L’autisme version DSM-5.0 5 août 2013, 05:49 L’autisme - TopicsExpress



          

L’autisme version DSM-5.0 5 août 2013, 05:49 L’autisme version DSM-5.0 in pseudo-sciences.org/spip.php?article2070 Parmi les changements prévus avec l’arrivée du DSM-52, plusieurs concernent l’autisme [2]. On note d’abord la disparition du terme de TED (troubles envahissants du développement) et l’insertion du terme de TSA (troubles du spectre de l’autisme), déjà largement utilisé en pratique. Alors que le groupe des TED comprenait cinq diagnostics différents, TSA serait un seul diagnostic. La disparition annoncée du syndrome d’Asperger soulève des protestations. Entré dans le DSM en 1994, le syndrome d’Asperger désignait en pratique, parmi les personnes du spectre autistique, celles qui n’ont ni atteinte du langage, ni déficience intellectuelle. Ces « aspi » sont-ils vraiment un groupe distinct de l’autisme ? Sur le plan génétique, l’hérédité plaide pour des origines communes entre autisme et syndrome d’Asperger. En cognition, même si certaines études ont rapporté un plus fort niveau de fonctionnement intellectuel verbal chez les personnes avec syndrome d’Asperger que chez les personnes avec autisme, la recherche ne permet pas de conclure sur les rapports entre syndrome d’Asperger et autisme. Ensuite, le devenir des enfants avec syndrome d’Asperger semble similaire à celui d’enfants avec un diagnostic d’autisme ayant ensuite développé un langage. Enfin, leurs besoins sont très variables et ne sont pas systématiquement différents de ceux des personnes autistes de même niveau de fonctionnement. La prise en compte plus individuelle des besoins ne nécessite pas forcément la multiplicité des qualificatifs diagnostiques : la mention de la sévérité des atteintes dans les différents domaines, proposée dans le DSM-5, pourrait être une réponse pertinente sur ce point. Dans ce contexte, le syndrome d’Asperger semble décrire une partie du spectre autistique, plutôt qu’un trouble distinct. Il est toutefois possible que des différences ne soient pas apparues dans les études à cause de la définition inutilisable du syndrome d’Asperger dans le DSM-IV. À l’aune du DSM-IV, en effet, plusieurs des patients décrits par Hans Asperger... n’auraient pas un syndrome d’Asperger, mais un autisme ! Puisque le DSM-IV n’a pas su saisir la particularité de cette description, une option aurait été d’améliorer cette définition. La disparition annoncée du syndrome d’Asperger a un impact affectif clair dans la communauté des personnes concernées et il est possible que le nom d’Asperger reste longtemps associé à l’autisme avec langage et fonctionnement intellectuels préservés [3]. Dans l’éternel match entre les « agrégeurs » qui ont tendance à regrouper autant que possible les troubles qui se ressemblent et les « séparateurs », adeptes des classifications à ramifications multiples, les agrégeurs remportent la manche du DSM-5. La compréhension des points communs au spectre y gagne, mais il faudra trouver d’autres outils pour penser l’hétérogénéité au sein du spectre de l’autisme. Il se pourrait par ailleurs que la population définie avec le DSM-5 soit différente de celle définie avec le DSM-IV (voir encadré). Une classification qui identifie moins de personnes atteintes ? La possibilité de perte de diagnostic a récemment fait l’objet d’un débat : en appliquant les critères proposés pour le DSM-5 sur plusieurs centaines de dossiers, des chercheurs de l’université de Yale ont rapporté des conséquences importantes [4] : tandis que peu d’enfants non diagnostiqués avec le DSM-IV se voyaient attribuer un diagnostic avec les nouveaux critères, seulement 60 % de ceux qui avaient un diagnostic avec le DSM-IV le conservaient. Ainsi, le seuil diagnostic du DSM-5 semblait beaucoup plus exigeant. Les individus avec un diagnostic de trouble autistique selon le DSM-IV conservaient davantage leur diagnostic que ceux avec un diagnostic de syndrome d’Asperger ou de TEDns. Le groupe de travail du DSM-5 a aussitôt critiqué la méthode de l’étude, notamment la pertinence du groupe étudié et l’interprétation des critères, en l’absence d’outil développé pour les appliquer. Enfin, les auteurs de l’étude n’ont pas évalué les diagnostics alternatifs, en particulier pour les individus qui « perdraient » le diagnostic de TED. En effet, le DSM-5 voit notamment la naissance d’un « trouble de la communication sociale », exclusif du TSA, qui pourrait correspondre à une partie du groupe ayant actuellement un diagnostic de TED. Il se pourrait donc que la population définie avec le DSM-5 soit différente de celle définie avec le DSM-IV. Notons que, même si elle était confirmée, cette discontinuité ne reflèterait pas forcément la mauvaise qualité de la nouvelle approche, mais constituerait une nouvelle tendance : à l’inflation de prévalence associée à la surinclusion du DSM-IV, aux substitutions diagnostiques en faveur du TED, succéderait le mouvement inverse ? Dans un tel cas, il ne faudrait pas négliger l’impact du changement sur le système : alléger la charge sur le système en réduisant le surdiagnostic serait bénéfique, mais priver de services des individus avec des atteintes n’atteignant pas les seuils pour le diagnostic pourrait se révéler dans certains cas dramatique. Il est probable que dans la pratique, les conséquences n’apparaîtront que progressivement : en effet, on peut supposer que l’influence de l’ancienne classification restera sensible longtemps après son remplacement, en particulier chez les cliniciens déjà expérimentés. Un changement de classification n’est ainsi complètement appliqué que par les nouveaux cliniciens qui sont formés sur les nouveaux critères et leur utilisation. Conclusion Une classification est une structure cognitive établie en fonction d’un but. Concernant les troubles mentaux (ou quel que soit le nom qu’on veuille donner aux situations qui conduisent à consulter un psychiatre), le but est de permettre aux psychiatres de relier au mieux des situations particulières à des populations pertinentes, en fonction de l’état des connaissances. Le DSM, classification de l’association américaine de psychiatrie, a une place majeure dans l’élaboration des connaissances actuelles en psychiatrie et est de ce fait incontournable. Nous avons tenté d’expliquer le contexte, les changements apportés et leurs conséquences dans le champ de l’autisme. Ilapparaît que la classification des maladies mentales a des implications qui vont bien au-delà du cabinet médical, en particulier sur les possibilités offertes aux personnes atteintes. Dans ce contexte, on comprend l’inquiétude des usagers à la perspective de voir les frontières entre TSA et autres troubles se déplacer. Pour beaucoup de familles et de personnes concernées, le risque est énorme. Pour répondre à cette inquiétude, les autorités doivent faire évoluer l’attribution des supports, non en fonction de l’inclusion dans un groupe diagnostique plus ou moins avantageux, mais en fonction des besoins, évalués de façon individuelle.
Posted on: Mon, 05 Aug 2013 03:58:07 +0000

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