Le col de l’Aubisque : une route en sursis, à flanc de montagne, parcourue par les touristes, descendue à fond la caisse par les cyclistes du Tour de France et pourtant, le moindre écart de conduite est fatal tant le ruban de bitume est incongru dans un panorama aux allures de premier matin du monde. Vaches et moutons divaguent au milieu de l’ouvrage, surpris de ce serpentin artisanal aux bords imparfaits. On s’attendrait, à chaque virage, à voir surgir des replis du temps, un tyrannosaurus-rex aux dents dégoulinantes du sang d’un auroch attardé lui-aussi dans un autre repli d’une autre ère. On s’excuserait presque d’être là, dans cette nature rabotée par les éboulis, aux herbes rases et aux lacs bleutés. L’esprit des lieux qui a vu passer les reptiliens, les glaciations et quelques tigres à dents de sabre, doit se demander qui sont ces bipèdes en boîte à roulettes qu’il n’a pas vu hier encore. Ca fait quatre matins qu’ils sont là et ils ont déjà installé un téléphérique et une station hydroélectrique. Ils se croient chez leur mémée ou quoi ?
Posted on: Sun, 28 Jul 2013 17:27:43 +0000
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