Les pyromanes de l’impopularité mercredi 9 octobre 2013, par - TopicsExpress



          

Les pyromanes de l’impopularité mercredi 9 octobre 2013, par Alain Garrigou A-t-on besoin des sondages pour savoir qu’un gouvernement est impopulaire quand la situation économique est mauvaise, quand il administre une sévère cure d’austérité et qu’il commet quelques gaffes ? Probablement pas. Les chiffres ont toutefois cette objectivité que les manifestations ou les grèves incarnaient il n’y a pas si longtemps. Celles-ci étaient cependant presque toujours attribuées à une ou plusieurs catégories de mécontents. Les sondages ont encore cette apparence de représentativité de l’ensemble de la population. Et, grâce aux enquêtes en ligne, l’impopularité, traduction sondagière du mécontentement, se décline chaque jour sur les écrans de télévision et dans la presse. Depuis une décennie, l’impopularité des présidents et des gouvernements en France est restée très élevée. M. François Hollande a été touché immédiatement. Records battus. Ce bruit de fond a amené à parler d’un « Hollande bashing », nom donné au dénigrement médiatique. Et contrairement à ses prédécesseurs, une question lancinante revient : peut-on gouverner avec une telle impopularité ? Ainsi parlent sondeurs et commentateurs après leur pause estivale. Plus insistants encore qu’auparavant. Ils savent parfaitement que l’opinion n’est pas une force politique qui démet les gouvernements. Rien ne le prévoit dans la constitution et l’opinion sondagière n’a pas de troupes, contrairement aux manifestations de rue ou aux grèves. Par quel mécanisme l’impopularité empêcherait-elle de gouverner ? Elle n’est un handicap que si on y croit. En insistant ainsi avec tant d’obstination, sondeurs et journalistes essaient d’imposer cette croyance, selon la logique du théorème de Thomas. Du coup, impossible de déterminer si leur question est fondée ou non puisqu’elle dépend de la capacité à imposer la croyance. Sur les forums, des citoyens très hostiles à François Hollande reprennent en chœur qu’il doit se retirer puisqu’il est si impopulaire. Bref, il ne serait pas légitime. Sans aller aussi loin, des commentaires de presse affirment que le président est « affaibli » par son impopularité. Autrement dit, la mesure permanente de l’opinion par les baromètres de popularité affecterait la capacité à gouverner. Si cela était vrai, il faudrait réfléchir à une situation qui touchera probablement les successeurs, tant il semble que l’on soit désormais installé dans une phase de défiance politique. Et si les parlementaires finissent aussi par croire que l’impopularité de l’exécutif diminue leurs chances d’être réélus, il n’est pas exclu de voir se produire des processus de débandade. En l’occurrence, les sondages s’essaient à créer les conditions d’une crise politique. Si l’on croit que le président est affaibli, il devient réellement affaibli, comme le veut le théorème de Thomas. Ils n’ignorent pas que les chiffres des sondages n’ont pas seulement et toujours un statut descriptif mais qu’ils tendent à faire advenir ce qu’ils disent. En répétant aussi souvent que l’impopularité affaiblit le président, ils dévoilent leurs objectifs. Sondeurs et journalistes connaissent parfaitement ce mécanisme performatif et jouent plus ou moins délibérément le rôle de pyromanes. A quel jeu jouent-ils ? Il serait facile de mettre en cause les penchants politiques d’une presse qui n’a pas changé — même dans les médias du secteur public — depuis le mandat présidentiel précédent, si le phénomène n’était plus profond. Il est surtout significatif que le jeu se joue à deux, sans concertation mais par une coordination implicite. En l’occurrence, les sondeurs n’alimentent la campagne d’affaiblissement que grâce à l’hospitalité des médias. Il suffit que l’impopularité soit reprise en boucle par les divers médias pour qu’elle prenne un haut degré de réalité. Il est significatif que les journalistes politiques soient restés largement sourds à la critique des sondages. Ils les citent sans aucune réserve parce qu’ils leur sont utiles. En somme, les anciennes raisons subsistent : les sondages apportent de l’information bon marché, dispensent largement de penser, font des événements et surtout apportent la légitimité de doxosophes aux journalistes. On ne trouve plus guère d’articles politiques qui ne citent de sondages. Avec eux, c’est un autre ton du journalisme politique qui s’est imposé, pas non plus celui de la presse d’opinion d’autrefois, mais un ton toujours aussi opposé à un journalisme d’analyse – un ton de conseiller et de censeur, un ton d’autorité légitimé par l’opinion publique. Les journalistes politiques sont surtout des doxosophes. Rôle éminemment valorisant où l’on donne des leçons de stratégie ou de vertu aux dirigeants politiques. Cette prétention coïncide avec la crise de la presse écrite (lire « Nous ne sommes pas des robots » dans Le Monde diplomatique d’octobre 2013, en kiosques). Celle-ci aura disparu dans quelques années, annoncent les observateurs les plus pessimistes. La prétention en est d’autant plus exacerbée : il est si grisant de s’introniser en interlocuteur des puissants. Objecterait-on que la doxosophie s’étale aussi sur les chaînes de télévision et de radio dont la fin n’est pas annoncée, il faudrait remarquer que les journalistes de la presse écrite n’y ont jamais été aussi présents. Ils monopolisent les plateaux, certains doués d’ubiquité, courant d’un plateau à l’autre. Lire Pierre Bourdieu, « La fabrique des débats publics », Le Monde diplomatique, janvier 2012. La présence ordinaire des sondeurs sur les mêmes plateaux et dans les mêmes colonnes obéit à des logiques d’autopromotion. Connaît-on beaucoup de secteurs d’activités qui bénéficient d’espaces publicitaires aussi importants ? Les sondages politiques ne constituent pourtant qu’une petite partie du chiffre d’affaires (environ 5 %) des « instituts », mais jouent un rôle important pour leur visibilité. Or le nouveau président de la République a marqué sa différence avec son prédécesseur Nicolas Sarkozy, dont une certaine affaire a révélé l’addiction aux sondages. L’Elysée a dépensé pendant son quinquennat plus de 9 millions d’euros dans des conditions qui font aujourd’hui l’objet d’une enquête judiciaire. Encore ce chiffre ne rend-il pas compte de la place réelle des sondages, puisque le SIG (Service d’information du gouvernement) en commandait aussi. Or ces clients sont très importants pour les sondeurs, parce qu’ils servent de références pour les clients ordinaires. Faire des sondages pour l’Elysée, voila qui était éminemment valorisant et valorisé. L’actuel président a imposé une rupture en la matière : l’Elysée ne commande plus de sondages (cf. « Les comptes et la gestion des services de la Présidence de la République », rapport de la Cour des comptes, 15 juillet 2013). Les sondeurs sont ainsi privés d’un client important, moins en termes d’argent que de prestige. Ils en sont fort marris, comme quelques uns l’ont confié. Leur insistance sur l’impopularité de François Hollande tiendrait-elle de la vengeance ? A moins qu’elle ne constitue plutôt une pression : « si vous voulez des bons sondages ou au moins des commentaires moins défavorables, vous savez quoi faire ». Après tout comment interpréter les recommandations faites par quelques anciens sondeurs passés à la communication politique ? L’un d’eux assurait récemment : « Si le président avait de tels outils, il ne se demanderait pas pourquoi les Français sont parmi les nations les plus pessimistes au monde (...) François Hollande a besoin de savoir ce que la France est, où elle va et le rapport du président aux Français. Il ne faut pas seulement consulter son entourage, il faut écouter les Français. » (L’Express, 25 juillet 2013). Il semble que l’amitié dont se targuait le conseiller ne suffisait pas à justifier ses bons conseils appuyés sur les sondages. Un autre, ancien d’Opinionway, ancien fournisseur de Nicolas Sarkozy, pointe le défaut de communication présidentielle dans un livre récent (Denis Pingaud, L’Homme sans com’, Seuil, 2013). Cela ressemble étrangement à des offres de service. Serait-ce faire preuve de cynisme que d’imaginer de tels calculs ? Ils ne sont probablement pas complètement conscients. Si l’Elysée était un gros client, les sondeurs insisteraient-ils autant sur l’impopularité du président et plus encore, évoqueraient-ils son affaiblissement ? Quant à la menace des sondeurs, elle fonctionne comme l’impopularité : il suffit qu’on y croie pour qu’elle soit réelle. Ainsi, quand la proposition de loi sénatoriale sur les sondages est arrivée à l’Assemblée nationale après avoir été votée à l’unanimité par le Sénat, la commission des lois l’a enterrée sur ordre de Nicolas Sarkozy. Mais les parlementaires socialistes n’ont pas manifesté, à l’époque, une grande pugnacité. Les sondeurs manifestant leur forte opposition à la législation, certains craignaient en effet d’être sanctionnés par eux. Un fantasme ? Il suffit qu’il soit pris au sérieux pour avoir des conséquences. On attend toujours que l’Assemblée nationale reprenne la proposition sénatoriale. La campagne de presse sur l’impopularité a apporté une raison supplémentaire de ne pas laisser faire. Mais à l’inverse, la menace est aussi une bonne raison de ne rien faire. Soutenez-nous ! Pour continuer à défendre notre conception du journalisme, cest dabord à vous que nous faisons appel. Vous pouvez effectuer un don au profit exclusif du « Monde diplomatique ». Faites un donAbonnez-vous 20 commentaires sur « Les pyromanes de l’impopularité » corcovado4 : 9 octobre @18h55 » Sondages : Pourquoi F.H. est-il si impopulaire ? Pourquoi, quand on consulte le peuple français et que celui-ci dit NON, le président J.CH. qui nous avait traité de méchants moutons noirs si le NON au TCE l’emportait, pourquoi, ne s’est-il pas empressé d’aller à Bruxelles et dire aux androïdes de la Commission de tout arrêter, simplement parce que le peuple français, la nation française est la plus ancienne nation d’Europe (987 ou 1214), avec l’Angleterre et que cela a bien plus de poids que les à peine 140 ans d’existence du reich allemand ? Ou simplement s’il n’était pas d’accord avec le peuple alors n’a-t-il pas démissionné ? (Il avait ouvert sa gueule alors il devait démissionner). Pourquoi un N.S. lui non plus ne change pas de politique sur les retraites quand la rue massivement lui dit son désaccord ? La réponse est simple, c’est parce que ces gens là (qui sont tous au service de la classe dominante) n’ont que faire de l’avis du Peuple. Ils se disent : j’ai été élu pour cinq ans et il n’est pas question de me démettre, je reste jusqu’au bout ! Ils méprisent le peuple, ils ne sont pas des démocrates, ils ne connaissent pas le peuple. Le vote de Brignoles le démontre avec près de 70% d’abstention ! Un désaveux envers F.H. à travers une traitrise alliance PC-PS. Il faut donc instituer le comptage des votes des abstentionnistes en rendant le vote obligatoire (proposition du candidat JLM à la dernière présidentielle), ainsi on aurait alors un vrai sondage et un % bien moins jubilatoire pour les démagogues ; j’ajouterais, avec obligation du président de la république de se soumettre à mi-parcours à un référendum de contrôle. Ainsi basta les sondages et les manipulateurs qui en vivent. Jean-Michel Masson : 9 octobre @21h46 « » Parfois, j’ai l’impression que le Hollande-bashing, où certains se déchaînent contre ce qu’ils appellent du socialisme, mais qui est au socialisme ce que le Canada Dry est au Whisky, n’est qu’une volonté de faire sortir des têtes l’idée que le socialisme pourrait libérer du joug économique libéral-totalitaire. Après avoir joué la carte de prétendus conservateurs ralliés aux marchés, puis celle de pseudo-socialistes également ralliés aux marchés, la carte suivante ne serait-elle pas celle du populisme ultra-droitier ? Quand le libéralisme perd pied, il lui arrive de s’accommoder d’une suppression des libertés...autres que celle du business. D’où le matraquage médiatique pour dédiaboliser de futurs petits soldats du business. Je me trompe ? jmmasson.wordpress Nicolas G.-RAVEL : 10 octobre @12h26 « » Non, l’impopularité de l’actuel exécutif n’est pas le résultat d’un discours performatif médiatique, mais une réalité exprimée par une majorité de Français exaspérés (à tort ou à raison), pas seulement à travers les sondages d’opinion. Ph. Arnaud : 10 octobre @23h05 « » Lorsqu’on parle d’impopularité d’un gouvernant (et, en l’occurrence, de l’impopularité de François Hollande), il faut prendre garde que cette impopularité agrège des sentiments très différents : Une impopularité de la part de l’UMP, inconsolable de la défaite de Sarkozy, et avide de la trique et des médications ultralibérales, Une impopularité de la part du F.N., qui ne sera pas content tant qu’on n’aura pas rétabli la peine de mort, ôté la nationalité française aux basanés, et rebaptisé les rues du général de Gaulle en rues Philippe Pétain, Une impopularité de la part de la gauche de la gauche, qui estime qu’on ne fait des cadeaux qu’aux patrons, Une impopularité de la part des écologistes, qui estiment avoir été roulés dans la farine, Une impopularité de la part des socialistes, qui se lamentent que Hollande cède à tous les lobbies. Au bout du compte, une bonne partie de ces impopularités s’annulent ;)) BM : 12 octobre @16h43 « » @ M. Philippe Arnaud 1/1 Au bout du compte, une bonne partie de ces impopularités s’annulent Ah bon. J’ai bien compris que cette phrase se voulait ironique, mais ça tombe à plat, vraiment. La situation actuelle ne donne vraiment pas envie de rire. Les impopularités que vous avez listées existent bel et bien, mais elles s’additionnent. Je suis désolé de devoir le dire aussi platement, mais parfois il faut bien redire the silly, the obvious and the true, comme le disait George Orwell. Nous sommes à un moment à la fois dramatique et sans précédent de notre existence en tant que nation. Pour la première fois de notre histoire, l’extrême droite va probablement conquérir le pouvoir par la voie électorale, fort du soutien d’une partie de plus en plus importante de la population : sans doute une majorité d’électeurs si le second tour de la prochaine présidentielle oppose François Hollande à Marine Le Pen. (Selon Le Canard, Hollande préfèrerait un tel scénario, sûr de répéter l’exploit de 2002 ; mais la fusion entre les électorats de l’UMP et du FN est en grande partie déjà achevée, et dans le cas d’un second tour Hollande-Marine Le Pen en 2017, le report des voix UMP sur la candidate frontiste serait massif. Voilà ce que c’est que d’avoir prôné le front républicain pendant 30 ans : comment la gauche a-t-elle pu croire un seul instant que la droite lui rendrait la pareille, alors que pour elle la présence de la gauche au pouvoir est par essence illégitime ?) Pour rappel, jamais au 20ème siècle l’extrême droite française n’a réussi à prendre le pouvoir par la voie des urnes, ni même par un coup d’état (ceux du 6 février 1934 et du 22 avril 1961 ont tous les deux misérablement échoué). Quant à Pétain, il n’a pu prendre le pouvoir en 1940 qu’à la suite d’une défaite (un peu comme la Restauration est rentrée dans les fourgons de l’ennemi en 1815). BM : 12 octobre @16h46 « » @ M. Philippe Arnaud 2/2 Quant aux sondeurs, ils sont plus que de simples charlatans (comme trop de gens à gauche semblent le croire). Leur activité tient en fait de la propagande pure et simple, comme l’explique M. Garrigou : le but de tous ces sondages d’opinion, c’est de persuader les français qu’ils croient autre chose que ce qu’ils croient vraiment (c’est ce M. Garrigou appelle le pouvoir prescriptif des sondages). Il est vrai que parfois, heureusement, ça ne marche pas, comme pour le référendum de 2005. Mais il y a eu depuis quelques mois une accumulation, non pas de sondages, mais de scrutins réels, dans l’Oise, à Villeneuve-sur-Lot, et aujourd’hui à Brignoles. Devant une telle répétition de scores éléphantesques du FN dans des coins aussi différents, on ne peut plus jouer l’air de la situation locale qu’on ne peut pas extrapoler à l’échelle nationale. Il est aussi possible que beaucoup d’électeurs du FN ne partagent pas, ou pas entièrement, l’idéologie du FN, et fassent le calcul suivant : Ca n’a pas marché avec les autres, pourquoi pas essayer Marine, et si ça ne marche pas non plus avec elle, on la virera au bout de 5 ans. Le problème, c’est qu’une fois que Marine aura été élue, il sera trop tard. Lυstuсru : 12 octobre @16h58 « » @ BM & sans indiscrétion & juste par curiosité quelle serait donc la solution pour vous ? BM : 12 octobre @18h08 « » @ Lustucru 1/2 Pour être tout à fait franc, je suis très pessimiste et je ne vois pas de solution dans un avenir proche, ou même à moyen terme. Nous payons aujourd’hui 30 ans de politiques néolibérales. Lesquelles ont été entamées par la gauche sous Mitterrand. Pour reprendre la phrase d’Henri Emmanuelli, La gauche française a fait son Bad Godesberg le 23 mai 1983 à 11 heures du matin ; depuis, la parenthèse de la rigueur ne s’est jamais refermée. Quand la gauche est revenue au pouvoir (sous Jospin en 1997-2002, sous Hollande depuis 2012), elle n’a jamais voulu revenir sur les réformes néolibérales de la droite : pour la bonne raison que c’est elle qui a introduit le néolibéralisme en France, notamment la dérégulation de la finance, effectuée de 1984 à 1986 sous la houlette de Bérégovoy alors ministre des finances et de Jean-Charles Naouri son chef de cabinet (vous connaissez j’imagine le destin respectif de ces deux personnages ; la conscience de l’un l’a rattrapé, lui qui avait commencé comme tourneur-fraiseur chez Renault ; quant à l’autre, écoutez les émissions de Daniel Mermet à son sujet). Sous Jospin, la gauche a même fait preuve d’un machiavélisme assez époustouflant lors de l’affaire des 35 heures. Sous prétexte de réduire le temps de travail, on a flexibilisé et précarisé à tout va. La seule explication rationnelle, c’est que Jospin et Aubry voulaient discréditer auprès de l’opinion publique l’idée même de réduction du temps de travail. Mission accomplie, on l’a vu lorsque Sarkozy s’est fait élire avec le slogan décervelé Travailler plus pour gagner plus. Les gens ordinaires ont fait confiance à la gauche. Pas par naïveté, mais à cause de ce qu’Orwell appelait la common decency. Les gens qui sont au sommet de la hiérarchie sociale, et ce depuis la nuit des temps, sont classifiés par les psychologues comme des psychopathes ou sociopathes , c’est-à-dire des gens qui sont incapables de toute empathie et sont dépourvus de toute conscience. (Lisez par exemple les livres de Robert Hare ou de Martha Stout, malheureusement non traduits en français). Sous l’Ancien Régime, malgré la cruauté indicible du système, il y avait néanmoins une certaine dose de paternalisme, au moins dans les mots. Aujourd’hui, la société toute entière étant organisée sur le mode de la concurrence pure et simple, les puissants sont plus cruels, plus cyniques et plus machiavéliques qu’ils ne l’ont jamais été, vu qu’il faut être un tueur pour arriver au sommet. BM : 12 octobre @18h31 « » @ Lustucru 2/2 Les gens ordinaires n’ont peut-être pas fait d’études, mais ils ont très bien compris le cynisme de la gauche, qui a prétendu défendre leurs intérêts pour mieux asseoir le pouvoir personnel de ses cadres politiques, et qui n’a pas hésité à les sacrifier massivement pour pouvoir bénéficier de l’onction du capital et de la finance, c’est-à-dire concrètement de profiter des privilèges dévolus aux serviteurs dociles du capitalisme. Comment les gens ordinaires pourraient-ils faire confiance à la gauche une fois de plus ? C’est comme dans un mariage ; si votre conjoint n’arrête pas de vous tromper, tout en jurant ses grands dieux qu’il ne recommencera plus jamais, à la fin le divorce est inévitable. Car c’est bien d’un divorce dont il s’agit, avec toute la rancoeur, voire la haine, qui résulte d’un amour déçu. Quant à la droite, depuis 1981, elle est le plus souvent arrivée au pouvoir en tenant un discours en partie social évidemment vite démenti par les faits (la fracture sociale de Chirac en 1995, ou Sarkozy en 2007 prétendant parler au nom de ceux qui se lèvent tôt). On comprend la stratégie électorale de la droite française, qui n’aurait jamais pu se faire élire en France en tenant un discours aussi explicitement pro-capitaliste et pro-libéral que celui de Thatcher ou de Reagan (rappelez-vous du score du seul qui ait jamais essayé, Madelin en 1995). Mais cela n’a fait qu’ajouter à la confusion et surtout à la rancoeur générale. Donc aujourd’hui les gens sont amers, pleins de rancoeurs, et sevrés d’illusions. Sans parler évidemment de la misère la plus noire dans laquelle sombrent des pans entiers de la population, de plus en plus nombreux, misère à laquelle s’ajoute la stigmatisation d’être fliqué par les services sociaux qui dans la pratique n’ont plus d’autre fonction que répressive. Certains réactionnaires se sont faits récemment remarquer en préconisant aux jeunes bourgeois désireux de faire des affaires de se barrer de la France. Mais bientôt, beaucoup de gens devront faire leurs bagages contre leur gré, en catastrophe, pour échapper à un sort funeste, et il ne s’agira pas de jeunes diplômés de Dauphine ou d’HEC voulant faire du fric à Wall Street ou à la City de Londres. L’avenir est sombre, très sombre. Regardez ce qui se passe en ce moment en Grèce avec l’Aube Dorée (sic) : je ne vois pas comment on pourra empêcher leurs équivalents français de prendre le pouvoir par les urnes. Ceux qui pratiquent depuis trente ans une casse sociale ininterrompue seront les premiers responsables. Particulièrement ceux qui ont l’outrecuidance de se réclamer de la gauche. Lυstuсru : 12 octobre @18h40 « » @ BM En Europe, en Amérique du Nord & au Japon la situation est orwellienne, je vous l’accorde & cela risque fort à terme de s’étendre à la Russie & la Chine ... je ne suis pas optimiste non plus, le pense que la solution surgira du chaos comme toujours dans l’histoire ... Jipépé : 13 octobre @14h46 « » Ce très stimulant article sur le couple sondeurs/journalistes, soudés par le plaisir de lancer et attiser le feu, induit à penser que l’actuel Président de la République, client totalement abstinent de sondages, aurait pris son parti de l’impopularité. Pourquoi s’obstiner à en commander quand ceux payés par d’autres le renseignent à satiété ? Au-delà d’un fort opportun souci d’épargne, on peut voir là une marque d’intelligence. Il est, en effet, réjouissant d’imaginer un François Hollande déjouant la stratégie que vous soupçonnez chez ces messieurs je sais tout, plus prétentieux que savants – ce que le passé démontra parfois. Non qu’il n’ait de la sympathie pour les gens de presse ; on serait cependant enclin à supposer qu’il la légitimerait plus par la réflexion journalistique sur l’advenu et le verdict des urnes, que par l’analyse de pronostics issus d’une opinion le plus souvent questionnée à la venvole, ou à la manière dont les maquignons pèsent le bovin sur la bascule du foirail : au demi-quintal près. Les enquêtés ne sont pas des « veaux », savent distinguer sondages des scrutins et, malicieux eux aussi, fournissent peut-être des réponses aussi lourdingues que les questions fermant toute possibilité de nuances, qui leur sont posées. Ce n’est pas dire que sondeurs et journalistes n’auraient aucun flair et ne subodoreraient pas les feux à naître. Mais souffler sur les sarments qui s’enflamment ressortit davantage au métier du forgeron – qui fait – qu’à celui des commentateurs, qui devraient se limiter à l’analyse et à l’appréciation de ce qui s’est fait. parkway : 14 octobre @13h26 « » Au bout du compte, une bonne partie de ces impopularités s’annulent ;)) ah que voilà une conclusion bien PS ! heureusement que BM est là pour rétablir l’annulation additionnelle ! M. Arnaud, la honte ne vous embête pas beaucoup... et pour notre malheur, elle va favoriser la famille Le Pen... Je ne vous aime pas beaucoup M. Arnaud... FLORATRISTAN : 15 octobre @18h30 « » E.PLENEL et un confrère, il y a une trentaine d’années ont écrit un livre sur l’infiltration par l’extrême droite de l’administration, la police et aussi la presse. C’est un processus lent..... de Brignoles à l’Elysée en passant par les chaînes de télévision , mais serait-il inexorable ?Quel matraquage.... Vigilance. France de Mortefeuille : 15 octobre @18h32 « » Il faut se demander si l’impopularité assumée ne créé pas un espace de liberté que les politiques obsédés par leur cote de popularité ont perdu. Or un bon politique est un politique libre, qualité éminemment rare. Je pense pour ma part que François Hollande a décidé qu’il n’en avait rien à faire des sondages et de sa popularité, qu’il ne ferait pas de politique en réaction aux coups de gueule des sondeurs, qu’il avait 5 ans pour faire ce qu’il jugeait utile à son pays (que l’on soit d’accord ou non avec ce qu’il juge utile, la question n’est pas là) et qu’il s’en fichait d’être réélu ou non au terme de ce mandat. Hollande avait déjà de libre d’avoir été le président que personne n’attendait, donc non-formaté par qui que ce soit ; si effectivement il gouverne selon son idée et non selon celle des sondeurs et des médias et des intérêts qu’ils servent, il est forcément plus libre que les autres. C’est déjà beaucoup... surtout en période de crise où les solutions qui plaisent sont inévitablement rares. Mani : 15 octobre @19h47 « » L’actuel président a imposé une rupture en la matière : l’Elysée ne commande plus de sondages Ah vraiment ? L’Élysée ne commande plus de sondage ? Aaaah mais non, bien sûr, non non, ce n’est pas l’Élysée qui commande des sondages : c’est le gouvernement... Ce n’est vraiment pas l’hypocrisie qui vous étouffe. Mais bon, quand on en est réduit à accuser les instituts de sondage de manipuler l’ensemble de la presse française pour exercer une vengeance personnelle envers un bon président injustement persécuté, je suppose qu’on n’en est plus à une imposture intellectuelle près. C’est une théorie d’autant plus ridicule que vous la désamorcez vous-même en préambule en soulignant que les sondages ne représentent qu’une faible partie du chiffre d’affaires de ces instituts. Mani : 15 octobre @20h23 « » En lisant les différents commentaires, on se rend bien compte que, d’un point de vue intellectuel, strictement rien n’a bougé à gauche depuis cinquante ans. Quand on est de gauche, on a automatiquement raison. Et quand on a tort et qu’il devient impossible de le cacher, la solution est simple : il suffit soit de maquiller la réalité (recours intense à la pensée magique - on renomme les choses en espérant ainsi changer leur substance), soit d’excommunier l’impudent pour garder vierge l’axiome d’infaillibilité de la parole de gauche. Un président Hollande qui passe son temps à soigneusement remettre en place (sous un autre nom) toutes les politiques de Sarkozy qu’il avait dans un premier temps détricotées (heures supplémentaires, TVA sociale), à mener une politique étrangère de même nature que celle de Sarkozy qu’il avait pourtant vigoureusement fustigée (jusqu’à faire dépendre, sur le dossier de la Syrie, notre politique d’une décision du congrès américain, une première : sous Hollande, c’est officiel, la politique étrangère française est désormais dépendante de la politique étrangère américaine - un comble), à reproduire les attitudes violemment critiquées chez Sarkozy (dictateurs accueillis à l’Élysée, patrons de chaînes publiques nommées à l’Élysée), ce président Hollande totalement indéfendable est accueilli de deux manières à gauche. Il y a ceux qui défendent son infaillibilité de gauche en jouant sur les mots (ah mais c’est pas pareil : regardez, le nom est différent, ça n’a rien à voir). Et il y a ceux qui défendent l’infaillibilité de la gauche en faisant à Hollande le procès classique, qui commence par la question Hollande est-il encore de gauche et finit par la réponse Hollande n’a jamais été de gauche. Sans surprise, le journal Libération suit ce chemin, qui est depuis toujours celui du Monde Diplomatique et de l’extrême gauche dans son ensemble. La critique objective, celle de personnes réellement soucieuses à la fois de l’efficacité des politiques publiques et de leurs conséquences sur le bien-être des gens indépendamment de leur couleur politique, cette critique-là est soit inexistante, soit inaudible à gauche. Je ne prétends pas qu’elle le soit davantage à droite, mais là n’est pas la question : la gauche s’est toujours enorgueillie d’avoir les intellectuels (et donc la raison) de son côté. Triste spectacle que celui d’une gauche vivant depuis trente ans sur des fantasmes (et sur la crédulité des Français) et totalement incapable de le reconnaître, de s’amender et de commencer enfin à se demander comment aboutir de manière efficace aux objectifs qu’elle croit justes pour le pays sans envoyer ce faisant la France dans le mur. Il faut dire aussi, pour être tout à fait juste, que ces objectifs sont flous et varient fortement d’un courant d’opinion à l’autre. C’est peut-être par là qu’il faudrait commencer. Thierry de Cologne : 15 octobre @21h10 « » Ne sommes-nous finalement pas tous responsables de ce phénomène de société qui trouve sa source dans la nuit des temps, à savoir, la soumission !? Celui qui chaque jour ne se remet pas en question, ne sera jamais en mesure de pouvoir remettre la société en question, parce que selon son modus vivendi, il s’est déjà soumis au fait de ne pas trop remettre en question les choses de la vie. Avant c’était le paradis et l’enfer qui représentaient les instruments destinés à soumettre la majorité des individus à une minorité jouant un théâtre psychopathique, et aujourd’hui celui-ci se laisse mettre en scène au moyen de la pièce néolibérale d’une dictature capitaliste. Bombardés d’informations suggérant auprès de l’individu soumis un besoin irréel, celui-ci se laisse embrumer par un consumérisme à outrance, et de ce fait octroie à cette minorité le droit absolu de possession. Les informations concernant la gestion de la société laissent beaucoup d’individus totalement indifférents, parce que durant les trente glorieuses ceux-ci ont préféré s’amuser en lieu et place que de s’intéresser à la complexité des mécanismes de développement de nos sociétés. En tant que membre actif d’Attac à Cologne, je ne peux que confirmer ces faits. La remise en question du théâtre politique et de son machiavélisme de la part du grand public est minime, voire inexistante. Angela Merkel a gagné les élections une deuxième fois, pourquoi ? Parce que les lobbys en tout genre ont suffisamment mis de moyens financiers à la disposition des médias grand public, pour que celle-ci y reste. Pourtant, le grand public ne devrait normalement pas sombrer dans l’ignorance totale, surtout quand les informations sur la précarité existentielle de seize millions d’individus sont omniprésentes. On peut alors se poser la question, si la soumission ne serait t’elle pas une forme de nihilisme de son prochain !? Oui, l’Europe va à droite, oui, les fantômes nationalistes en tout genre refont surface, oui, les boucs émissaires sont déjà montrés du doigt, non, ce n’est pas cette page de l’histoire qui démontera le néolibéralisme, parce que son style d’écriture trouve sa source dans l’esclavage du genre humain. Il est grand temps de rendre encore un hommage à Stéphane Hessel et de nous engager dans ce qui pourrait faire de la société une communauté libre de toutes idéologies nocives à son propre devenir. Pignan : 15 octobre @21h24 « » le vrai problème de l’impopularité n’est pas celui des choix politiques (réforme des retraites, Syrie, ANI, impôts, etc) assumés ou non par les gouvernants (dont F.H.) mais celui de la démocratie. Le droit à l’erreur doit avoir droit de cité et d’explicité. F.H. et avant lui N.S. ainsi que les non-élus de la Commission Européenne sont impopulaires non parce qu’ils se trompent mais parce qu’ils nous trompent en prenant des décisions dictées par des lobbies, soit disant au nom du(des) peuple(s). Si leurs décisions étaient issues de choix réellement démocratiques incluant le(s) Peuple(s) ou un parlement réellement représentatif nous ne pourrions critiquer les erreurs car elles seraient les nôtres ; nous n’aurions qu’à en tirer les leçons pour ne pas nous tromper la fois suivante. Leonard : 15 octobre @21h53 « » Intéressant mais évitez svp d’employer des modes inexistants (comme doxosophe). C’est pédant et à dénoncer autant sur vous dénoncez, à juste titre, les sondages. Pierre : 15 octobre @22h48 « Alain Garigou est parti en croisade contre les sondages, tous les sondages. Quelque chose que Chomsky, par exemple, ne fait pas qui en cite fréquemment. Il est vrai que les types de questions posées orientent les débats mais les sondages électoraux, à réponses simples (oui, non) (pour X ou Y) n’ont pas le même défaut. C’est pour cela que Nate Silver, aux Etats-Unis, avait bien prédit les résultats de l’élection américaine en novembre 2012. Ce texte a un sous-texte : les sondeurs font croire à l’impopularité de Hollande car il a banni ces mêmes sondeurs de l’Elysée. Là Garigou prend son désir pour la réalité et nous présente des vessies qu’il appelle lanternes. Hollande est impopulaire, on le sait par les sondages mais aussi les discours de ceux qui ont voté pour lui, tant dans la presse que parmi nos proches. Donc un intellectuel qui fait des analyses intéressantes en vient à transformer ses analyses en marotte. Il n’éclaire plus, il fait sa propagande. Où sont les signes d’une possible popularité de Hollande ? Ajouter un commentaire
Posted on: Tue, 15 Oct 2013 21:11:02 +0000

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