Lorsque l’on parle de la Corse -comme lorsque l’on parle de - TopicsExpress



          

Lorsque l’on parle de la Corse -comme lorsque l’on parle de l’Ecosse -, on parle toujours de « clans », et, ce qui est intéressant, en tentant de reconstituer au jour le jour, la trajectoire politique et philosophique de Paoli, c’est de reconstituer -avant Paoli-, avant sa naissance à Morosaglia, dans le Rostino, en 1725, ces réseaux, car lorsque Pascal Paoli naît dans son petit hameau de soixante et dix âmes (le hameau de La Stretta), les Corses forment depuis le XVIe siècle une véritable « diaspora » (déjà), et ce au plus haut niveau, au sein de toutes les Cours européennes. Ils y résident, et y occupent de hautes fonctions, lesquelles correspondent à leurs aspirations « politiques » c’est-à-dire en fait : « religieuses ». Les Corses ultra-catholiques ont fait le choix de s’établir à Rome (au sein des huit cents Corses qui composent la garde pontificale), à Venise (en guerre contre l’Ottoman), à Cadix ou Barcelone (auprès du Roi Catholique). Les Corses plus « tolérants » choisissent généralement de s’établir à Marseille ou au Louvre (les Ornano) auprès d’un Très Chrétien allié du Turc depuis François 1er, depuis la signature des capitulations avec La Porte (v.1536-1538). 4Le Corse ne part pas pour une destination « par hasard ». Il part toujours en fonction d’une adhésion à une idée, ou à une idéologie : s’il veut combattre le Turc, il prend du service à Venise par exemple, afin d’aller combattre l’Ottoman dans la guerre de Candie (1645-1669), comme ses aïeux le combattaient à Lépante (1571). S’il veut plus simplement « négocier », « trafiquer » avec les Echelles du Levant, s’il se sent plus « négociant » que soldat, alors il s’installe à Marseille ou Livourne, comme les Lenche, et se lance dans la pêche au corail, le commerce de la soie (les Porrata de Morsiglia), ou celui du moka. Le Corse ultra-catholique s’engage volontiers dans l’ordre de Malte (les Vinciguerra de Bastia), ou sous la bannière des chevaliers toscans de Saint-Etienne (les Favalelli bastiais). Le Corse « moins catholique », si je puis dire, se fait au contraire l’allié du Turc et des raïs barbaresques, tel Sampiero Corso (v.1498-1567), et devient volontiers consul de France à Alep, tel Sanson Napollon de Centuri (v.1583-1633). Pour un Corse comme Sampiero Corso, par exemple, venir servir le Valois (François 1er, Henri II), c’est s’engager dans une politique qui n’est pas une politique anti-musulmane, une politique qui n’est pas une politique anti-turque. En cette île réputée inféodée au catholicisme, Sampiero s’est emparé en 1553 de Bonifacio, de Bastia et d’Ajaccio, avec l’aide des Turcs ! Le Trésor de la cathédrale de Bonifacio a même été inventorié par Sampiero pour être donné ensuite à ses alliés, corsaires musulmans, c’est-à-dire à Dragut ! En cette Corse réputée « patrimoine de saint Pierre », il ne faut pas oublier que la dernière entrevue, accordée par Soliman le Magnifique à un « diplomate » étranger, ne fut autre que Sampiero !
Posted on: Fri, 01 Nov 2013 13:02:59 +0000

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