MA JAMBE Toi, ma jambe, l’élégante, tu tournes sur une danse insouciante, sans méfiance. Oh ! En toi, ma jambe, la douleur flambe. Toi, mon cœur, tu formes avec vigilance et pudeur une alliance avec la promeneuse que je suis. Allez, fiche-moi la paix, sale jambe de bois ! Puisque tu ne me sers à rien, finalement, je vais être un funambule sur un fil. Jouer avec ma vie ! Avance, franchis le pas de la porte qui s’ouvre sur la terrasse. Admire les pivoines et les galatums. Coince la tuile rose sous le volet pour que le vent ne le rabatte pas. Ne te regarde pas en pied dans le miroir. Juste la tête, échevelée ! Reprends : - Une chaussure sur un mur, chu… - Un tu sur un mi pointu, chu… - Une ‘orte sur un petit ga’, chu… - Un chu sur une tuile dorée, chu… - Une piv’ sur une terrasse, chu… - Un miroir sur un chu, chu… Aïe ! Deux marches. Grises. Brûlure. - Pardon ? Vous avez dit ? Vous pourriez répéter ? Vous voulez que je recommence comme quand j’étais petite ? Réapprendre à marcher, c’est ça ? Mais c’est un truc de fou ! - Oui ! - Bon ! Alors, retour à la case départ : un lit blanc, les barreaux de la rampe, des mains qui s’agrippent. On retombe, des bobos partout ! - C’est pas grave ! Allez, debout, encore ! C’est bien, c’est presque ça ! Att…ention ! Oui, là, c’est bien ! Tu as trouvé le pas. Allez, va plus loin encore. Jusqu’à la terrasse ! - Regarde, ils t’attendent tous ! Bravo ! Assieds-toi, tu l’as bien mérité… - Oh ! Excusez-moi, le téléphone sonne, je file… Elisabeth LAFONT Copyright
Posted on: Fri, 13 Sep 2013 09:52:10 +0000