Mohamed Abed Al-Jabri محمد عابد الجابري (né le 27 - TopicsExpress



          

Mohamed Abed Al-Jabri محمد عابد الجابري (né le 27 décembre 1935 à Figuig, décédé le 3 mai 2010 à Casablanca) est un des plus brillant philosophe marocain. Il est un spécialiste de l’histoire de la pensée arabe. On lui doit, entre autres, une somme philosophique intitulée Critique de la raison arabe (Naqd al-aql al-arabi) en quatre volumes.il considère AVERROES comme le précurseur du rationalisme.Il refusa laccès à lacadémie royale du Maroc et des multiples prix offert de part le monde... Mohammed Abed al-JABRI Naqd al-‘aql al-‘arabî (Critique de la raison arabe : CRA), c’est une tâche à la fois aisée et ardue. Elle est aisée, du moment où l’on peut dire que nous évoluons ici, comme pour la CRA, au sein du patrimoine culturel arabo-musulman. Mais elle est ardue car nous ne pouvons – du moins pour le moment – savoir exactement si le traitement de ce sujet constitue une sorte de fondement à ce qui précède, qu’il sert de « suite et (de) complément » ou qu’il constitue un sujet tout à fait différent. Une chose est néanmoins certaine : nous frappons à une toute autre porte, et nous nous sentons à présent, après avoir fini les quatre volumes de la CRA, plus disposés qu’auparavant à manier les clés de cette porte. Cela ne signifie nullement que nous considérons cet ouvrage comme un couronnement d’une série, pour la simple raison que nous n’avons jamais eu l’idée d’évoluer selon les épisodes d’une quelconque série. Comme nous l’avons toujours répété, nous avons commencé nos écrits sur le patrimoine culturel par des essais d’ordre philosophique. Lesquels essais se sont enchaînés au fil du temps et non à partir d’une conception préalable. Nous avons par la suite décidé de les regrouper dans un ouvrage (Nahnu wa-t-turâth, 1980). Or, en écrivant l’introduction de cet ouvrage, nous avons eu subitement l’idée d’en écrire un autre portant sur la critique de la raison arabe… Une fois ce dernier achevé, nous avons jugé nécessaire de l’étaler sur deux volumes, le premier portant sur la formation et le second sur la structure. Mais à peine avons-nous achevé la conclusion de ce dernier, ne voilà-t-il pas qu’un nouveau sujet nous interpelle : la Raison politique arabe. Et quand nous étions en train d’apporter les dernières touches à ce dernier ouvrage, l’éthique nous interpelle à son tour : l’éthique ne constitue-t-elle pas un élément de politique au sein de la philosophie ? Et puis, la conduite de l’esprit n’était-elle pas liée à la conduite de la Cité ? Nous avons achevé d’écrire la « Raison éthique arabe » début 2001, nous étions alors pris d’un sentiment d’extase comparable à celui que ressent un promeneur en pleine forêt quand il découvre une clairière. Mais à peine avons-nous commencé à nous frictionner les yeux, éblouis par la lumière de l’espace/vide qui entourait la forêt, que les interrogations de quelques amis nous assaillirent de toutes parts : Et après ? Certains d’entre eux ont émis eux-mêmes des réponses, en proposant un ouvrage sur l’esthétique dans la pensée arabe, eu égard au rapport entre ce sujet et l’éthique, puisque les deux constituent une recherche sur les valeurs. D’autres encore ont proposé un ouvrage sur la pensée scientifique arabe, puisque les ouvrages précédents ont traité de la pensée grammaticale, juridique, rhétorique, politique et éthique, de religion, de théologie (kalâm) et de philosophie. A la même époque – ou un peu avant – un ami saoudien m’a fait part de cette proposition – alors que nous allions en voiture chez un ami commun dans la ville de Riyad : pourquoi le prochain ouvrage ne porterait-t-il pas sur le Coran ? A vrai dire, les trois sujets nous venaient souvent à l’esprit, même avant l’achèvement des volumes de la CRA, mais nous les écartions du domaine de pensé qui nous est propre, car un autre sujet nous occupait : écrire quelque chose sur la « pensée européenne » ! C’était le sujet qui nous tentait jusqu’à l’été 2001. Mais ce qui arriva au mois de septembre de la même année, les évènements graves qui s’ensuivirent ainsi que les réactions qu’il suscita – et où la raison était totalement absente, comme elle l’était d’ailleurs dans l’acte qui a suscité ces réactions, et qui n’était lui-même qu’une réaction – et le grand branle-bas que cela provoqua au sein de la pensée aussi bien arabo-musulmane qu’européenne, toutes ces raisons nous ont amenés à penser à une « Introduction au Coran ». Nous étions en cela poussés par une profonde volonté à faire connaître le Coran aux lecteurs arabes et musulmans, mais également aux lecteurs étrangers (non arabophones). D’une part, pour l’éloigner de l’instrumentalisation idéologique et prédicatrice. D’autre part, pour faire découvrir à un grand nombre de gens – qui se trouvent dans la situation qu’illustre, on ne peut mieux, l’adage : « on est toujours ennemi de ce que l’on ignore » – l’espace coranique comme un texte fondamental qui a présidé à l’édification d’un monde nouveau. Un monde qui fut un carrefour où se croisaient, d’une manière inédite, des civilisations et des cultures d’une grande diversité. Un monde qui subsiste encore de nos jours, entendons le monde arabo-musulman : ce monde qui charrie non seulement le passé, mais également le futur avorté, à un moment où il est devenu un marché où foisonnent nombre de slogans, d’ailleurs loin d’être innocents, tels le choc des civilisations, le dialogue des civilisations, le dialogue des cultures, le dialogue des religions, ou encore la réforme, une réforme qui n’est pas seulement politique, mais une réforme religieuse, culturelle, et ainsi de suite ! Du coup, l’on peut dire que la réflexion à l’élaboration de cet ouvrage est venue, en quelque sorte, en réponse aux circonstances de l’après septembre 2001 ; et ce, de la même manière que Nahnu wa-t-turâth, et partant les quatre volumes de la CRA, peuvent être considérés comme une réponse aux circonstances de la fameuse naksa (débâcle) vécue par le monde arabe après 1967. Circonstances qui incluent aussi la guerre d’octobre 1973 et les bruits qui couraient alors, concernant un certain éveil islamique accompagné, dépassé ou remplacé par la révolution de Khomeiny en Iran… D’évidence, lorsque nous faisons le lien entre ce qui est désormais appelé « le projet de la critique de la raison arabe » – projet où nous avons opté pour la critique épistémologique au lieu de la critique idéologique, et où nous avons nettement penché pour le rationalisme et la démocratie – et les mutations qui ont suivi la naksa de 1967 ; et lorsque nous faisons le lien entre le présent ouvrage – et sa suite – et les mutations qui se sont déclenchées avec les évènements de septembre 2001, nous ne faisons qu’accomplir une lecture a posteriori de ce que nous avons réalisé. A posteriori, car nous n’étions pas directement préoccupés par ces évènements et ces mutations : nous n’avons jamais intégré nos impressions et nos réactions vis-à-vis de ces évènements dans les ouvrages dont il est question ici. Mais cela était le cas dans d’autres articles et ouvrages que nous avons écrits. Autrement dit, nous étions, à l’occasion de ces ouvrages qui prolifèrent de Nahnu wa-t-turâth, et dont fait partie le présent ouvrage, comme celui qui observe une grande rue à partir d’une fenêtre. Nous ne pouvons nous voir en train de traverser cette rue que nous observons. Mais force est de reconnaître que lorsque nous écrivions des articles et des ouvrages en dehors de l’horizon de Nahnu wa-t-turâth, évoluant dans le tumulte de ladite grande rue, nous ressentions sans cesse la fenêtre nous épier. C’est là en réalité l’un des aspects de la dialectique du politique et du culturel qui caractérise notre parcours intellectuel depuis le moment où nous avons eu conscience que nous y frayons notre chemin : la dialectique qui consiste à faire la lecture de l’histoire moyennant la politique, et faire de la politique – en pratique et en théorie – en s’inspirant de l’histoire. Et s’il est une chose dont nous pouvons nous enorgueillir, c’est bien le fait d’embarrasser la politique par l’histoire et non l’inverse. Il s’agit donc dans le présent ouvrage d’une introduction au Coran, répartie sur deux volumes : le premier visant à faire connaître le Coran et le second traitant de thèmes liés au Coran. Quant au second volume[1], nous en parlerons quand nous le présenterons aux lecteurs. Mais pour en revenir au présent volume, il est constitué de trois sections : la première est consacrée à la mise en évidence de la communauté de l’origine des trois religions révélées ; dans la seconde nous avons suivi le parcours de la génération et de la genèse du noble Coran. La troisième est consacrée à l’analyse des récits coraniques. Celle-ci peut paraître comme une simple annexe, il n’en demeure pas moins qu’elle reflète nettement les thèmes des deux premières. Par ailleurs, l’adoption de l’ordre chronologique de la révélation – au lieu de celui du Mushaf (la vulgate que nous connaissons aujourd’hui et qui remonte au temps de ‘Uthmân) –, pour suivre les récits coraniques, nous a permis de mettre en évidence la fonction de ces récits, en tant que moyen utilisé par la Da‘wa muhammadienne pour affronter ses adversaires ; et du coup, l’harmonie entre la sîra du Prophète et l’évolution du parcours de la génération et de la genèse du Coran. Ce qui n’aurait pas été possible si nous avions emprunté la voie des auteurs, anciens et contemporains, qui ont travaillé sur le sujet et ont traité les récits coraniques comme des évènements historiques, en prenant comme référence les fameuses isrâ’iliyât (données juives, bibliques et talmudiques intégrées à l’exégèse), au lieu de les traiter comme des évènements coraniques qui ont leurs propres raisons de révélation, et partant, leurs propres objectifs et finalités. Enfin, ce premier volume est fait de politique et d’histoire ! Peut-on d’ailleurs séparer la Da‘wa muhammadienne de la politique et de l’histoire ? Peut-on séparer, dans le Coran, religion et politique ? Peut-il y avoir une réforme de notre présent sans celle de notre compréhension du passé ? Ce sont autant de questions qui actualisent la méthodologie/vision que nous avons adoptée depuis Nahnu wa-t-turâth, et qui se résume en une seule phrase : rendre le « lu » contemporain de lui-même et en même temps contemporain de nous. Mohammed Abed al-JABRI
Posted on: Tue, 15 Oct 2013 08:54:30 +0000

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