MAHAN Gahé Basile : ‘Intrépide’, et ‘Généreux’’ - TopicsExpress



          

MAHAN Gahé Basile : ‘Intrépide’, et ‘Généreux’’ Par NEA Kipré, Enseignant à l’Université d’Abidjan Cocody Secrétaire national chargé de l’Education, l’Enseignement et la Pédagogie Bureau Exécutif National du SYNARES Cher aîné Gahé, Quand j’ai eu l’information de ton décès tragique, ce lundi 16 septembre 2013, autour de 14h25, je me suis mis, sans le vouloir, à chanter, une chanson aux paroles improvisées. Tu sais que chez nous, en pays ‘Krou’, dont le ‘Wê’ que tu es et le ‘Bheté’ que je suis sont parties intégrantes, chanter, c’est pleurer ‘2 fois’. Et l’on dit chez nous que l’on ne pleure pas un être humain décédé avec des larmes, mais on le pleure avec la parole chantée. On parlera alors, à Daloa-Issia, de ‘Yuigogo’, à Gagnoa, de ‘Légbotouwéli’, et à Guibéroua-Saïoua-Soubré, de ‘Yuégo’. Oui, au départ de la chanson, qui pousse à la danse, sont les pleurs provoqués par la souffrance de la perte d’un être cher : la complainte. Salut, Justin Stanislas, artiste de la complainte bheté! Oui, j’ai donc pleuré, et je pleure encore, en chantant. Certes, je pleure parce que tu m’as rappelé le décès d’un de mes frères aînés, décédé en décembre 2011, alors même que je suis loin du pays, et celui de mon propre fils de 27 ans, décédé en mars 2013, alors que je suis toujours en exil. Mais je pleure, toujours en chantant, surtout parce que je perds en toi un être cher! Un grand frère! Un ami! Un camarade de lutte. Tu sais, cher aîné et camarade, chez nous, nous disons que l’on ne frappe pas quelqu’un qui est par terre; l’on n’insulte pas un cadavre; l’on ne dit pas du mal d’un cadavre. Ainsi, tous ceux qui sont morts sont ‘beaux et gentils’. Mais, permets-moi, tout en reconnaissant cette tradition que je respecte, d’être moi-même, d’être ton jeune frère, ton puîné, qui te ressemble, d’être cet entêté, ce ‘Poto wapéhèného’, celui que l’on ne peut calmer et qui dit ce qu’il pense en toutes circonstances. Oui, grand frère, tu es généreux, c’est vrai, mais tu es aussi et surtout très entêté. Et tu l’es plus que moi. Camarade Gahé, tu es un ‘dii’ (dihi), un buffle, et le ‘dii’ intrépide de Kiboké. Mais ton caractère intrépide, tu l’as mis au service de la générosité. La lutte syndicale que nous menons ensemble n’a pas pour objectif notre confort personnel, mais l’amélioration des conditions de travail et de vie des travailleurs, nos syndiqués, nos camarades. Et ce combat-là, tu l’as mené, et je reste persuadé que, même invisible, tu continueras de le mener. Tu resteras un ‘Gbeuli’, comme ce fils de Galébahi Zokou, celui dont le village mange même quand lui, il a faim. Oui, Gbeuli! Mais camarade Gahé, tu es aussi et surtout un entêté, et même un très entêté, un ‘dakouli’. Qui pouvait te faire revenir sur une position que tu trouves juste et que tu défends au cours d’une négociation? Te souviens-tu que lorsque je te rencontrais et que nous échangions sur l’évolution de ce qu’ils appellent la crise postélectorale, nous disions, chacun, que nous n’allions pas nous fuir du pays; que, s’il fallait mourir, nous acceptions de mourir dans notre pays. Lorsque je rencontrais le camarade N’DRI Benjamin, et il est vivant, Dieu merci, il me disait la même chose, et je lui disais la même chose. C’était cela notre position. Mais voilà que, après le 11 avril 2011, et après l’assassinat de TAGRO Désiré, moi, qui me voulais un ‘poto’, un ‘kpakpatagli’, j’ai été dissuadé de rester dans ma maison, et surtout persuadé de quitter notre pays, parce que, m’a dit un ami, mon nom est bel et bien sur leur liste, la liste de ceux dont les opposants sont au cimetière. Ils me voulaient, mort ou vif. C’est ainsi que, sur insistance de ma famille et de quelques amis, et me sachant malade, comme toi, j’ai accepté de franchir la frontière la plus proche du pays à partir d’Abidjan. Et N’DRI et toi, je vous ai abandonnés, au pays, chez vous. Et ils sont allés te prendre, chez toi. Et ils ont fait de toi ce qu’ils ont voulu. Et tu es devenu ce que je sais : mort. Pour fuir une mort certaine, violente comme celle donnée à TAGRO Désiré, ou lente comme celle que l’on vient de te donner, j’ai quitté le pays. Vous ai-je trahis, Benjamin et toi, Basile? J’accepte, d’avance, le jugement de l’histoire, même si je crois avoir mis en application le principe du Général DOGBO Blé Bruno (que je ne connais pas personnellement), alors même que je ne l’ai pas entendu énoncer ce principe : Décrochez, soldats! Pour faire la guerre, il faut être vivant! Surtout que ceux qui donnent cette mort, violente ou lente, sont comme des panthères, des ‘madi’, dans nos forêts : ils tuent, IM PU NÉ MENT! Cher aîné, par ta mort, tu continues le combat, en mettant à nu la moralité de nos gouvernants d’aujourd’hui, leur vraie nature : ils sont des assassins, des criminels, des hommes et des femmes sans foi, ni loi, ni morale. N’est-ce pas qu’ils ont braisé et mangé le cœur de ‘Kass’, un des leurs? Comment ceux qui n’ont pas eu pitié de leur ventre peuvent-ils avoir pitié de leur dos? Gahé! MAHAN Gahé! MAHAN Gahé Basile! Gahé dii! Gahé le dii de Diboké! Gahé Gbeuli! Gahé poto ‘wapéhèného’! Ma voix pour te pleurer n’est plus claire, parce que les larmes, ces maudites larmes, ont repris le dessus, pour tous ceux que j’ai perdus dans cette sale guerre, pourtant si utile parce qu’elle est pour la dignité des peuples africains, leur liberté, leur souveraineté. Elle est libératrice! Dieu soit toujours avec nous et avec notre peuple! Ton puîné NEA Kipré Fait le 20-09-2013
Posted on: Sun, 22 Sep 2013 14:26:50 +0000

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