L’interview, spécial « Ultras Stéphanois » Franck - TopicsExpress



          

L’interview, spécial « Ultras Stéphanois » Franck Berteau, journaliste et auteur du Dictionnaire des Supporters, s’est prêté au jeu de l’interview. En fin connaisseur, il évoque pour nous le « monde » particulier des Ultras Stéphanois. En quelques mots, ça veut dire quoi être supporter « ultra » ? Le terme renvoie à une catégorie de supporters dont la passion pour leur club les pousse à mettre en œuvre un soutien organisé et continu pendant toute la durée des matchs de football. Et ce, quel que soit le verdict du terrain. Dans ce côté indéfectible réside l’essence même de l’ »ultra ». Les encouragements prennent la forme de chants variés et de gestuelles, tous ces mouvements corporels qui accompagnent les mélodies. C’est ce que l’on appelle le « tifo », le savoir-faire des « ultras », l’ensemble des animations visuelles et vocales qu’ils effectuent tout au long des rencontres. Considérant cette dévotion active à ses couleurs, l’ »ultra » se considère souvent comme le plus légitime des « douzième homme », garant de l’histoire du club et de son état d’esprit. C’est ce qui fait que les « ultras » se vivent aussi comme des organisations syndicales, un rôle qui passe parfois par une remise en cause de la gestion des dirigeants, de l’implication des joueurs, ou encore de tout ce qui peut toucher à leur vision populaire ou artisanale du football, comme, par exemple, l’augmentation du prix des abonnements, etc. En quoi les supporters des Verts sont-ils différents ? Ils sont différents parce qu’ils supportent un club dont l’aura provient à la fois d’un passé footballistique glorieux mais aussi d’un puissant terreau identitaire, lié au caractère ouvrier et industriel de la ville et de sa région. Autant d’ingrédients propices à la ferveur. C’est en cela que l’on peut comparer l’enthousiasme du public de Geoffroy-Guichard à celui de Dortmund, par exemple, ou, pour rester en France, à celui de Lens. Même si, contrairement aux Sang et Or, les Verts sont parvenus à développer des associations ultras beaucoup plus importantes. A Sainté, on a deux groupes de supporters qui animent les Kops : Magic Fans et Green Angels. Avez-vous quelques anecdotes à nous délivrer sur eux ? Des anecdotes, il y en aurait plein, tant la vie d’un groupe de supporters est riche en aventure. Pour les Magic Fans, dont la réputation en matière d’encouragements n’est plus à faire, je choisirais un évènement plus insolite, comme lors du Saint-Etienne/Guingamp d’août 1998. Ce soir-là, Jean-Pierre Papin revient pour la première fois à Geoffroy-Guichard depuis le début des années 1990, après le fameux épisode du match contre l’OM, qui avait dû être rejoué après que ce dernier ait reçu une canette de bière sur la nuque à son arrivée au stade. Quelques années plus tard, donc, le désormais joueur de Guingamp est accueilli sur la pelouse par une chorégraphie faite d’étendards aux couleurs de Kronenbourg. Avec cette banderole : « JPP, des canettes pour te rafraîchir la gueule ». Cela en choquera peut-être certains mais cela révèle bien tout l’humour caustique dont peut faire preuve une tribune, alimenté par les rivalités et les rancœurs. Et tant que cela reste bon enfant, cela demeure du folklore sans lequel, selon moi, le football serait bien plus triste. Du côté des Green Angels, au risque d’être moins original, je pencherais pour leur vingtième anniversaire en 2012, contre Rennes, et sa célébration, inspirée par le tube de Louise Attaque, J’temmène au vent. Une idée authentique venue lors d’une soirée, en écoutant la chanson. Au-delà de la chorégraphie qui en découlera, et qui figurera plusieurs animations calquées sur les paroles de la rengaine rock, cela évoque une autre dimension essentielle des ultras : la dimension sociale. En plus du soutien à leur équipe, les ultras vivent une aventure collective faite d’amitiés et de fraternité. Un mode de vie aussi en dehors du stade, et le fait de trouver une idée de « tifo » lors d’une soirée entre membres l’illustre bien. Sans vouloir faire le donneur de leçon, à la place du Président Romeyer, comment feriez-vous pour gérer les tribunes stéphanoises ? Effectivement, loin de moi l’envie de donner des leçons. Mais pour avoir enquêter et écrit sur cet univers, si j’étais à la place de Roland Romeyer, je me rendrais compte de l’atout que cela représente d’avoir deux kops catalysés, à l’origine, chacun par une association¹ principale : les Magic Fans au Nord, les Green Angels au Sud. Tant de clubs voient dans les tribunes de leur stade graviter plusieurs associations, dont la cohabitation est parfois source de tensions et brouille la communication avec les dirigeants. Certes, les multiples évènements récents, qu’il s’agisse du vol d’une partie de la bâche des Magic Fans par des supporters lyonnais ou l’allumage massif de fumigènes lors de l’inauguration du nouveau Kop Sud et la réaction de la direction qui s’en est suivie, attisent un climat déjà lourd. Certes, les violences et les débordements existent aussi à Sainté, et leurs auteurs doivent être évincés des stades. Mais, dans un tel contexte, disposer d’associations structurées représentants des milliers de membres et dotées d’interlocuteurs crédibles est une chance. Il s’agirait alors, pour la direction, d’être plus ouverte au dialogue et de les responsabiliser encore davantage. Ne pas le faire, c’est prendre le risque de radicaliser certains supporters et de se retrouver avec de plus petites entités, encore moins contrôlables. Encore faut-il que les ultras jouent le jeu et acceptent eux aussi, en bonne intelligence, de faire des concessions. ¹A noter que les GA92 ne sont plus sous le statut associatif depuis leur auto-dissolution. Source:diablevert.fr/
Posted on: Sat, 23 Nov 2013 18:48:00 +0000

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