Le corporéisme comme modalité du narcissisme La perception du regard posé sur soi sans autre but, simplement pour la sensation de l’instant, donne plus de dimension à la vie ; il fait exister plus fort. (...) Déclencher un réflexe oculaire, sentir un regard (que l’on pense appréciatif) porté sur soi n’est pas seulement agréable. À un premier degré, la sensation d’être regardé produit un renforcement individuel physiquement perceptible, sous forme d’une activation énergétique : accélération du rythme cardiaque, augmentation de l’éveil. Au-delà de cette réaction émotionnelle immédiate, le regard procure l’impression d’une densité d’existence plus lourde, qui concourt au soutien identitaire et efface les doutes. "Il y a beaucoup de femmes qui ont besoin de ça, c’est une recherche pour se sentir exister". Dans le cas des seins nus, ce soutien s’intensifie d’autant que le processus est dialectique, qu’il part de l’amour de soi. "Il faut d’abord s’aimer, il faut aimer son corps" ; "Au départ c’est moi qui aime bien mon corps, du coup si je l’aime bien, les autres l’aiment bien". L’idée positive de soi crée les conditions du soutien identitaire par le regard des autres ; l’amour de son propre corps devient regard d’amour. Si le soutient identitaire - et la santé mentale - passent par le regard, si l’amour des autres passe d’abord par l’amour de soi et de son corps, il y a un lien évident avec une économie du signe. Dans ce modèle, l’individu est amené à définir son identité - se socialiser - par un travail d’observation et d’introspection (réflexif) qui induit un travail sur le corps (écoute, apparence, gestuelle) ; le corps devient une ‘planche de salut’, le support qui détermine les pratiques de recherche identitaire, en particulier chez les individus qui ne disposent que de ce support. Le corporéisme narcissique, sous cet angle est un fait anthropologique, un élément de la modernité, une culture somatique.
Posted on: Tue, 30 Jul 2013 12:23:59 +0000
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