Mini-zone du 7 août Des nouvelles de l’hôpital de campagne : Catherine, ma dulcinée, va beaucoup mieux. Son moral est remonté en flèche depuis qu’un chirurgien, tout en lui remplaçant son plâtre fait par un urgentiste pressé par une résine bleu lavande dernier cri, lui ait dit que cinq semaines suffiraient au lieu des huit annoncées et qu’elle pourrait poser légèrement le pied par terre après les trois premières. Elle était tellement rayonnante en sortant de la salle privée où l’homme de l’art lui avait tripoté savamment et assez longuement le mollet que je me suis demandé une seconde si elle ne lui avait pas fait une turlute en échange ! Moi, j’me sens mieux depuis mes transfusions à tel point que ma femme monopolise à plein temps mon fauteuil roulant et que je dois de nouveau utiliser ma canne ou mes béquilles pour me déplacer au lieu d’être trimballé comme un roi fainéant par mon pote. Ça ne le repose cependant pas car c’est elle qu’il doit pousser maintenant même pour aller pisser ! Il n’ose pas encore se plaindre mais il s’est chopé des ampoules à force de pousser le fauteuil ce qui le handicape un chouïa pour mettre et desservir la table dans le jardin, ouvrir les parasols, porter les plats, aller chercher les bouteilles dans le cellier, vider les poubelles et le plat des chats qui continuent de refuser de chier dans la nature et qui préfèrent nettement leur litière puante à l’herbe odorante de la pelouse. Dès qu’il est un peu tranquille à la maison, il en profite pour faire les courses, aller chez le poissonnier, le boucher, le boulanger, le marchand de légumes sans oublier le pharmacien. Il ne se farcit les grandes surfaces que pour la lessive, le produit lave-vaisselle, les essuie-tout, les rouleaux de PQ, les packs de bière, les jus de fruits et l’eau minérale. Comme il est quelquefois un peu distrait et qu’il oublie la liste qu’on lui dicte avant qu’il parte, il doit y retourner. Du coup il doit assez souvent aller à la station-service prendre de l’essence. Sa femme est venue passer le week-end croyant se reposer mais elle est vite repartie prétextant un boulot urgent à Paris. On a fait la connaissance de madame la Maire, fort désagréable. « Je ne vous serre pas la main, il est trop sale !» dit-elle d’un air dégoûté à Olivier en balançant sur le pas de la porte un de nos sacs poubelle prétendument mal trié qu’elle nous rapportait. Lundi matin, le ramassage n’ayant lieu qu’une fois par semaine, mon copain avait déposé au bord du chemin, à 50 mètres de la maison, des boîtes en polystyrène, des emballages en carton, quelques bouteilles et un seul sac d’ordures proprement ménagères dans lequel, comme il n’était pas plein, il avait glissé le petit sac dans lequel je ne jette que mes déchets de papiers. Les éboueurs, mécontents de l’amalgame, avaient tout laissé sur place et avait collé sur le sac une étiquette expliquant leur refus. Le lendemain, en râlant, on avait rempli le coffre de notre voiture avec tous nos déchets et, après avoir tenté de comprendre les indications écrites et dessinées quasiment imbitables figurant sur les quatre énormes containers érigés derrière l’église et qui défigurent tout le paysage, on avait du mieux qu’on avait pu, balancé chacun de nos déchets dans les orifices prévus. Mais comme aucun d’entre eux n’était apparemment destiné aux ordures domestiques, on laissa subrepticement notre sac restant entre deux d’entre eux. Le malheur voulut que nous oubliâmes d’enlever l’étiquette collée dessus par les dénonciateurs et sur laquelle ils avaient noté notre adresse. Madame la maire écolo-bornée l’avait aussi sec repéré au premier coup d’œil au cours de sa ronde ! On a bien pensé aller dorénavant lui balancer systématiquement nos saloperies devant chez elle, mais comme on n’est pas chez nous et que la maison appartient à ma fille, on a dû, hélas, se faire une raison. En tout cas, les éboueurs-corbeaux du village, n’auront pas d’étrennes au jour de l’an ! À la semaine prochaine !
Posted on: Wed, 07 Aug 2013 08:18:03 +0000
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