Lettre ouverte au "Kolektif Jénès gwadloup". Le 24 juillet 2013 - TopicsExpress



          

Lettre ouverte au "Kolektif Jénès gwadloup". Le 24 juillet 2013 vous avez organisé, avec le soutien du Conseil général, un « Bik a jénès » au Palais des sports du Gosier. Nous nous y sommes rendus, sur votre invitation, exactement comme nous avions participé avec vous au forum du 6 juillet dernier à la Cité des métiers. Cette fois-ci, sous prétexte de « neutralité », vous avez prétendu nous interdire de vendre notre journal et de porter le t-shirt qui marque notre appartenance à Rebelle ! Vous avez, de fait, choisi de « donner la parole à la jeunesse »… en pratiquant le tri sélectif. Les arguments avancés nous font penser aux slogans paradoxaux du 1984 d’Orwell. Après « la guerre, c’est la paix » ou « l’ignorance, c’est la force » vous avez inventé : « le débat libre, c’est l’écrasement des différences »… Parmi les jeunes auxquels vous avez prétendu interdire de vendre Rebelle !, il y avait Maïssa, contre qui l’administration de l’éducation nationale a porté plainte en dehors de toute procédure normale parce qu’elle est membre de Rebelle ! Il y avait Isaline, arrêtée illégalement dans l’enceinte de son établissement sur ordre du recteur parce qu’elle affichait son appartenance à Rebelle ! Il y avait Malika, renvoyée illégalement pour avoir eu le rare courage de s’opposer à cette arrestation… Et ce ne sont que quelques exemples des abus subis depuis cinq ans et auxquels nous avons toujours su résister. Vous pensiez vraiment convaincre ces jeunes filles-là de renoncer à diffuser leur journal ? Oh, certes… Vous aviez pris soin d’envoyer une lettre aux politiques leur demandant de ne pas venir à la manifestation, manière d’annoncer à l’avance votre « neutralité ». Mais cette vitrine de bonne foi ne pouvait tromper personne étant donné le soutien du Conseil général et votre objectif avoué d’inscrire les débats dans le cadre de son « projet guadeloupéen de société ». D’ailleurs, comme de juste, les masques sont tombés sans résistance quand monsieur Cornet, conseiller régional, puis monsieur Serva, candidat à la Mairie des Abymes, ont fait fi de votre « requête »… et ont été accueillis à bras ouverts. Il aurait mieux valu – et cela aurait été légitime – avouer vers où votre cœur balance, plutôt que d’essayer de faire taire les autres. En réalité, dans l’histoire politique du monde entier, l’argument vicieux de la « neutralité » n’a jamais rien signifié d’autre qu’une manœuvre, de la part de ceux qui prétendaient à l’hégémonie, visant à faire taire toute dissidence organisée. Il fut un temps où les criminels staliniens étaient passés maître dans l’art de tordre le bon sens de cette façon, et il n’y a pas deux mois, les groupes « intégralistes » brésiliens s’en servaient à leur tour pour faire la chasse aux syndicalistes et aux gauchistes dans les manifs de Sao Paulo. Quelle différence y a-t-il entre votre attitude et celle des petits chefs de tous poils qui tentent depuis des années de nous faire taire sous prétexte de « neutralité du service public » (comme si les textes de loi n’étaient pas suffisamment clair sur le fait que cette neutralité s’impose aux chefs, pas aux usagers ni aux élèves… précisément pour protéger leur liberté d’expression !). Quelle différence y a-t-il avec l’attitude du recteur qui après avoir lamentablement échoué dans sa tentative illégale de nous faire taire, nous accuse dans le Nouvel Observateur de ne pas « respecter la pluralité » (comme si c’était nous et pas lui qui empêchions les autres de s’exprimer). Vous ne trouverez jamais rien de semblable de notre côté. Vous-mêmes l’avez constaté lorsque, pour certains, vous êtes venus dans nos débats, nos mobilisations, nos réunions, et encore dernièrement lors de la « Journée Rebelle ! » où votre représentante était la bienvenue et a pu faire librement la publicité de votre projet de « Bik ». La prétention à l’hégémonie dont vous avez fait preuve de votre côté ne peut venir que de l’assentiment de la « bonne société », de votre conscience d’être « du côté où la tartine est beurrée ». En fait, vous nous avez donné à voir ce que les plus ambitieux d’entre vous feront de la « neutralité » lorsqu’ils seront maires, proviseurs, recteurs, juges ou commissaires… Ce n’est pas étonnant, mais c’est pas beau à voir. Aux autres, aux plus sincères, nous disons : quelques semaines se sont écoulées et il est temps de réfléchir. En démocratie, un journal c’est sacré. S’opposer à sa diffusion est grave. Même si l’incident est resté minime, derrière les allures proprettes des débats se cachait une attitude choquante, triste et sale, un relent de dictature. Nous serons toujours disponibles pour participer à toute action visant à donner la parole à la jeunesse. Nous ne mettons aucune condition préalable à notre participation. Mais vous devez le savoir : personne, absolument personne, ne peut nous empêcher de diffuser notre journal et d’affirmer notre appartenance à l’équipe qui l’anime. Salutations démocratiques, Pour l’équipe de Rebelle ! Sony Laguerre
Posted on: Fri, 16 Aug 2013 17:07:54 +0000

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