L’UE ET NOUS : POUR QUOI FAIRE ? Avant-hier, j’étais rentré - TopicsExpress



          

L’UE ET NOUS : POUR QUOI FAIRE ? Avant-hier, j’étais rentré très tard chez moi après une journée de dur labeur et je me décidais à prendre au vol la dernière édition du journal télévisé de 23h30 sur l’ORTB et que vais-je voir ? Des images d’une kermesse diplomatique au Palais de la Marina avec en vedette bien évidemment Notre Grand Chef et Bon Père de la Nation entouré de ses obligés et d’un gratin de personnalités bien sanglées dans leur fauteuil de prince. En face se trouvait Mme Françoise Collet, la représentante de l’Union Européenne venue discuter avec les autorités au plus niveau de notre pays des questions entrant dans le cadre du dialogue politique. Ceci en relation avec l’Accord de Cotonou du partenariat ACP-UE…Rien à dire ! Un décor impeccable ave une rhétorique classique des grands jours ! Je me garderais donc volontiers de l’effort d’analyse et de commentaire si les choses en restaient là. Mais, ils m’ont encore provoqué, ceux-là…Ils m’ont encore obligé à ergoter un peu sur la question très sensible de la révision constitutionnelle. Eh oui, je ne peux m’en priver, tellement le devoir m’en oblige, voyez-vous ! J’ai vu et entendu mon président débiter un discours bien rédigé pour la circonstance où il passait à la confesse devant la diplomate européenne qui avait l’allure d’une prêtresse recevant la déposition d’un homme obligé de dire sa bonne foi sur ton faussement voilé sur l’épineuse question qui agite le landernau béninois actuellement depuis un certain temps. Boni Yayi ne pouvait rater ceux de ses compatriotes qui lui en veulent de chercher à avancer à pas forcés vers une issue déjà verrouillée dans tous les sens. Lui qui rêvait depuis de faire une sortie à la mesure de la provocation de ces « petits-là » de sa chère république qu’il aime tant et « naturellement ». Il va dire tout de go qu’il entend bel et bien réviser la constitution pour les raisons dont on nous a longuement rabattus les oreilles depuis des lustres. Qu’il s’agira de corriger les dysfonctionnements de notre démocratie pour la moderniser…Qu’il faudra impérativement doter notre pays d’une cour des comptes pour lutter contre la corruption et les crimes économiques imprescriptibles…Qu’on veillera à ne pas toucher les soi-disant fondamentaux de la démocratie tels que la nature présidentielle du régime politique, la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux strictement et de la limitation d’âge à quarante ans au moins et soixante-dix ans au plus, Qu’il nous faut institutionnaliser la CENA (Commission Electorale Nationale Autonome) pour minimiser les couts des élections ,etc… A l’entendre, on prendrait Boni Yayi pour un ange en service sacerdotal pour le Très-Haut sur terre. On en déduirait facilement qu’au fond, les gens lui en veulent méchamment pour rien…Qu’on saccage trop la réputation de ce président de bonne foi pourtant…Qu’on lui prête trop impunément des intentions infernales alors que lui ne veut que l’avancement de notre pays, etc… Sauf que Yayi réunit en lui tous les ingrédients d’un bon dictateur. Il sait tellement se prendre en pitié quand son jeu est en phase d’être découvert et démasqué. Souvenez-vous du tristement célèbre Mobutu Kuku Ngbendu Waza Banga, le léopard de Gbadolité. Ce monsieur savait susciter des émotions chez le peuple meurtri par des années marquées par une dictature de fer. Dans l’une des séquences du film de guadeloupéen Raoul Peck sur la vie de ce sinistre chef d’Etat, on pouvait voir Mobutu de retour de France se fondre en larmes devant des foules surexcitées et surchauffées alors que François venait de prescrire l’ordonnance de la réforme à ses grands enfants africains malades du syndrome du despotisme à la Baule. Même si ces larmes de crocodile versées hypocritement avaient pour but d’émouvoir le peuple et montrer à quel point son chef l’aimait et voulait le servir avec abnégation, le fait reste que Mobutu voulait se faire pour le seul sauveur des siens. Il voulait s’affranchir du besoin de démocratiser son régime comme l’exigeaient les temps en ce moment-là. C’est un syndrome propre aux despotes. C’est le syndrome du Migan (pour désigner la charge assignée à ce ministre chargé de décapiter les prisonniers au temps fort du royaume de Xogbonou ou Porto-Novo). Mobutu tuait pour sauvegarder son espace vital et organisait des propagandes de tous genres pour endormir le peuple pour mieux l’asservir. On rétorquera que Yayi n’organise pas encore les convois de la mort d’opposants à l’instar de son ancêtre zaïrois. Mais, quand il envoie des badauds envahir la salle où ses adversaires tenaient leur réunion à la suite de son interview fleuve du 1er Aout 2012, on n’est pas loin d’un bain de sang. Quand ceux qui osent critiquer le régime comme Me Lionel Agbo, Patrice Talon ou autres Kessilé Tchala sont poursuivis et menacés de mort, il n’y a qu’un pas de moins vers le gouffre…Quand les mystères entourant l’autopsie du corps d’Urbain Dangnivo restent encore tout entiers, on peut craindre le pire… Mais, n’oublions de relever quand même que l’événement a été détourné abusivement au profit de Yayi et de sa trop controversée politique de braquage politique contre l’esprit de la Conférence Nationale des Forces Vives. Car il sait plus que quiconque que la présente constitution a été accouchée après d’intenses tractations qui ont été menées dans un véritable esprit d’apaisement et de large consensus national. Mais, il sait aussi que sa politique de duperie et de mise sous éteignoir systématique ne pouvait lui garantir une adhésion quasi-unanime des principales forces politiques du pays autour de son projet demeuré malheureusement et de plus en plus sa chose à lui et non un projet véritablement national. Sinon, les campagnes de marche de soutien à coups de billets de banque, les sorties médiatiques des émissaires du régime pour essayer de colmater les brèches ici et là, tout ça démontre bien que le régime vacille et titube sur cette question épineuse de révision constitutionnelle dont il est loin d’avoir les coudées franches. Yayi sait bel et bien que les Béninois donneraient tout au monde pour préserver leur constitution. Il sait aussi qu’il ne peut à lui seul réaliser le fameux consensus national qui lui garantirait une caution morale pour réaliser son rêve historique. Donc, pour essayer tout cela, il essaie de se donner une carapace de démocrate convaincu et sérieux à la face du monde. D’où l’épisode de déclaration pompeuse devant la délégation européenne. Et on aura beau jeu de dire que cela s’ajoute heureusement à la longue liste de personnalités d’envergure devant lesquelles notre prégo national a déclaré sa bonne foi de ne pas revenir en 2016, etc…Que Yayi n’est qu’une victime expiatoire d’une race d’hommes politiques passéistes et apatrides qui cherchent à tout prix à faire échec à la politique de révision constitutionnelle parce que visés dans des affaires de malversation financière. Comment peut-on s’en prendre à un président qui cherche à assainir les finances publiques ? Telles ont été et paraissent être encore l’arme fatale brandie par le camp des révisionnistes en cette veille du 1er Aout, notre fête d’indépendance nationale. Mais, en réalité, l’Union Européenne ne représente que les nations européennes et leurs intérêts. Pas plus. On se souvient d’ailleurs comment les fameux partenaires techniques et financiers avaient avalisé notre liste électorale permanente informatisée (LEPI) dont ils ont assuré le financement malgré les signes plus qu’évidents de faussetés sur lesquels les acteurs de la société civile et de l’opposition les ont alertés. Et pourtant c’est par ce biais que le fameux K.O, auteur de tous nos malheurs est arrivé dans notre république. Quand la situation ivoirienne n’arrangeait pas la France de Sarkozy, ce dernier s’appuya sur l’ONU et Gbagbo fut chassé du pouvoir pour que Ouattara soit installé aux affaires. Sarkozy a été battu aux présidentielles de 2012 et la France continue de s’épanouir sous le nouveau président François Hollande. Mais, la Côte-d’Ivoire continue de compter ses morts, de panser ses douloureuses plaies et ses souffrances s’accentuent au fil des jours. Qui ont commandité l’assassinat du premier ministre nationaliste congolais Patrice Eméry Lumumba dans les années soixante ? Absolument et irrémédiablement, les archives déclassées de la CIA indiquent cette fameuse communauté internationale. Et pourtant, la Belgique, principal acteur de la mise à mort du célèbre leader est aujourd’hui la nation en pôle-position de cette Union Européenne. C’est même la capitale politique de l’institution qu’est l’UE. Ce complot contre la souveraineté congolaise, les nations occidentales l’ont ourdi par le passé et continuent de l’entretenir encore de nos jours. Puis, on nous rabattra les oreilles sur les intentions nobles de cette succursale internationale du crime et de l’impérialisme moderne de promouvoir la démocratie et la liberté en faveur des peuples dans les pays contre des régimes sanguinaires et fermés. La réalité, c’est qu’aucune puissance n’œuvre jamais pour l’épanouissement d’une autre nation si elle n’y a pas intérêt. Et qui peut me dire l’intérêt qu’ont les pays de l’Union Européenne à œuvrer pour l’enracinement de la démocratie au Bénin, un pays sans ressources minières stratégiques. Quel intérêt l’Union Européenne a à se mêler des affaires internes d’un pays de dix millions au plus d’habitants, donc ne représentant même pas un marché d’écoulement stratégique pour ses produits ? Les choix que font les puissances occidentales en matière d’aide au développement sont toujours basés moins sur les performances politiques des pays bénéficiaires (même si on l’affirme sur tous les toits) mais plutôt sur le potentiel économique de ces pays. En cela, il faut toujours se rappeler les propos empreints de sens du l’ex-président gaulliste Jacques Chirac qui, de passage à Cotonou en 1989, n’a pu s’empêcher de conseiller au président Mathieu Kérékou de surseoir carrément aux réformes politiques devant consacrer l’avènement du renouveau démocratique au Bénin. A l’époque, il avait dit que « la démocratie est un luxe pour le continent africain». Légitimement, cette déclaration avait sonné le branle-bas de combat chez les intellectuels du continent noir qui n’ont pas fait dans la dentelle pour décocher des flèches contre Mr. Chirac. Car si les pays africains s’étaient réellement affranchis politiquement et démocratiquement, les jeux clair-sombre de la fameuse Françafrique seraient démasqués par des peuples éveillés politiquement. Cette charge humiliante à l’encontre des Africains a sonné le branle-bas de combat dans les rangs des intellectuels du continent qui n’ont raté aucune occasion pour fustiger les propos de Mr. Chirac. Soit. Mais, de toute façon, sachons que l’Occident n’a jamais été traversé par des courants de philanthropie ou d’humanisme à l’endroit des pays africains pour que ces derniers s’en remettent à l’homme blanc pour façonner leur destin. Un diplomate, on le sait, n’est pas homme ou femme à débrouiller une situation ou cracher la vérité à son interlocuteur. C’est la langue de bois et l’esprit des mots choisis dans la realpolitik qui font l’apanage de cette race de fonctionnaires qui, faut-il le rappeler, représentent après tout les intérêts de leurs nations respectives. Malheur donc à ceux qui cherchent à percevoir les choses autrement. C’est sous ce jour qu’il faut analyser les jeux de séduction et de faux-fuyant de Yayi face à la diplomate européenne. Mais, disons aussi qu’il est peut-être dans son rôle, lui qui cherche désespérément à s’agripper à un cordeau pour s’extraire du bourbier politique dans lequel il s’est engoncé lui-même. Car ce serait un secret de Polichinelle que de soutenir que le Bénin sous Yayi va mieux et que les questions les plus préoccupantes de la nation sont bien gérées par son régime. Si les forces politiques du pays qui ont par ailleurs leur part de responsabilité dans cette pagaille républicaine ne sont pas associées au projet de révision constitutionnelle, on ne peut s’empêcher d’y voir une manœuvre visant à perpétuer le règne de Yayi à la tête du pays. Car que ne nous a-t-on pas avoué pour nous faire avaler la pilule de la LEPI qui n’a pas fait que provoquer des troubles au lieu d’en abattre ! Que ne nous a-t-on pas promis pour la performance des machines agricoles, pour dédommager les victimes d’ICC-Services, pour régler les questions du coton, etc…Tellement la liste est longue sur les questions essentielles que la fumée soulevée par le projet révisionniste n’est qu’une pure distraction qui suit que les intérêts de Yayi et de ceux qui souhaitent le voir s’éterniser au pouvoir pour préserver leurs prébendes. Les clivages qui se notent déjà au sein de ce mastodonte qu’est la FCBE Forces Cauris Pour Un Bénin Emergeant) de part en part surtout à Abomey-Calavi opposant trois cadors du régime (le maire de la localité Patrice Hounsou-Guèdè, la députée Claudine Prudencio et le ministre de l’économie maritime Valentin Djènontin) presque en faction éternelle sont une preuve tangible de l’échec d’une politique de pourrissement intronisé par ce régime. Il serait difficile de démontrer que Dame Prudencio ne rumine des plans secrets contre sa famille politique malgré l’entregent du chef de l’Etat pour colmater les brèches. Car plus les jours de règne constitutionnel de Yayi vont s’égrener, mieux les tendances irrédentistes vont faire jour au sein de ce grand rassemblement politique qu’on appelle FCBE. Peut-être faut-il rappeler ici les propos pleins de sens de Victor Hugo qui dans Les Misérables, écrivait que : « le même peuple qui a applaudi le Christ comme roi l’a accusé après de parjure au point de réclamer sa mise à la croix ». Si et seulement si nos dirigeants africains savaient à quel feu ils jouent présentement, ils réfléchiraient par je ne sais combien de fois avant d’abuser du pouvoir que le peuple leur a confié. Si Yayi veut être un grand leader de son temps, c’est dans le cœur des Béninois qu’il doit aller chercher son crédit et non en soutenant devant des étrangers intéressés sa thèse sur la révision constitutionnelle. Mais, avant de terminer ce billet d’analyse, je voudrais faire observer que l’effort de résistance à ce régime par tous les moyens légaux est une œuvre de salut national. Le Mercredi Rouge est et doit être une mobilisation d’envergure par tous les jeunes et hommes qui aiment ce pays et veulent œuvrer pour son développement. N’oublions pas Karl Marx dans l’une de ses thèses lorsqu’il soutenait que ceux qui demeurent dans un palais ne réfléchissent jamais comme ceux qui crèchent dans une chaumière. N’est-ce pas qu’un Alexandre Hountondji encore moins un certain Amos Elègbè, fieffé régimiste ne peuvent que soutenir l’arbre qui les fait vivre ! Gardons grand ouverts nos yeux pour mettre d’état de nuire les aventuriers de la République !
Posted on: Wed, 31 Jul 2013 12:35:05 +0000

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