Les esclaves vous saluent bien ! Hier après-midi, les salariés de Marine Harvest ont voté la grève et l’occupation de leur usine. Les salariés de Tilly Sabco sont partis en camion à la sous-préfecture de Morlaix, ils ont défoncé le portail et restent à l’intérieur, exigeant d’être reçu par le ministre de l’agriculture Le Foll. La colère monte et finit par exploser. C’est la suite logique de la grosse manifestation de Quimper où ces mêmes salariés, avec beaucoup d’autres (ceux de Gad, de Doux …), avaient exprimé leur ras le bol de la situation. Ils étaient autour de 20 000 personnes, des ouvriers, des salariés qui sont licenciés ou menacés de l’être, des chômeurs, des retraités, des petits paysans, des commerçants, des petits exploitants (dits petits patrons), des jeunes, bref une manifestation populaire … Manifestation hétéroclite ? Certes, c’était diversifié socialement et sans doute aussi politiquement. Même si les seuls visibles avec banderoles et drapeaux étaient l’UDB (gauche bretonne), les Alternatifs et le Npa Contrairement à ce qui a été répété à tort, ni l’UMP (à part une brochette d’élus locaux) ni le FN ni le Medef n’ont manifesté à Quimper. Le problème est que beaucoup de gens ont été intoxiqués par le concert médiatique relayé étonnamment par des partis de gauche et par des syndicats. Non ce n’était pas une manif de droite. Ok ce n’était pas non plus une manifestation de « gauche ». C’était une manifestation peu habituelle car largement dominée par les sentiments régionalistes. Ce qui laisse la place au mélange des genres, malheureusement oui, mais c’est ainsi. Le fait est que c’est ce sentiment régionaliste qui sert de ciment à la colère et qui redonne confiance à une population écœurée et en partie désemparée par la brutalité de la crise. Le positionnement hostile de certains syndicats comme la Cgt (jusqu’à organiser 3 jours avant une contre-manif), de partis comme le PC et PG est incompréhensible. Leurs déclarations agressives voire insultantes envers les manifestants de Quimper (les « esclaves », les « nigauds », ceux qui ne comprennent rien, se soumettent au patronat …) sont incroyables et choquantes ! Quel manque de solidarité, quel mépris social même de la part de ceux qui prônent pourtant la « place au peuple ». Oui les choses sont compliquées car le patronat ou la droite/extrême droite essaient de détourner la colère légitime, ils essaient de la dévoyer, de l’utiliser à leurs fins. Oui, il y a un combat à mener pour empêcher qu’ils ne réussissent. La révolte « bretonne » doit trouver un débouché sur le terrain social. Elle doit trouver des perspectives politiques contre les politiques libérales, contre les multinationales, contre le Medef, pour stopper les licenciements et les fermetures d’usines, pour la réquisition des secteurs qui s’écroulent sous la lois du profit, pour le contrôle des salariés et des usagers sur les productions agro-alimentaires … Pour cela, le monde paysan et ouvrier doit se retrouver dans un front commun contre tous les exploiteurs (banquiers, multinationales, gros patronat). Oui nous sommes solidaires et partie prenante de la révolte de la population bretonne. Nous avons manifesté à Quimper parce que c’était notre camp social qui était dans la rue. Nous y étions pour faire entendre une voix anticapitaliste à Quimper parmi les « révoltés » et non pas à 70 km avec des élus socialistes et des représentants de EELV parti gouvernemental. A quoi ça peut-il bien servir sauf à diviser et à refuser de combattre la politique du gouvernement ? Nous souhaitons bien sûr que cette mobilisation en Bretagne soit contagieuse et s’étende l’ensemble du territoire. Oui nous pensons que le 2 à Quimper peut être le déclencheur, le début d’une mobilisation générale contre l’austérité, contre les politiques libérales du Medef et contre le gouvernement actuel. Philippe
Posted on: Tue, 05 Nov 2013 10:30:30 +0000
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