L’Algérie est-elle vulnérable face au Wahhabisme ? Par Amina - TopicsExpress



          

L’Algérie est-elle vulnérable face au Wahhabisme ? Par Amina Boumazza | Dans une analyse publiée sur le site tunisien Kapitalis, Jean-François Coustillière, consultant à JFC conseil, groupe d’analyse et spécialiste de la méditerranée revient sur l’influence du wahhabisme sur le monde arabo-musulman, notamment sur le Maghreb. L’analyste français a un œil très critique et même craintif sur le développement de ce courant religieux qui tend à modifier les codes religieux et les radicalisent dans plusieurs pays. « Il convient de s’alarmer de cette situation, soutenue par des stratégies d’influence venues d’un ailleurs étranger à la région méditerranéenne, car elle constitue une menace tant pour les pays visés que pour leurs voisins y compris non musulmans », alerte l’analyste français qui voit à travers le wahabbisme un élément perturbateur de l’ordre mondial. Le wahhabisme, qui a trouvé son berceau en Arabie Saoudite, aurait désormais une influence plus importante qu’il n’en paraît. Voies… Jean-François Coustillière souligne l’importance des bouleversements qu’ont connus de nombreux pays musulmans après le printemps arabe. Ils sont des éléments déclencheurs de la propagation du wahhabisme. Ainsi en Libye, en Tunisie, en Egypte ou en Syrie, il remarque « l’établissement de régimes autoritaires sous l’impulsion des islamistes prônant ou favorisant les règles et usages wahhabites et/ou lutte des milices islamistes armées contre le pouvoir, élu comme en Libye ou imposé comme celui d’Assad, tout en s’affrontant aux autres composantes laïques ou non wahhabites pour imposer leur domination. » Plusieurs preuves laissent à croire que le wahhabisme a bien atteint ces pays, ainsi l’analyste cite « l’apparition de brigades réprimant des comportements jugés non conformes aux critères wahhabites » ou « la destruction de mausolées, d’églises ou de mosquées non rattachées au wahhabisme » et enfin « des actes violents allant jusqu’à l’assassinat de personnalités progressistes, des actions contre des manifestants non religieux et les incidents dévoilant l’existence d’armes et de mouvements terroristes se réclamant du djihadisme .» Même l’Algérie serait dans l’œil du wahhabisme. « Le régime a su se préserver du mouvement des révoltes arabes, à la fois pour des raisons liées à son histoire récente mais aussi compte tenu des structures du pouvoir, semble également sous la pression de cette volonté dominatrice wahhabite. Elle se retrouve désormais avec des combattants salafistes rescapés des combats internes des années 90 notamment au Sud, sur ses frontières avec le Sahel, et ceux–ci ont fait la liaison avec les mouvements opérant hors de ses frontières », précise Jean-François Coustillièrre. « Néanmoins, si des tentatives de créer un parti d’obédience wahhabite sont apparues, celles-ci ne semblent pas en mesure d’atteindre leur objectif », ajoute-t-il. … et voix du wahhabisme L’analyste se veut méfiant dans ces régions où le wahhabisme gagne du terrain. « Il est certain que cette région, qui depuis les indépendances a connu la domestication du fait religieux par les pouvoirs autoritaires, éprouve une religiosité intrinsèque qui la met en résonance avec les démarches de certains pays du Golfe arabe prônant le retour aux sources de l’islam et la rend vulnérable aux instrumentalisations extérieures. La chaîne Al-Jazeera et son prédicateur vedette Al-Qaradhaoui en constitue l’un des vecteurs », estime-t-il. Il rappelle d’autres stratégies visant à prêcher pour le wahhabisme, notamment l’attribution de bourses à des étudiants de ces pays dans des états où e wahhabisme est le courant dominant. «Une fois diplômés, la grande majorité de ces étudiants sous influence wahhabite rentrent prêcher cette version de l’islam dans leurs pays respectifs, tandis que les meilleurs d’entre eux deviennent des salariés du royaume saoudien », explique-t-il. Diabolisation du monde L’inquiétude principale de Jean-François Coustillière porte surtout sur la vision du wahhabisme « ce mouvement politico-religieux saoudien, fondé par Mohammed Ben Abdelwahhab, qui estimait que l’islam devait être ramené à sa forme originelle, selon son interprétation du Coran et des hadiths, différant ainsi des autres doctrines de l’Islam, très largement majoritaires. Les wahhabites rejettent tous les autres courants de l’Islam qu’ils considèrent comme hérétiques. « Un islam unique et radical ? C’est en tout cas ce qu’il faut craindre d’après JFC conseil. Ainsi cette image conservatrice de l’Islam serait facilement diffusée dans ces Etats devenus instables politiquement au lendemain des révoltes arabes. « En raison de leur incapacité à contrôler les ailes les plus dures de leur parti, ouvert la porte à des composantes politiques le plus souvent brutales et violentes, drapées dans leur version du religieux, pour promouvoir un retour à un passé idéalisé sans rapport avec les réalités actuelles. Ces composantes, sous des formes diverses y compris djihadistes se réclament toutes du wahhabisme », prévient le consultant. Ce dernier estime que la seule solution pour freiner l’avancée de ce courant religieux est « de s’en remettre aux sociétés du Sud. Celles-ci montrent déjà, notamment en Tunisie, Algérie et Syrie, qu’elles peuvent se dresser contre ces agissements si contraires à leurs traditions, à leurs convictions, à leur ouverture au monde et à leur foi. Avec le même souci, semble-t-il, la Turquie, inquiète de la remise en cause des acquis de la révolte de la dignité, multiplie les dons et conventions visant à renforcer les moyens d’action gouvernementaux en Tunisie. »
Posted on: Sat, 27 Jul 2013 00:21:50 +0000

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