal, celui-ci est choisi par la beauté de sa voix. Les fidèles écoutent ce concert, assis et se laissent peu à peu prendre par la transe. Les instruments de musique utilisés sont le tambour sur cadre et la flûte oblique. Au cours de lhistoire d’autres instruments ont été utilisé. A ce propos au Maroc Mohamed-Ben-Al-Madani Guennoun (mort en 1885) au nom d’une conception stricte de la shari ’ a, avait menée une campagne contre le sama ’ (utilisation des instruments de musique à des fins culturelles) dans les réunions des confréries mystiques. Le groupe de Samâa se compose généralement de 8 à 40 personnes, qui ont été initiées et formées à ces chants dans des confréries telles Aissaoui ou encore hmadcha... De nombreux courants ont influencé le Samâa, on peut citer par exemple: - les confréries soufies qui ont également pour but d’emprunter des voies religieuses et ésotériques en vue de prier Dieu, - l’influence arabo-andalouse suite à l’arrivée des Arabes d’Espagne après la chute de Grenade en 1492. Le sens même du terme sama suggère que cest bien ici lécoute qui est spirituelle, sans que la musique ou la poésie aient forcément un caractère sacré. Laudition peu dailleurs porté sur tout son, naturel, artificiel, ou artistique, insi que les sons subtils du monde caché ou du cosmos. Dans son sens éminent, laudition est synonyme dentendement, cest à dire compréhension et acceptation de lappel divin, ce qui peut aller jusquà lextase, le ravissement, le dévoilement des mystères. (Jean During, chercheur au CNRS, ethnomusicologue français) dans la présentation de son ouvrage Musique et extase : LAudition mystique dans la tradition Soufi. La philosophie soufie, en effet, bien plus que de tolérer la musique, s’en servait pour chercher l’union avec Dieu. Cette mystique musicale va, petit à petit, se ritualiser et devenir séance ou cérémonie sacrée englobant d’autres rites. Le dhikr, par exemple, peut être un point culminant du sama dans la plupart des confréries, point culminant qui, selon les lieux et les croyances, s’appelle parfois aussi hadra (assistance), imara (plénitude) ou halqa. (Cercle).
Posted on: Sun, 10 Nov 2013 14:28:06 +0000

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