Le mariage raté (heureusement pour lui) de Salamabdou - TopicsExpress



          

Le mariage raté (heureusement pour lui) de Salamabdou Ndiaye. Au hasard d’une cérémonie familiale, Salamabdou se fit présenter par une de ses cousines, une superbe drianké aux formes plus que plantureuses, du nom de Soda Ndiaye. Par la suite, Salam, grand seigneur, invita à deux ou trois reprises les deux dames dans de grands restaurants de la place. Et c’était plus que suffisant pour que notre ami, conquis aussi bien par les charmes de la drianké que par son esprit brillant et la belle amitié qui la liait à sa cousine, pensât à unir sa vie à celle de la belle. Comme Soda elle-même était plus que consentante à ce projet matrimonial car elle n’était pas indifférentes au charme ravageur de notre ami, elle l’invita à venir lui rendre visite chez elle pour faire plus ample connaissance. Voila donc, le soir même, notre ami Salam, sapé comme lui seul sait le faire et délicatement parfumé d’une fragrance de grand prix, chez Soda qui, pour marquer la haute considération dont elle l’entourait, le reçut dans sa chambre à coucher. Elle le débarrassa de son grand boubou bien amidonné qu’elle accrocha à un porte manteau et de son « kopati » qui fut posé sur la coiffeuse, et l’invita à s’étendre dans son lit, tandis que dans un coin de la chambre un encensoir exhalait délicatement un arôme affolant qui titillait délicieusement les narines frémissantes de notre ami, littéralement aux anges. Evidemment il ne se fit pas prier pour « occuper le terrain » en conquérant triomphant. Au cours des salamalek qui suivirent pour lancer la conversation, Salam fut frappé par un détail étrange qui ne manqua pas de l’intriguer. Il venait de remarquer que son kopati était posé auprès de sept autres couvre chef soigneusement rangés sur la coiffeuse, comme des objets de collection. Evidemment il ne manqua pas de relever le fait afin d’en demander explication à son hôte. Alors, à la très grande surprise de Salam, Soda fut aussitôt saisie de sanglots si déchirants que notre ami ne manqua pas d’en être ému lui-même, aux larmes. « Vois-tu, mon Abdou Salam chéri, ce « bonnet carré » que tu vois là immédiatement après ton kopati, c’était la coiffure de feu mon premier mari. Kookou moo ma diél diankh, déf tchi man lou néékk ! Immédiatement après notre mariage, il m’a offert une lune de miel sur les rives de la Seine. C’est hélas là bas, à Paris qu’il a eu une subite crise cardiaque que rien ne permettait de prévoir et qui l’a emporté. » Elle marqua une pause ponctuée de grincements de dents désespérés et de hoquets à se fendre l’âme, puis poursuivit : « Le « bonnet Fez » qui suit, m’a été laissé par mon second mari ! Un véritable homme de Dieu, celui-là. Pieux et plein d’attention pour son prochain. Après m’avoir épousé, il a passé une semaine de rêve avec moi, ici. Mais Dieu a voulu qu’en retournant chez lui, il fît un terrible accident qui lui a été fatal. » Les épaules secouées de sanglots de désespoir, elle enchaina sur le troisième bonnet qui lui a été laissé par son troisième mari qui, deux jours après avoir convolé en juste noces avec elle, l’a convié à l’accompagner au village afin de la présenter à sa famille. C’est, hélas, au cours de ce séjour en campagne que la malchance voulut qu’un serpent le mordît dans les champs. Et, faute de moyen d’évacuation rapide vers un centre de soin correctement équipé, le pauvre chéri rendit l’âme dans des conditions atroces qui lui hantent encore l’esprit. Inutile de vous dire que, pour notre ami Salam qui s’estimait suffisamment édifié sur sa fiancée, il n’était plus question de projet matrimonial. Il n’avait aucune envie que son beau kopati vienne enrichir la collection déjà trop fournie de Soda. Aussi, lorsque la dame, au comble de l’émotion, alla s’enfermer dans sa salle de bain pour se calmer et se refaire une beauté, notre ami ne demanda pas son reste. Sautant prestement sur ses pieds, il rafla en un tournemain ses babouches, son kopati et son grand boubou et fila comme une flèche. Pour aller plus vite, il enjamba la fenêtre de l’appartement et chuta lourdement dans la rue. Il s’éloigna en boitillant. Et le lendemain, constatant que sa jambe, devenue extrêmement douloureuse enflait, il alla à l’hôpital où le médecin, diagnostiquant une fêlure de l’os du tibia, le mit sous plâtre ! « Ndokk !», se dit Salam tout heureux, malgré ses béquilles, d’être encore de ce monde après avoir croisé la route de Soda!
Posted on: Tue, 12 Nov 2013 15:50:32 +0000

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