MONOLOGUERRE (extrait) Break-down. Le journal n’annonce - TopicsExpress



          

MONOLOGUERRE (extrait) Break-down. Le journal n’annonce rien de particulier. L’attentat d’aujourd’hui a fait ce qu’il a fait. Le journal zappe ta vie et ta mort mon ami. Mesdames et Messieurs ; Pas de bon, pas de jour, le sang fuit et coule. Il couvre et couve, il passe, il dépasse, passe pas à la cache casse casse carcasse partout, il déborde for the lord, se propage à travers les cavernes qui se tissent, se fusionnent, se fissurent. Le sens s’inverse et le sang ne se verse qu’en sang de l’inverse à l’inverse. Du rouge partout. Mon ami est un chiffre dans cette matrice mortuaire Un être impersonnel Un indéfini quelconque Un inconnu intensément tué et ignoré Une constante à chair abstraite Une variante de la mort quotidiennement rituelle Une invariable de la fonction guerrière Une petite larme noire qui glisse sur la courbe exponentielle du deuil Et le deuil must go on ... Ici on entasse les cadavres Tueurs ou tués à sang chaud ou froid n’importe Les thermomètres déconnent Toutes les guerres sont propres On aspire On balaye On compte Des chiffres et des chiffres Seulement des chiffres On déchiffre les restes On leur doit toute l’histoire du corps humain On leur doit des forêts entières de fleurs et de roses On leur doit la vie entière en silence On le joue ce putain de silence On ne lui accorde qu’une minute Une minute et seulement une On humanise le malheur de la guerre par cette célèbre minute de silence. Seconde par seconde, de un à soixante, une montre géante nous montre les secondes sanglantes, seconde par seconde on oublie les carnages, les massacres, les tueries, les boucheries, les génocides et les fameux farineux faramineux crimes contre l’humanité, seconde par seconde on se déteste dans cette minute de silence, seconde par seconde on attend la fin de la dernière seconde, seconde par seconde et à la soixantième seconde, on reprend la guerre qui ne s’arrête plus une seul seconde, seconde par seconde et au fil des temps, on s’entraîne à comment oublier les restes, à pourquoi ne pas les zapper au fil des temps qui restent, seconde par seconde on réussit l’entraînement, seconde par seconde on oublie les restes, on les zappe, on les perd pour des siècles et des siècles, seconde par seconde on se perd dans les temps de l’histoire sanguinaire qui se répète toutes les secondes, on tue ceux qui fuient, on tue ceux qui restent, seconde par seconde on tue les restes, seconde par seconde et de un à soixante au fil de ce temps magique, on oublie le black-out total sur tous les restes, on oublie tous les restes des restes. On ne les compte plus, tant pis ! On pisse le sang sur les chrysanthèmes, on balaye, on chiffre, on calcule et on compte Des chiffres et des chiffres, les cadavres puent et crient : On ne nous compte plus On ne compte plus rien à la vie, plus rien à la mort On ne raconte que des contes sur les comptes qui nous tuent On oublie nos chairs, amis On nous entasse On nous cache en pleine lune et soleil On nous désinfecte On devient le malheur infect à vie, à mort Nos restes entassés s’infectent, ressuscitent et s’entretuent Il faut réapprendre à compter Il faut reprendre les comptes du début La guerre est guerre contre vie contre mort Rouges, rouges les yeux Pas de temps pour les retouches L’album est énorme, l’image implose On se contre, on se tue. Pauvre homme, dehors on collecte les gouttes de ton sang, dehors sous le soleil brûlant, on remplit les pelles de terre, on jette de la terre sur le sang par terre, on cache les traces de ton sang, on éclipse le crime jour et nuit, on maudit ta terre maudite, ton soleil maudit et ta lune maudite, on maudit, on porte jour et nuit des lunettes maudites, on se protège de tous les astres maudits, on ne sème plus que le manque et l’absence, l’abandon, le vide et la nullité, plus jamais homme, plus jamais tu ne verras exploser tes mots, tes notes, tes gestes, tes corps, tes cris, tes mains battant le temps, tes pieds tapant l’espace tampon pondant un pont, tu traverses contresens contre rêves, vole ami parti en vol et viole-la ta mort.
Posted on: Fri, 22 Nov 2013 00:57:17 +0000

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