Le chaudron. (Chronique.) Hier j’appelais un de mes anciens - TopicsExpress



          

Le chaudron. (Chronique.) Hier j’appelais un de mes anciens voisin. Pas vu depuis des lunes mais ce voisin devenu ami il y’a longtemps. Avant qu’il me demande pourquoi je l’appelais, il me contait cette courte petite histoire qui suis dans les prochaines lignes. Nous n’avons pas parlé de déraillement de train ou de rien de proche. Ni de certains salaires faramineux versés à certains athlètes de sports professionnels. Pour le train. Comment dire? L’émotion existe. Le mot n’a toutefois pas encore été inventé. Pour l’essentiel, l’histoire dira sans doute qu’on a laissé un train seul. Pis, un moment donné, le résultat de l’enquête le dira, le train se retrouve au neutre, pas de brakes, en haut de la côte. Le train commence à bouger. J’imagine d’abord tranquillement, pouce par pouce. Puis plus vite. De plus en plus vite. Beaucoup trop vite. On a avancé un chiffre; au delà des 100 km/h. Le train transportait du pétrole. Au bout de sa course, une ville. La ville aura été le frein du train. Le Music-Café entre autres endroits. D’où des clients, depuis devenus amis depuis peu, s’amusaient. Probablement une interprétation de Paul Piché. Heureux d’un printemps. Encore un hiver. Je peux pas faire autrement. Ça me fait de la peine. Le printemps ne dure pas longtemps. On connait la suite. Mince consolation; je me rends compte que je suis humain, pas un orang-outang, quand j’ai beaucoup de peines pour des gens que je ne connais pas. (…) On ne se parlait pas du train. Ni lui, ni moi d’ailleurs. Il me disait plutôt que l’une de ses connaissances rencontrée il y’a quelques années (voisin dela même rue, conjointe orthodontiste) qui n’avait pas vraiment de travail défini, du moins à l’époque, au sens de ‘’la loi’’. Je me suis toujours demandé ce qu’il faisait exactement comme travail, légal ou pas, qu’il me disait. Il en a rajouté un peu plus, sans toutefois me dire qu’il en savait tellement plus sur les allés et venus de ce voisin, en me décrivant la scène suivante. Un jour, disait-il, ce type arrive chez moi. Avec un assez gros chaudron de type soupière; dans ses mains et sous son bras cet exemplaire de ce vieux chaudron comme un que ma mère a eu toute sa vie on pourrait dire. Un vieux chaudron en aluminium assez épais. Ma mère faisait une sauce à spaghetti comme elle seule en a le secret dans l’un de ces chaudrons. Des soupes aussi, de là l’appellation ‘’soupière’’. Une fois la carcasse de la dinde au complet dans le chaudron. Des légumes. Des épices et quelques nouilles qu’elle faisait bouillonner pendant ce qui semblait être des heures. Ma nièce Marianne l’appelle toujours la meilleure soupe au monde. La particularité toutefois de ce chaudron mystérieux et en lien avec cette chronique; il était plein de cash. Le type au plein chaudron avait été rendre visite impromptue chez son voisin-ami pour lui demander qu’est-ce qu’il pourrait bien faire avec son chaudron. Surtout le contenu. Et surtout s’il pouvait lui écrire un chèque au montant contenu dans le chaudron. On compte le cash, tu garde le cash et tu m’écris un chèque au montant équivalent sont les indications reçues. Le plus que connu stratagème de blanchiment d’argent. Mon ami, je pourrais vous le nommer mais je ne le ferai pas, commence à comptabiliser l’argent. Aucune résistance de prime-abord ni opposition. On pensait d’abord à l’équivalent d’une centaine de piasses tout au plus. Mais rien à ce que contenait en réalité le chaudron. On débute le compte; quelques coupures de 5, puis quelques 20, puis des 50, puis des 100… puis des 1000. Au dixième billet de 1000, j’ai arrêté le compte que mon ami disait. La tête avait commencé à tourner. Vous devinez un peu la suite si vous me connaissez bien. Je sais m’entourer de gens honnêtes et au dessus de tous soupçons. Je voulais dire que mon ami referme le chaudron en remettant le couvercle sur la marmite. Pour ensuite retourner d’un jet le tout vers les bras du type. ‘’Tu iras à la banque. Moi je ne veux rien savoir de tsa. Tes combines de crossentibus ne m’intéressent pas’’. Le type s’en est allé subito, sans presque mot dire, sans presque broncher, tout de même un peu pantois, en quittant les lieux coté jardin. Le type en question? Disparu. Parti dans la brume depuis ce temps. Idem pour le chaudron et son contenu. Début et fin de cette courte histoire. ‘’Écoute Richard, je travaille mon 40 heures par semaine. Je suis sensé faire 80 milles piasses par année. Je suis comme la plupart de nos semblables. Une hypothèque ou ce qu’il en reste. Un paiement de char. Pas de garderie mais garde partagée. Je paie mes taxes. Les scolaires, les municipales, la Marois et le Stephen Harper. Je manque, ni mes enfants, de rien. Je me tape un ticket ou deux de parking par année quand je vais au festival de jazz de Montréal à chaque été. Un ticket ou deux que je paye rubis sur l’ongle sans rouspéter. Je suis un homme ordinaire. Je ne fais autrement aucune folie. Mais après tout ce que je dois payer à tout le monde, il me reste même pas 100 piasses, peut-être 200, à la fin du mois. Mais ce type? Y travaillait pas. À l’entendre il était sur le BS, pas une sacrament de cenne. Pis un jour, il y’a quelques années, il arrive avec son chaudron plein de cash. Sinon c’était le bateau. Sinon le gros truck 4 par 4. Ça roulait son affaire. Pas sûr que l’orthodontie de sa conjointe paye tant que ça. Je l’ai dénoncé etc. Et puis plus rien. Pas de son. Pas d’images. On dirait qu’on s’en calice. ‘’ Le bout que je retiens; on dirait qu’on s’en calice. Non cher ami. On s’en calice pas. Bien au contraire. Même si on pouvait être plus suspicieux, plus sérieux et plus sévères, s’attaquer de front au blanchiment d’argent et à tout ce qui l’entoure serait comme s’attaquer à une pieuvre aux 100 tentacules. Tu en coupe un (1)? Tu pense que tu viens de faire chier la pieuvre? Non! Deux nouveaux tentacules poussent plus fort que celui que tu viens de couper. Tu zappe la pieuvre au complet? Y’en a 12 derrières. Puis 12 autres derrières les 12. L’économie au noir, au sens macro-économique j’entends, est un peu sinon pas mal instituée de pareille façon ou telle à un État. Un peu plus diffus, un peu moins facilement définissable, peut-être moins structuré ou organisé qu’un État dûment reconnu mais État tout de même. La particularité de cet État virtuel réside au fait que nous avons plutôt à faire à un État dans l’État. État avec un gros E. Un État anonyme, apatride et anotional. Un État existant tout de même, palpable de toute sortes d’indices, présent dans l’invisible, présent par-dessus et tissé par l’intérieur avec un autre. S’attaquer à ce genre de pieuvres, s’attaquer de front aux opérations de petites et grandes envergures de blanchiment d’argent, s’attaquer de front aux porteurs de chaudrons, de poches d’hockey, de bas qui montent un peu plus haut que les autres et le reste est pas mal semblable à lorsque qu’un État s’attaque à un autre. Dans ‘’mon livre à moi’’, on appelle ça une guerre. À l’attendant, on peut s’attendre à quelques démonstrations d’étincelles et que quelques opérations orchestrées par les autorités (et il faut s’en réjouir) auront bien lieux. Mais dans l’ensemble, à moins d’assister à une véritable révolution de quelque sorte, un changement draconien de régime, une catastrophe majeure ou si une forte majorité des organisations interlopes changent leurs chemises de bord, je demeure d’un optimisme très réservé à ce sujet, à court, moyen et long terme. J’espère quand même me tromper et j’espère même être carrément dans le champ. Je crains, par la même occasion, que, hélas, que j’aille raison. Je crains que nous allions devoir attendre Godot pendant longtemps avant de voir un simulacre de changement poindre à l’aube de la prochaine glaciation. Je ne vois, ni entrevois quelqu’élément qui semblerait indiquer que nous sommes sur le bord d’une révolution. Et ne comptez par sur moi pour en partir une. J’hais comme la peste toute forme de militantisme. Que faire à l’attendant? S’attendre à quelques étincelles ici et là. Pour contrer un peu le blanchiment d’argent, on pourra toujours se contenter à l’attendant de rendre illégaux les gros chaudrons. On devra se contenter des plus petits lorsque nous irons chez Wal-Marde ou Target. Les plus gros demeureront disponibles, soyez sans craintes. Idem pour les bas et les poches d’hockey. Toutes demeureront disponibles. Sur le marché noir. (…) Et le train dans tout ça? On travaille fort. Très fort. On cherche à savoir ce qui n’a pas marché. On demande d’être patient. Nous le serons. Par choix et obligation. Par respect aussi. Des gens disparus et pour ceux qui demeurent derrière. Vous n’avez pas idée combien complexe est la tâche de démêler tout ça. La vérité, il y’en a une, je l’espère malheureusement assez évidente, fera comme toutes autres auront réussi à faire et réussissent toujours à faire la plupart du temps. Tout fini par se savoir. La vérité dans tout ça? Elle finira. Elle finira par sortir. On changera le parcourt de la voie, entre autres choses. Mais le prochain train? Quand est-ce qu’il passera? Ça, je l’ignore. Une certitude cependant. Il contiendra du pétrole. ----------------------------- (1) Tentacule est masculin. On dit UN tentacule.
Posted on: Tue, 16 Jul 2013 22:46:37 +0000

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