Marc Descheemaecker sera remplacé mercredi après presque 10 ans - TopicsExpress



          

Marc Descheemaecker sera remplacé mercredi après presque 10 ans à la tête de la SNCB. Fin de parcours. Marc Descheemaecker, CEO de la SNCB (opérateur), tire sa révérence. Il avait pris ses fonctions en 2004 au moment où le groupe se scindait en trois entités (SNCB, Infrabel et Holding). Il sera remplacé mercredi par Jo Cornu alors que la structure sera ramenée à deux filiales (SNCB et Infrabel) le 1er janvier 2014. M. Descheemaecker, après dix ans, vous quittez vos fonctions de CEO et l’image de la SNCB reste mauvaise. Pourquoi ? Parce qu’on est important dans la société, mais aussi vulnérable. Nous avons beaucoup de belles-mères qui nous critiquent, parfois à juste titre, parfois pas… Mais ce qui est valable chez nous, l’est aussi dans tous les pays européens. Un aveu de faiblesse ? Non, un constat. Il y a aussi les problèmes de ponctualité… La ponctualité est au niveau de 1998-1999, ce n’est pas bon… Depuis cette époque, le nombre de voyageurs a doublé, des nouvelles infrastructures et du matériel sont arrivés, mais on fonctionne toujours avec le plan de transport de 1998… La ponctualité ne pourra s’améliorer qu’avec un nouveau plan de transport. Il est quasiment prêt. Que prévoit-il ? Il change le roulement et le cadencement de chaque train en Belgique. De chaque train ! En janvier, le ministre de tutelle (NdlR, Paul Magnette, PS) nous demandait de ne pas l’implémenter en décembre 2013, mais d’attendre décembre 2014. Je comprends sa logique, il voulait se concentrer sur la restructuration du groupe, mais je regrette infiniment cette décision qui aura des conséquences sur la ponctualité en 2014. Il était possible de gérer les deux chantiers en même temps ? Selon moi, oui; parce que les services concernés ne sont pas les mêmes. Y aura-t-il des suppressions de trains ? Des trains vides, ça n’a pas de sens. Quand un train est rempli à 110 %, il en faut un deuxième. Le nouveau plan de transport aura le même nombre de trains/kilomètre, mais mieux répartis. Et sur les petites lignes où 200 trains sont déjà passés à la trappe ? Il y a encore 150 trains pour lesquels moins de 10 % du coût est couvert (vente de billets, etc.). Ces 10 %, c’est le coût de l’électricité. Un subside direct à Electrabel… Si le gouvernement le veut, très bien, mais c’est le contribuable qui paye… Comment encore améliorer la ponctualité ? Je l’ai toujours dit : en 2004 et 2005, il ne fallait pas scinder l’ex-SNCB unitaire en trois structures, mais en deux… On a créé un système qui fonctionne mal. Après huit ans, le gouvernement a fait marche arrière. Paul Magnette et son successeur, Jean-Pascal Labille (PS), ont pris la bonne décision. Infrabel et la SNCB seront chargés de centrer leurs activités sur le voyageur, avec une communication clarifiée. Et la Holding ? Elle n’avait pas de sens en 2004, elle n’en a pas aujourd’hui. La responsabilité du ministre de tutelle de l’époque (NdlR, Johan Vande Lanotte, SP.A), qui a prôné le passage à trois entités, est énorme, notamment en termes de ponctualité… Réforme des structures, plan pluriannuel d’investissements 2013-2025 (PPI), plan de transport… Votre successeur, Jo Cornu, en recueillera les lauriers. Frustrant ? Non, le voyageur y gagnera. L’histoire va nous juger. Également sur la dette. La perte de la SNCB en 2002 était d’un milliard par an (et dix milliards de dette). On a assaini les finances tout en lançant de nouveaux investissements pour les voyageurs. Comment ? En passant de presque 43 000 travailleurs en 2004 à 34 500 aujourd’hui; 8 000 personnes en moins, mais plus de 50 % de voyageurs en plus… Quelle augmentation de productivité ! J’en suis fier. Et le résultat comptable du groupe sera positif cette année. Un résultat positif pour le groupe dans son ensemble, pas pour l’entité SNCB. Oui, mais pour le politique, il n’y a que le groupe qui compte; 8 000 personnes en moins, c’est une économie de 500 millions… Réalisée grâce à Infrabel et la SNCB. Pas la Holding ! Vous lancez une pique à votre meilleur ennemi Jannie Haek, patron de la Holding et proche de M. Vande Lanotte… Ce n’est pas une pique, juste des chiffres. Votre appréciation du nouveau PPI ? Soyons clairs. On va investir 24 milliards d’euros en douze ans. En plus des dotations d’exploitation, ça veut dire qu’on va dépasser les trois milliards par an… La Belgique donne beaucoup d’argent au ferroviaire. Le vrai défi sera de réaliser le plan d’investissements et aussi de préparer l’avenir de la SNCB d’une telle manière qu’elle soit rentable et performante, mais avec moins d’argent. Je crois qu’un jour, un prochain ministre de tutelle devra doucement préparer la libéralisation du transport voyageurs… Trois milliards par an, c’est trop ? C’est énorme. Est-ce que c’est trop ? Les finances publiques pourront-elles encore, en 2015-2018-2020, avec tous les challenges à venir (pensions, climat, etc.) investir trois milliards dans le rail ? Je pose la question… Vous étiez candidat à votre succession. Et finalement à cause de Johan Vande Lanotte, c’est fini pour vous… Oui, enfin, c’est la décision du gouvernement… Vous avez quand même assimilé sur Facebook le vice-Premier SP.A à Marlon Brando dans Le Parrain, vous l’avez bien écrit. Sur Facebook, j’ai simplement réagi sur une petite blague d’un copain et j’ai réagi moi-même avec une petite blague. Non j’ai eu l’honneur et le privilège d’être le patron de la SNCB pendant pas mal d’années. C’est pas mal aussi qu’il y ait un changement. Ensuite, je suis plutôt soulagé que l’homme qui prend ces responsabilités n’est pas un cabinettard ou quelqu’un qui n’a pas de CV… Je suis soulagé que ce soit un homme qui sait ce que c’est qu’une grande entreprise. Pas mal d’autres candidats n’avaient pas ce profil-là. Vous parlez de Jo Cornu, le nouveau patron de la SNCB. Il est aussi très proche de Vande Lanotte justement, votre ennemi… Je ne sais pas, je ne sais pas… J’entends ça, je ne le savais pas. J’ai travaillé avec Jo Cornu après son départ d’Alcatel. Je l’apprécie, on a un bon contact, on a déjà passé pas mal d’heures ensemble à travailler, je lui ai expliqué les choses. Son parcours dans le secteur privé est vraiment une bonne chose car il est nécessaire que la SNCB reste une entreprise sans devenir davantage publique. Vous vous rappelez ce que Karel Vinck a dit ? Il faut plus d’entreprise et moins de publique dans les entreprises publiques. Il ne faut pas courir le risque que la SNCB redevienne plus publique. Jo Cornu a été désigné après une procédure obscure et des démissions en série… Ce n’était pas une période très glorieuse cette phase de nominations… Mais, OK, ce n’était pas forcément voulu par le gouvernement non plus… Finalement, regardons le résultat : on a trouvé quelqu’un qui comprend l’entreprise. Un épisode peu glorieux… Dont vous avez été acteur vous-même… Mais je n’étais pas acteur, j’étais candidat ! Moi, je regardais ça en lisant les journaux. J’ai reçu un coup de fil d’un chasseur de têtes. Ce que j’ai fait quand même c’est que j’ai passé un coup de fil à deux vice-Premiers ministres en leur demandant de ne pas citer mon nom. Je n’ai pas voulu être le candidat de l’un ou l’autre parti politique. J’ai simplement dit que si quelqu’un me téléphonait j’allais réagir positivement. On vous a proposé un poste dans une autre entreprise publique ? Il y a eu des gens qui m’ont lancé quelques idées. Je suis un homme libre. Si je veux un job opérationnel. C’est moi qui décide d’être candidat ou pas. Je ne crois pas que c’est un bon système où on dit qu’on ne peut pas utiliser Untel ou Untel pour tel poste. Ces pistes qu’on m’a proposées, je n’en ai pas voulu. Je vous signale aussi que le mandat de président de Brussels Airport m’a été proposé par le gouvernement. Ça me fait plaisir, mais ce n’est pas un job opérationnel, c’est une fonction que j’exerce déjà comme faisant fonction. Vous allez y gagner combien ? Je ne sais pas, je n’ai pas regardé. C’est vingt jours par an de travail. C’est une société importante pour ce pays. C’est pour cela que j’ai accepté. Si j’avais voulu un job opérationnel, j’aurais pu l’avoir. Vous auriez accepté de travailler à la SNCB pour 290 000 euros par an ? Je ne crois pas que j’aurais accepté de changer mon contrat. Je l’ai conclu en 2002, comme employé à la SNCB. Je me suis engagé à la respecter comme mon employeur s’est engagé à le respecter aussi. Les syndicats se sont toujours battus pour qu’il n’y ait jamais de décision unilatérale dans les contrats. C’est dans le même esprit que vous avez décidé de prendre vos indemnités de départ de 900 000 euros ? Je n’ai jamais fait de déclaration là-dessus et je ne vais pas commencer aujourd’hui. Vous ne connaissez pas mon contrat. Je n’ai jamais vu les bons chiffres dans la presse. Qu’allez-vous faire maintenant ? Vous allez redevenir patron, mais de quoi ? Je ne vais pas forcément redevenir patron… Vous allez vous présenter sur les listes VLD ? (Toussements, NdlR). Voilà que vous me prenez le souffle… Je me suis déjà présenté comme candidat volontaire pour une œuvre caritative à Anvers pour laquelle j’ai beaucoup de respect. J’ai déjà eu plusieurs propositions de poste d’administrateur ou de consultance, même au niveau international, que je pourrais accepter. Je vais regarder si j’accepte ou pas. Il va peut-être falloir remplacer Didier Bellens à Belgacom… Ou encore remplacer Johnny Thijs chez bpost. Je n’ai pas les talents pour diriger Belgacom. Je ne suis candidat nulle part, je vais laisser passer l’hiver et jouer avec mes petits-enfants. Ils ont fait tous les deux un excellent job. Ils ont eu l’avantage aussi d’être protégés de leur actionnaire majoritaire par un bon pacte entre les actionnaires privés et l’Etat. A la SNCB, le climat est beaucoup plus politique. Moi, j’ai connu huit ministres de tutelle en onze ans… Dans une entreprise publique, ce qui compte, c’est la stabilité pour travailler sans constante intervention politique. L’Etat est un excellent actionnaire, pourvu qu’il se discipline un peu.
Posted on: Sun, 10 Nov 2013 10:32:34 +0000

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