Les révélations sur le programme britannique Tempora inquiètent l’Allemagne 26 juin 2013 Les révélations faites au quotidien britannique « The Guardian » par l’ex-consultant américain Edward Snowden sur l’existence supposée d’un programme d’espionnage massif des e-mails, réseaux sociaux et conversations téléphoniques par les services secrets britanniques font couler beaucoup d’encre en Allemagne. Les Allemands s’inquiètent. Berlin souhaite des éclaircissements. Selon les informations publiées dans la presse, le programme «Tempora », mis en place il y a dix-huit mois par le Quartier général des communications du gouvernement britannique (GCHQ), aurait entre autres visé les communications vers et en provenance d’Allemagne. Le GCHQ aurait pu puiser ces données dans les câbles sous-marins en fibres optiques qui permettent de transmettre les communications électroniques et téléphoniques à travers le monde. Les 300 personnes affectées au traitement de ces données les auraient, en outre, partagées avec la NSA (Agence de renseignements américaine), également accusée d’espionnage par M. Snowden. Demande d’éclaircissements Dès le début de la semaine, le gouvernement allemand a déploré l’existence du programme « Tempora ». La ministre de la Justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, a adressé mardi à Londres une demande d’éclaircissements pour savoir de quelle manière et sur quelle base juridique des citoyens ou entreprises allemandes auraient pu être visés par cet espionnage. Treize questions précises, posées via l’ambassade britannique à Berlin. Londres a simplement répondu que Berlin devait s’adresser directement au GCHQ. L’émoi est tel en Allemagne qu’un débat sur la protection des données contre l’espionnage international était organisé ce mercredi au Bundestag. Le ministre de l’Intérieur, Hans-Peter Friedrich, a reconnu que l’émotion était légitime, et que des questions restaient ouvertes. Il a ajouté que les autorités de sécurité étaient soumises au droit et à la loi, et qu’il ne doutait pas que c’était le cas des services britanniques et américains. Enfin, il a rappelé que les informations collectées par les services secrets servaient notamment à empêcher des attentats, y compris en Allemagne. L’opposition, de son côté, a reproché au gouvernement d’avoir eu connaissance de cet espionnage et de l’avoir caché. Ou bien, à l’inverse, de n’avoir pas su, au risque d’exposer les citoyens allemands… Règles internationales ? En attendant, plusieurs responsables politiques allemands souhaitent aller plus loin. La ministre de la Justice, le délégué du gouvernement à la protection des données, Peter Schaar, mais aussi des professionnels du secteur des télécommunications et de l’Internet appellent de leurs vœux la conclusion d’accords internationaux sur la protection des données. Mme Leutheusser-Schnarrenberger souhaite ainsi une discussion européenne permettant d’aboutir à des règles communes. Le ministère de l’Économie juge, en outre, nécessaire une harmonisation avec les États-Unis. M. Schaar, de son côté, a parlé d’un accord dans le cadre des Nations Unies. Une chose est sûre : l’ampleur des révélations d’Edward Snowden a ébranlé la confiance des Allemands dans la sécurité des communications. Certains s’interrogent : au-delà de la violation des droits et des libertés des citoyens, n’y a-t-il pas là autre chose, en particulier une nouvelle forme d’espionnage industriel ? À l’heure où le stockage des données dans des serveurs externes (« cloud ») est promis à un bel avenir, les professionnels de l’Internet n’ont sans doute pas fini de se poser des questions.
Posted on: Wed, 26 Jun 2013 16:27:56 +0000