Les malédictions de la Place Tahrir… Et de deux pour - TopicsExpress



          

Les malédictions de la Place Tahrir… Et de deux pour l’Egypte. D’une révolution pionnière et héroïque qui fit tache d’huile dans tout l’espace moyen-oriental, le pays des Pharaons semble plonger davantage dans un enlisement de plus en plus endémique de la jeune démocratie égyptienne visiblement étouffée avant même son éclosion véritable. Le pic a été la destitution au Caire du président Morsi élu il y a un an à peine. Auteur de cette sale besogne, une armée plus que jalouse de récupérer ses anciennes marques politiques. La Radio France Internationale (RFI) et d’autres media mondiaux ont relayé les drames qui ont eu lieu tôt ce matin. Des manifestants pro-Morsi sur qui les soldats auraient tiré à balle réelle. Il s’en est suivi des morts malheureusement. Quarante personnes en tout, semble-t-il. Du sang versé gratuitement pour des revendications politiques. Mais, les nouvelles révulsions en cours en Egypte révèlent bien des aspects de la nouvelle donne géopolitique au plan mondial qui méritent une analyse plus approfondie et plus objective pour en saisir les méandres pas toujours perceptibles à première vue. Une révolution mal consommée…Une démocratie mal domiciliée Dans un pays réputé comme un repaire du pouvoir fort et totalitaire et longtemps maintenu sous la coupe réglée de l’armée, les événements ayant conduit à la révolution en 2011 à la chute inattendue de Hosni Moubarak ont très tôt suscité un espoir peut-être trop naïf chez la communauté internationale qui rêvait qu’une véritable démocratie stable viendrait remplacer une dictature vieille de plusieurs décennies. Depuis l’ère des Pharaons, seuls maîtres du destin de tout leur peuple et représentants des dieux sur terre, l’Egypte a toujours vibré au son du pouvoir absolu ou le détenteur était constamment déifié. Qu’il vous souvienne que les Egyptiens dans leurs us et coutumes allaient jusqu’à souhaiter un prolongement de la vie de leurs monarques admis dans l’au-delà. C’est en effet d’eux que l’on tient la fameuse pratique de la momification, c’est-à-dire un embaumement du cadavre d’un mort pour en préserver la forme physique et en empêcher la détérioration. Ainsi on a pu retrouver les restes de célèbres Pharaons tels que Tout-Ankh-Amon bien des siècles voire des millénaires après leur disparition physique de notre planète dans des caveaux aménagés spécialement pour leur sépulture. Toutes choses qui renseignent sur l’importance qu’avaient les princes régents dans cette culture égyptienne antique. Et comme un peuple change rarement d’une génération à une autre, les Egyptiens ont conservé les mêmes traditions à travers le temps et l’espace. L’ère républicaine n’a point divergé des autres temps. Depuis Gamal Nasser jusqu’à Hosni Moubarak en passant par Anouar El-Sadate, l’Egypte a été de tout temps un véritable temple de dictature et de monarchie absolue. Tous les dirigeants de ce pays ont de tout été des éléments sous la férule d’une armée toute-puissante. C’est elle qui régente tout, dicte tout, contrôle tout, édicte tout et fait vivre tout dans un pays aux intérêts économiques évidents. Et ce depuis des lustres…Comment peut-on en un tour de main lui arracher le biberon qui l’a toujours alimenté sans provoquer des heurts comme ceux auxquels on assiste aujourd’hui ? Il est vrai que les mouvements de rue qui avaient obligé le raïs Moubarak à céder le pouvoir en 2011 se sont inscrits dans un phénomène de libération e cours dans les pays arabes et dont le point de départ fut la fameuse Révolution du Jasmin en Tunisie. Mais, les réalités égyptiennes semblent désormais plomber tous ces espoirs démocratiques suscités par une élection présidentielle qui avait accouché d’un président islamiste peu populaire chez les hommes en armes. Depuis a avènement au pouvoir, le régime du président Morsi avait déjà contracté son virus le plus mortel contre sa survie : son opposition à l’idée de laïcité. D’où je m’interroge comme tout homme imbu de l’idéal démocratique. Devant le cas égyptien, doit-on en conclure pour autant que le pays est inadapté à la démocratie de type occidentale ? Sinon comment comprendre qu’un président élu démocratiquement se fasse débarquer du pouvoir par la rue et l’armée ? Le mode e dévolution du pouvoir a été tout simplement tronqué. Si un chef élu démocratiquement n’est plus sûr de jouir de la légitimité populaire qui l’a porté aux affaires, il y a alors lieu d’interroger les principes de base mêmes de la démocratie pluraliste. Mais, en réalité, une analyse plus rapprochée de la situation égyptienne permet de déceler quelques indices utiles qui permettent quelque peu de comprendre la particularité du « drame démocratique » qui se joue dans ce pays d’Afrique du Nord. En effet, l’Egypte pèse plus lourd politiquement et géo-stratégiquement que le président islamiste et son gouvernement. Le pays a toujours été dans le viseur de l’Occident, notamment les Etats-Unis qui en ont fait leur arrière-base pour sécuriser leurs intérêts dans la région moyen-orientale. N’oublions pas que l’Israël, un Etat pro-américain partage des frontières importantes avec ce pays. Et depuis toujours, les administrations qui se sont succédé à la Maison Blanche ont toujours négocié, dollars en mains, avec l’Egypte son soutien à l’Etat juif dont la sécurité dépend grandement de l’humeur du Caire. Il est vrai que Gamal Nasser avait dénoncé les agissements du président Richard Nixon qui cherchait à lui forcer la main pour l’obliger à soutenir Israël au point où Nasser disait que ce dernier le morigénait. Mais depuis la fin de la guerre des 6 jours par laquelle les pays arabes dont l’Egypte ont essuyé un cuisant échec militaire, cette dernière fit clairement l’option de reconnaitre l’existence juridique de l’Etat juif. C’est Anouar El Sadate qui avait fait ce pays historique envers l’Israël et s’était attiré la foudre des autres capitales arabes. Pour rappel, cet homme qui succède au très populaire Gamal Nasser lance sur l’Israël toute son armée et se fait aider par les troupes syriennes et irakiennes le 6 octobre 1973 dans ce qui sera appelé la « Guerre du Kippour ». Il voulait vaincre le peuple de David et rehausser la côte de popularité chez ses compatriotes et les populations arabes en général. Mais, mal lui en prit car il fut vaincu et finit par perdre sa vie lors des négociations de paix du Camp David. En plus de ces paramètres au regard surtout de l’histoire, l’Egypte représente beaucoup plus aux yeux de la communauté internationale. Il y a le pétrole, la défense du canal de Suez, le terminal de Rafah et les accords de Camp David, etc…Autant d’intérêts stratégiques de l’Occident en jeu. En clair, l’Egypte apparait trop importante pour être laissée aux mains des barbus, fussent-ils démocrates. Malgré un président élu, faut le rappeler, avec 57 % des suffrages exprimés. Ce sera sur les valeurs liées aux droits de l’homme comme le respect de la laïcité de l’Etat, le respect des minorités comme les coptes et des femmes que les régimes issus du fameux printemps arabe vont être conspués par l’Occident. Hypocrisie diplomatique On est donc loin des discours sur la morale démocratique dont l’Occident nous gargarisait depuis. Car si l’Union Africaine à travers ses instances les plus indiquées (Conseil de sécurité et de paix et commission de l’Union Africaine) peut se targuer d’avoir osé mettre à la touche l’Egypte, un gros contributeur à son budget au nom du principe de soutien aux régimes démocratiquement élus, le reste de la communauté internationale s’est gardé, quant à elle, a multiplié des atermoiements pour éviter de parler de « push ». Washington, Paris et Londres ont préféré entretenir leur opinion publique sur la peur de l’islamisme dans cette situation. Dans ce cas, qui est garant de l’ordre constitutionnel actuellement en Egypte ? Les Frères Musulmans qui rêvaient de profiter d’un vide politique constaté par le départ de Moubarak ne peuvent que s’en prendre qu’à eux-mêmes. Mais, la situation va-t-elle tourne définitivement à l’avantage des occidentaux ? L’appel à organiser de nouvelles élections rapides n’ont été qu’un refrain classique des puissances occidentales à l’endroit des putschistes qui exécutent leurs désirs politiques dans un pays qu’elles veulent contrôler au gré de leurs intérêts immédiats et lointains. La défense des libertés des peuples aux mains de potentats dans les pays à faible culture démocratique a été de tout temps un argument vendable qu’a utilisé l’Occident dans ses campagnes militaires ou de déstabilisation télécommandée de l’extérieur contre les régimes absolutistes. Mais, doit-on promouvoir la démocratie uniquement lorsqu’elle obéit aux critères occidentaux ? Que vaut finalement le scrutin démocratique si les résultats qui en sont issus ne peuvent être respectés par tous, y compris les forces externes au pays ? La situation inédite de l’Egypte qui rappelle fort bien les coups d’Etat dont un pays comme le mien, le Bénin avait la palme en Afrique. Et ailleurs sur le continent, bien de régimes ont été renversés par les puissances occidentales selon leur coloration idéologique du moment. On a encore tout frais dans nos mémoires les cas tragiques de Patrice Eméry Lumumba dans l’ex-Congo belge ou l’assassinat de Sylvanus Olympio du Togo dont le sang imprègne encore de nos jours les rapports entre les acteurs politiques de ces pays. Je dis ces choses car, en Afrique, nous ne savons à quel saint nous vouer depuis notre supposé affranchissement des griffes de la Françafrique. Et nous voilà aux mains d’une Chine non moins impérialiste et ambitieuse d’assumer une hégémonie sur la scène mondiale. Obama qui vient de boucler sa première tournée africaine a été on ne peut clair dans ses propos. Pas d’hommes forts sur le continent mais plutôt d’institutions fortes. Soit. Pour le principe, on ne peut souhaiter mieux. Mais, en fait est-ce à l’Occident de nous dire où nous devons aller après plus de 50 ans d’indépendance ? La situation instable de l’Egypte ne va-t-elle pas créer une sorte de bulle anti-démocratique sur un continent déjà pas très en mode avec les exigences démocratiques ? Jusqu’à quand les intérêts économiques et géostratégiques vont déterminer les positions des puissances occidentales ? La fameuse place Tahrir qui fut rendue très tôt populaire après l’évincement très médiatisé de Moubarak du pouvoir sous la pression de la rue risque de se muer en malédiction pour le peuple égyptien dont les choix politiques et souverains ne risquent plus désormais de primer sur son destin. N’est-elle pas en passe de devenir une certaine Place Tiananmen de triste mémoire en Chine ? Je me rappelle qu’en Février 1990 lorsque l’historique Conférence des Forces Vives de la Nation bouclait ses travaux à Cotonou en prenant une option ferme pour une transition vers la démocratie pluraliste, le monde entier s’est pris à rêver pour un renouveau démocratique sur l’ensemble du continent. Et la suite ne fut pas moins glorieuse. Mais, au regard de ce qui se passe en Egypte tout comme dans certains capitales africaines où des leaders démocratiquement élus ont été tout bonnement débarqués du pouvoir, ne risque-t-on pas de penser à l’inverse s’il n’est pas déjà consommé ? Je m’interroge… Comparaison n’est pas raison, dit-on. Les arguments qui justifient le silence ou la complicité de fait de l’Occident face au rejet de la démocratie en Egypte aujourd’hui ne seront probablement pas s’appliquer aux syrien et zimbabwéen. Comme quoi, le Général De Gaulle avait vu juste en disant en son temps que : « la France n’a pas des amis, la France n’a que des intérêts ». Jusqu’à ce que les pays comprennent africains maintenant l’urgence d’œuvrer à leur existence comme une force unie politiquement et économiquement et pouvoir compter véritablement dans le concert des nations ! Pensons-y !
Posted on: Mon, 08 Jul 2013 17:47:29 +0000

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