Le dossier du jour Edition du 10/2/2008 Le Pr Youcef Tayebi* à InfoSoir «C’est un problème de formation» Par : Infosoir : Les taux de mortalité maternelle et infantile sont élevés en Algérie, malgré le progrès des nouvelles technologies médicales et les personnels adéquats. Pourquoi ? Le Pr Tayebi : Ce n’est pas une question de moyens. C’est d’abord une question de personnel médical qui doit être bien formé. Les jeunes mamans meurent «gratuitement», alors qu’il ne faut qu’un minimum d’organisation et de savoir-faire pour les sauver. Il y a aussi la question des structures elles-mêmes qui ne sont pas appropriées. L’autre facteur, très important, c’est la maman. Beaucoup de femmes n’observent aucun suivi durant leur grossesse. Pas de diagnostics, pas de régime alimentaire adapté, ni dans le secteur public ni dans le secteur privé. Je suis certain que si vous faites une enquête à ce sujet, vous découvrirez que les gynécologues sont les spécialistes qui chôment le plus. C’est d’abord une question de culture. Beaucoup de femmes considèrent qu’aller chez le gynécologue n’est nécessaire qu’en cas de complication. Elles sont très réservées quant à leur intimité… Là, nous sommes devant un paradoxe, car la logique veut que les mentalités se développent à la même cadence que les avancées technologiques ! Mais dans le cas de l’Algérie, nous constatons le contraire. l Il ne faut pas oublier que beaucoup de médecins et de spécialistes ont quitté le secteur public, depuis une dizaine d’années, pour aller à l’étranger ou dans le secteur privé. Aujourd’hui, je crois que nos hôpitaux manquent de personnels expérimentés et professionnels. Je dois dire, sans exagérer, que les médecins spécialistes, les sages-femmes et les résidents n’ont pas le savoir-faire qu’avaient leurs confrères il y a dix ou vingt ans. même si le ministère de la santé a beaucoup investi en matière de moyens matériels, il ne faut pas oublier le côté humain qui est très très important. Vous avez dit qu’il suffit de peu de moyens pour atténuer ce drame ! Comment ? l Faire reculer la mortalité maternelle et infantile n’est pas forcément tributaire du développement de moyens logistiques au niveau des hôpitaux et des maternités. Il suffit de la présence d’un personnel qualifié à chaque accouchement, offrir aux femmes des suivis obstétriques de base en cas de grossesses à risques (diabètes, hypertension, facteurs de l’âge). Mais pour réaliser cet objectif, il faut des campagnes de sensibilisation et d’information pour les femmes qui ont un niveau d’instruction limité, car ce sont elles qui s’exposent le plus, concernant les risques de mortalité. A. Z. * Maître assistant au service de maternité au CHU de Béni Messous Droits de reproduction et de diffusion réservés © infosoir2003. Sitre développé par mehni Design du site par Sabaou Fayçal
Posted on: Wed, 14 Aug 2013 21:17:19 +0000
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