Mbèdzə Wafo : Des prénoms Africains !!! Vraiment , nous devons - TopicsExpress



          

Mbèdzə Wafo : Des prénoms Africains !!! Vraiment , nous devons commencer à trouver pour nos enfants Mon Nom, Ton Nom, Nos Noms ... Les systèmes de nomination sont des révélateurs de la culture et de lhistoire. Ainsi, on peut faire une analyse du vocabulaire spécifique utilisé par une société pour désigner des objets, des êtres vivants, des lieux, des faits, des personnes. Que ce soit le nom dun objet, dune place publique, dune famille, etc. les peuples africains ont toujours considéré - lacte de nommer- comme un geste fondamental et de 1ère ordre. La nomination permet de se démarquer, dexister. Tant quune chose ou un individu na pas de nom, il reste à létat virtuel. Pour nos sociétés africaines, < donner un nom > est un acte religieux important. Le choix ne faisait pas à la légère. Le nom doit servir de support verbal privilégié pour les symboles médiateurs. Nommer un personne, cest lappeler à lexistence. Le nom fait exister parce quil identifie celui qui le reçoit en le distinguant de tous les autres. Il le personnalise aussi et le situe puisque cette identité lui octroie une place dans la société. Nommer, cest signifier, cest dire qui est la personne nommée, ce quelle représente au sein de sa communauté. Nommer cest classer une personne par rapport aux autres, notamment son rang de naissance. Nommer, cest situer par rapport aux temps, aux événements, aux comportements; cest rattacher la personne aux choses, aux êtres in-visibles qui laccueillent comme un élément attendu de leur ensemble. Nommer, cest communiquer, converser, dialoguer avec les autres, informé sur quelque chose quon a gardé sur le cœur. Nommer cest éloigner du porteur du nom les forces maléfiques, cest le mettre sous la protection de Dieu et des forces spirituelles positives. Doù ce quon appelle les noms théophores. En outre, le Nom est rattaché à la Parole. Or cette dernière est dessence divine. La parole transforme, met en action des énergies cosmiques et les pouvoirs humains. Komo Dibi, chantre malien de Komo avait résumé en disant: < La parole est tout Elle coupe, écorche, Elle modèle, module Elle perturbe, rend fou, Elle guérit ou tue net Elle amplifie, Abaisse selon sa charge Elle excite ou calme les âmes > La parole est sacrée. En nommant, nous mettons donc en mouvement la parole ainsi que les effets attachés à cette sacralité: effets positifs ou négatifs. A partir dici, je me demande comment des parents peuvent appeler leurs enfants Ndutu (duala) = Malchance ou Ongmaleb (bafia) = Sorcière... Certains me diront mais le lien nest pas automatique; dautres il n y a aucun rapport. Soit! Mais peut on réellement balayer la charge psychologique associé à un Nom , je nen suis pas si sur ! Le Nom connote une réalité culturelle et religieuse. Voilà pourquoi son choix était minutieusement étudié, et jamais quasi automatique. Le Nom va exprimer une réalité tangible ou matérialiser celle ci. Elle est un tremplin dans lunification de lindividu avec lui même mais aussi avec les autres. Au vue de tout ceci, nous pouvons donc comprendre sous un autre angle ce geste du Président Mobutu en 1971. En effet, le 27 octobre 1971, sur décision du Bureau Politique du Parti Unique, le Mouvement Populaire de la Révolution, le Congo , nom du pays et du fleuve, se transforma en Zaïre. Il fut annoncé que les noms et les monuments de la période coloniale devaient disparaître avant le 1er Janvier de lannée suivante. Suite à une provocation du journal belge Libre Belgique à son endroit, Mobutu poussa sa logique jusquau bout. Ainsi fut dit, ainsi fut fait. Le 12 Janvier 1971, il renonça à ses prénoms Joseph - Désiré , ils les bannirent et remplaça par Sese Seko Kuku Ngbendu Waza Banga . Le pays suivra le rythme. A compter de ce moment là, tout Zaîrois ou Zaîroise devait porter typiquement des noms Zaîrois. Aux noms habituels, devait obligatoirement sajouter un ou plusieurs noms dancêtres. Cest ainsi que toutes les identités dans le pays furent revues selon ce modèle. Il fallu attendre jusque 1990, pour que la Conférence Nationale Souveraine fit échouer cette politique. Une Typologie des Noms Africains Noms Théophores Ce sont des noms en rapport avec la Divinité. Ils sont utilisés soit pour réaffirmer sa foi, pour le supplier dépargner lenfant des malheurs, soit exprimer un remerciement. Ces noms possèdent dans leur composition le nom de Dieu. Ex. Sikati = littéralement Dieu na pas dormi Chika (Igbo) = Dieu est plus grand Noms rattachés aux activités humaines On souhaite par exemple que lenfant devienne un bon agriculteur ou un commerçant ou autres. Bref des métiers que les parents eux mêmes exerçaient. Ex. Gayki (Sérère) = Va garder le troupeau Noms exprimant des souhaits Mosaan = Celle qui est belle Mosi = sois belle Sinaan = Celle qui est discrète Noms de la semaine et des saisons Le nom correspond au jour de la naissance ou à une autre période précise de lannée. Bien évidemment le calendrier était traditionnel. Ex Kofi = garçon né un vendredi, Afi pour la fille. Noms dérivés qui sont construit à partir dautres noms existants déjà ou à partir dune création propre. Noms exprimant un rang social. Les Saa chez les Bandjoun En définitive, le Nom marque lidentité. Quen est il des prénoms ? Le prénom désigne le nom qui est antérieur, le nom qui vient avant le nom. Communément, on parle de Nom de famille + Prénom. Ex: Wafo Franck. Quil me soit permis de dire que cette catégorisation cartésienne a été introduite avec lintroduction de la Judéo- Chrétienté à partir du 15 ème siècle en Afrique. Cest avec les Baptêmes que lon voit apparaître les Jean, Thomas, et autres. Des noms jusque là totalement étrangers aux réalités culturelles africaines. Avec la domination coloniale, le schéma sest intensifié au point où nous en sommes arrivés à distinguer le Nom du Prénom comme le font les Occidentaux. Nous sommes mêmes allés jusque ajouter des surnoms ( des noms au dessus du nom) ou des sobriquets ou des petits noms. Autant de subdivisions qui ne sont que le produit de la logique de Descartes et dont le principal impact est une division humaine et anthropologique.On passe dune vision globale à une vision disséquée et de plus en plus fragmentée de soi même et par conséquent des réalités qui nous entourent : il y a les païens et les convertis, les Bamilekes et les Bassa, les Camerounais et les Togolais... autant de catégories mensongèrement anthropologiques dans lesquelles nous sommes profondément installés. Or il y a une SEULE FAMILLE HUMAINE. Nous avons reproduit un modèle de nomination et dinscription nominale qui ne sied en rien avec notre réalité culturelle. Aujourdhui, nombreux sappellent Franck, Jérôme, François dAssise ... Soit! Mais personne ne connait ni lorigine linguistique , ni historique , et même spirituel de ce système de nomination. On porte des noms dont nous maîtrisons en rien la substance. Ça peut rassurer dune certaine façon dêtre lhomonyme du Général de Gaulle ou d Amar Tya Sen, mais cela ne nous dispense de tout ce qui est cité plus haut. Le Nom dun individu nest pas un simple formalisme administratif. A t-on déja vu un Chinois sappeler Wafo ? ou un Arabe sappeler Bodé ? Mais les Africains s’appellent Yuen, Philippe, Malika, etc. Ecriture des Noms Pire encore, lécriture des Noms Africains ne respecte plus aucune matérialité phonémique et vibratoire. Nos noms sont écrits par les autres et bien évidement selon leur entendement. Ce sont des w, des v , et autres lettres qui sont ajoutés ça et là. Le formalisme scriptural faisant malheureusement défaut, nos noms sont anglicisés et francisés. Malgré la disponibilité des syllabaires de nos langues, personne ne prend la peine de se demander si son nom est bien écrit cest à dire écrit selon le canevas linguistique propre au sien. Il est temps de revenir aux fondamentaux ... Djahachi-Ben Mohamed, Fabrice Waffo, Kamite Tchasso, Yana Mass, Patricia Gbi, Martin Fonkoua, Cyndie Icee, Johnny Ayité Ajavon, Boléma Bossio Wangi
Posted on: Thu, 17 Oct 2013 20:41:21 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015