Le gouvernement de la République démocratique du Congo a - TopicsExpress



          

Le gouvernement de la République démocratique du Congo a annoncé mardi matin avoir remporté une « victoire totale » contre les rebelles du M23, qui occupaient l’est de la RDC depuis dix-huit mois. Les explications de Mehdi Belaïd, spécialiste de la région. Les Forces armées de la République démocratique du Congo sont parvenues en quelques jours à déloger le groupe rebelle M23 du territoire qu’il occupait dans le Nord-Kivu, à l’Est du pays. Le Mouvement du 23 Mars a annoncé ce mardi la fin de sa rébellion. Pour comprendre ce qui se joue dans l »Est du Congo, L’Express a interrogé Mehdi Belaïd, doctorant sur les problématiques de sécurité à l’Est du Congo à l’Université Paris 1. Comment expliquer le succès de l’armée congolaise face au M23 après dix-huit mois d’occupation de cette région par les forces rebelles? Plusieurs raisons l’expliquent. Il y a eu un effort de modernisation de l’armée congolaise. Elle a été aidée par l’Union européenne via l’EUSEC RD Congo, une mission de conseil et d’assistance en matière de sécurité. Cela a par exemple permis de nettoyer le fichier informatique des éléments fictifs de l’armée. Cette victoire de l’armée est une première. Par le passé, les forces rebelles étaient souvent mieux équipées et plus disciplinées que les militaires. En second lieu, la Monusco, la force d’intervention de l’ONU au Congo, a joué un rôle plus actif dans les affrontements, surtout après la création d’une Brigade d’intervention puis d’une force de réaction rapide, au printemps dernier. Auparavant, les casques bleus se cantonnaient à la défense de la population et au soutien logistique de l’armée congolaise. Le M23 a aussi été confronté au ras-le-bol de la population. Il avait pourtant été accueilli avec soulagement lorsqu’il avait pris le contrôle de la région de Goma à l’automne 2012 -un phénomène récurrent dans le pays: la population est soulagée de voir un groupe armé chasser le précédent. Lors de l’arrivée du M23, une bonne partie des éléments de l’armée régulière n’étaient pas mieux considérés que les rebelles par les habitants du Kivu. Par ailleurs, il faut noter que malgré les troubles à répétition dans la région, il n’y a pas de mouvement sécessionniste dans l’ex-Zaïre. Même les rebelles se réclament de la patrie congolaise. Le regain de nationalisme qui accompagne les combats actuels joue donc en faveur de l’Etat et par ricochet de l’armée régulière. Quel rôle joue le Rwanda dans le dénouement actuel? Kigali a subi de fortes pressions des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, puis de l’Allemagne et des Pays-Bas notamment, qui ont suspendu leur aide au Rwanda en 2012, afin qu’il cesse de soutenir le M23. Officiellement, le Rwanda était intervenu dans l’est du Congo pour y pourchasser les opposants hutus rwandais qui s’y étaient réfugiés. La proximité avec le M23 s’appuyait également sur le fait que le groupe rebelle prétendait défendre les communautés tutsies congolaises. Il y a eu parrallèlement ces dernières années une alternance de rapprochements entre Kigali et Kinshasa. L’emprise de Kigali sur l’est du Congo lui a permis de tirer profit de l’extraction des ressources minières dont regorge la région. Mais désormais, le Rwanda ne peut plus intervenir aussi directement chez son voisin. La déroute du M23 représente-elle enfin un espoir de paix dans cette région? C’est encore loin d’être garanti. Le M23 est l’arbre qui cache la forêt. L’est du Congo abrite entre 30 et 40 groupes armés de plus ou moins grande importance. Le gouvernement va bien sûr chercher à tirer profit de son succès militaire qui redore l’image de son armée. Cette victoire contre l’un des groupes les plus en vue pourrait se reproduire face à d’autres mouvements. Mais la stabilisation de cette région n’est pas une mince affaire. Il y a de nombreux chevauchements entre les différents groupes armés, tandis que des militaires de l’armée régulière sont impliqués dans les trafics locaux ou ont des accointances avec les hommes forts à la tête des milices. Il est encore trop tôt pour dire si ce succès représente un espoir de paix dans l’Est du Congo. La rébellion du M23 en huit dates Avril 2012: affrontements dans le Nord-Kivu entre l’armée et des soldats ayant appartenu, avant leur intégration, à la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Mai: création du M23, composé des mutins qui exigent de rester dans leur région du Kivu et de garder dans l’armée les grades qu’ils avaient du temps où ils étaient au CNDP. Novembre: les rebelles du M23 prennent Goma, capitale du Nord-Kivu. Un sommet régional exige le retrait des rebelles de la ville et demande à Kinshasa de « prendre en compte leurs revendications légitimes ». Kinshasa exige un retrait avant toute négociation. Décembre: les rebelles quittent Goma. Des pourparlers démarrent à Kampala (Ouganda). Mars 2013: une résolution de l’ONU renforce la Monusco en créant une brigade d’intervention chargée de « neutraliser les groupes armés ». Août: vaste offensive de l’armée. Les rebelles annoncent qu’ils se retirent de la ligne de front au nord de Goma. 25 octobre: l’armée lance une nouvelle offensive dans le Nord-Kivu, parvenant en quelques jours à déloger le M23 de la quasi-totalité du territoire qu’il occupait. 5 novembre: le M23 annonce « mettre un terme à sa rébellion » quelques heures après avoir été chassé des dernières positions qu’il occupait.
Posted on: Mon, 11 Nov 2013 10:36:11 +0000

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