Les soldats israéliens sont arrivés de bonne heure, accompagnés - TopicsExpress



          

Les soldats israéliens sont arrivés de bonne heure, accompagnés de quelques fonctionnaires. Ils ont arrêté leurs véhicules à la sortie du village arabe de Jaba, devant les pentes caillouteuses. Les oliviers sépanouissent sur ces jolis coteaux, livrés au soleil. Enfin, ceux qui restent encore debout. Depuis trois ans, les Israéliens ont détruit 150 arbres sur les 350 plantés par Izat Aboulatif. Une nouvelle fois impuissant, en ce 31 août, le villageois a vu les visiteurs enfoncer une pancarte jaune dans le sol sec, à proximité de la route. Elle interdit à quiconque de pénétrer sur ses terres, déclarées propriété de lEtat israélien. Lire aussi : Malgré laccord avec le Fatah, le Hamas continue dadministrer seul la bande de Gaza Une semaine après lentrée en vigueur du cessez-le-feu dans la bande de Gaza, le ministère de la défense a ainsi annoncé la plus importante saisie de terres palestiniennes depuis trente ans, selon lONG israélienne Shalom Archav (« La Paix maintenant »). Quatre cents hectares au sud de Bethléem, dans le Goush Etzion, près de la colonie de Betar Ellit, qui permettraient le développement dune ville nouvelle autour de la petite implantation de Gvaot. « Après que la décision politique eut été prise, ladministration civile a fait deux choses, explique le major Guy Inbar, porte-parole du Cogat, lorganisme de coordination des activités gouvernementales dans les territoires palestiniens. Il y a quelques semaines, une équipe de spécialistes a passé les terres en revue, pour vérifier sil y avait des propriétaires, si elles étaient cultivées. Il a été démontré que non. Le deuxième pas a été lannonce quelles devenaient terres dEtat. » « LAUTORITÉ PALESTINIENNE EST FAIBLE » Izat Aboulatif offre le thé à la menthe sous son porche. Une odeur de jasmin emplit lair. Une tresse dail sèche sous les raisins grimpants. Au loin, un collecteur de métaux usagés sépoumone dans un porte-voix. Près de 1 100 personnes vivent à Jaba. Cest le village le plus touché par le plan israélien de confiscation des terres. Le grand-père, âgé de 69 ans, père de huit garçons et de trois filles dont il énumère les professions avec fierté, déballe le contenu dun sac plastique. Il sagit de documents de propriété remontant à lépoque ottomane, certifiés auprès du gouvernorat de Bethléem, qui relève de lAutorité palestinienne. « Les Israéliens nous ont donné quarante-cinq jours pour contester la saisie des terres, qui sont dans ma famille depuis des générations. On est allé se plaindre au gouvernorat. Ils ont promis de nous aider, de fournir un avocat. » Mais Izat Aboulatif ne se fait guère dillusions. « LAutorité palestinienne est faible. Dans ce conflit, on ne peut défendre ses droits quen étant fort. » Lui na jamais reçu de compensation lorsque les Israéliens ont fait passer les canalisations deau trois mètres sous ses oliviers, en arrachant une vingtaine darbres pour creuser le sol. Leau nest pas non plus pour lui, mais pour les colons. Lannonce de la saisie des 400 hectares a été présentée comme une mesure de rétorsion israélienne, après lenlèvement le 12 juin et lassassinat de trois adolescents juifs dans la zone du Goush Etzion, prélude à la guerre dans la bande de Gaza pendant lété. La décision du gouvernement a provoqué une cascade de critiques parmi les alliés traditionnels dIsraël. Mais en réalité, le grignotage de ces terres palestiniennes enclavées, coincées entre des colonies en plein essor, bien quillégales sur le plan du droit international, relève de lopération au long cours. Certaines voix, même au sein du gouvernement, ont dénoncé le moment choisi. Israël, qui doit reprendre les négociations avec lAutorité palestinienne, sape encore davantage lautorité de Mahmoud Abbas. Sur le plan international, la ministre de la justice, Tzipi Livni, redoute que les autres colonies du Goush Etzion, qui font lobjet dun « consensus », ne deviennent « une zone controversée ». Mais lannexion programmée de ces terres, sur leur principe, na été condamnée que par les vigies traditionnelles de la société israélienne. « Regardez la carte et vous réaliserez comment le supposé Etat palestinien en devenir a été mis à mort, écrit le célèbre journaliste Gideon Levy dans Haaretz. De ce quil reste, il serait possible de construire encore un parc dattractions, une mini-Palestine, mais pas plus. » ENTRE CES DEUX MONDES, UNE ABYSSALE DÉFIANCE Regarder la carte. Ou bien descendre dans la vallée. La colonie de Betar Illit se dresse au-dessus de Wadi Fukin, lun des cinq villages palestiniens touchés par le plan de confiscation. Le contraste architectural saute aux yeux. Dans la vallée, les petites maisons arabes modestes, au dessin incertain et aux routes ingrates. Sur les hauteurs, les immeubles serrés, imposants, aux toits ocre inclinés et à la géométrie impeccable, des colons juifs. Les cohortes de béton forment une ligne de fortification. Des barrières de sécurité les protègent aux entrées. Les eaux usées sont déversées vers les habitations arabes en contrebas. Punition, indifférence. Entre ces deux mondes, une si courte distance, une abyssale défiance. Lan passé, les habitants de Wadi Fukin ont voulu construire un jardin denfants. On leur a dit non. Interdit. Le chantier a été arrêté au milieu. Cet après-midi, personne ne descend le toboggan bleu. Dans lépicerie, plus de produits israéliens. Les villageois ont décidé de les boycotter. Un geste engagé, autant quune marque dimpuissance. Vendredi, une centaine de villageois se sont rassemblés, à proximité de lécole de Wadi Fukin, pour dénoncer lappropriation annoncée des terres. La police israélienne a tiré au gaz lacrymogène. « On a réuni les habitants pour demander à chacun de nous amener les titres de propriété sur les 150 hectares menacés à Wadi Fukin, explique Ibrahim Al Hroub, 30 ans, maire adjoint et professeur de sport. On ira devant les tribunaux. » Pour le jeune élu, « la mort des trois adolescents, on sait bien que cest juste un prétexte. Depuis 1948, au total, les Israéliens nous ont pris 800 hectares à différentes périodes. Ils nous empêchent de construire, ils contrôlent les sources deau, ils font des barrages. Ils veulent quon parte dici. » Piotr Smolar (Java, Cisjordanie, envoyé spécial) Reporter
Posted on: Mon, 08 Sep 2014 09:55:18 +0000

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