Monsieur le Président de la République, Il faut en convenir, - TopicsExpress



          

Monsieur le Président de la République, Il faut en convenir, nous navons pas la même vision de lagriculture. Ce que nous avons entendu dans votre discours de Cournon le démontre. Nous espérions que vous assumeriez franchement lambition que vous avez affiché avec la mise en place dune répartition véritablement juste des aides qui viendrait fortement soutenir les éleveurs et favoriserait lemploi paysan. Permettez-nous de revenir sur quelques éléments qui pourront dissiper le mirage de vos annonces. En premier lieu, vous navez pas osé avoir lambition de plus de justice. LUnion européenne vous laissait le choix, entre 60 et 100% de convergence. Vous avez choisit de rester dans la fourchette basse, de ne pas « déséquilibrer », avec seulement 70% de convergence et une limitation des pertes à 30%. Par conséquent, cest essentiellement le cadre imposé par lUnion Européenne qui fera évoluer les aides vers plus déquité. Vous navez pas voulu aller plus loin. Vous dites soutenir lemploi par la surprime aux 52 premiers hectares, censée soutenir les fermes les moins grandes, car ce sont celles qui créent le plus demploi. Puisque nous lui en avions soufflé lidée, nous compatissons avec votre ministre de lAgriculture qui sest battu au niveau européen pour lobtenir, avant de se voir désavoué par vos soins. Au lieu de la doter de 30% des aides du premier pilier, vous ne lui en laissez que 20% et de façon progressive. Le coup de pouce est encore bien loin des attentes. Votre leitmotiv, cest lannonce de la réorientation dun milliard daides en faveur de lélevage. Mais nous ne sommes pas dupes. En grattant un peu le vernis, on se rend vite compte quil ne vient que confirmer les inégalités du système, et favoriser lagrandissement et lindustrialisation de lagriculture, aux dépends de lemploi paysan. Dans les 13% daides couplées, vous auriez pu choisir de venir soutenir les productions les plus en difficultés. Les producteurs de fruits et légumes ainsi que les éleveurs de petits ruminants attendaient beaucoup de votre part, mais vous nen avez pas dit un mot. Vous avez, par ailleurs, assuré que laide aux vaches allaitantes serait maintenue, tout en précisant que tous les animaux présents sur la ferme seraient désormais concernés… De la sorte, le soutien par animal se verra sans doute diminué, au détriment donc des plus petits. Pour faire passer la pilule dune convergence et dune majoration minimales, vous relevez de 300 millions deuros lIndemnité compensatoire de handicap naturel (ICHN*). De nombreux paysans de ces territoires attendaient ces mesures qui leur auraient apporté une véritable bouffée doxygène. Cest presque le tiers de ce fameux milliard qui devrait être alloué à lICHN* ! Lenthousiasme est vite retombé puisque cet argent servira à donner une aide à lherbe (équivalente à lancienne PHAE*) à tous les éleveurs, au lieu de viser ceux qui en avaient le plus besoin, à étendre lICHN* à de nouveaux destinataires (éleveurs laitiers de piémont et zones défavorisées), etc. Et que dire du doublement du Plan de modernisation des bâtiments délevage (PMBE*) ? Avez-vous là un autre objectif que de contribuer à restructurer, agrandir, sur-mécaniser, alors que les revenus des éleveurs sont en dessous du SMIC* et lavenir de nombre dentre eux si incertain ? Même sur linstallation, vous nêtes pas allé jusquau bout. Vous aviez la possibilité de prendre 2% du budget et de donner un signal fort pour lavenir. Les 1% que vous avez choisi daccorder à linstallation ne suffiront certainement pas à assurer un nombre conséquent de nouveaux paysans chaque année. Nous navons pas manqué, aussi, de remarquer que lagro-écologie, chère à votre ministre, avait disparu de votre discours. Dans les faits, vous avez choisit un verdissement fonction de la référence historique et non forfaitaire. Pour un effort environnemental similaire, même minime, ce sont donc encore les mieux dotés qui en profiteront le plus. Dans le second pilier, vous annoncez un doublement des Mesures agro-environnementales (MAE*) et de la bio. Cest une bonne chose mais, même avec la modification des taux de cofinancement, difficile de comprendre doù va venir tout cet argent. Monsieur le Président, ce nest pas de ce modèle agricole dont le monde paysan a besoin. Vous aviez, avec le cadre imposé par lUnion européenne, la possibilité de changer lorientation de lagriculture. De donner une chance au secteur dêtre à nouveau porteur davenir avec des emplois nombreux dans des territoires ruraux vivants. Vous pouviez choisir une convergence à 100% et la fin rapide des références historiques qui auraient permis de supprimer des disparités héritées dun autre temps. Des aides couplées ciblées et plafonnées sur la base des revenus agricoles auraient pu assurer la diversité de notre agriculture en redonnant du souffle, en particulier, à lélevage de petits ruminants et aux producteurs de fruits et légumes. Une majoration conséquente sur les premiers hectares aurait permis de rééquilibrer la balance, suite à la convergence, entre grands exploitants et petites/moyennes fermes. Elle aurait favorisé lemploi, concrètement. Mais pour la première fois, par votre arbitrage, la France va moins loin que lUnion Européenne. Vous connaissez nos revendications, en particulier la majoration des premières unités, le plafonnement des aides et la prise en compte de lactif paysan. Ce sont des principes fondamentaux pour une agriculture qui fasse vivre ses paysans, qui soit créatrice demplois, dans des territoires vivants et un environnement respecté. Ces revendications, nous les portons depuis des années, que ce soit dans le cadre des négociations européennes ou de la campagne « Sauvons lélevage » pendant laquelle vous avez été interpellé. Nous vous demandons donc, avec insistance, de changer de cap. Cest votre responsabilité en tant que premier représentant de lEtat. Monsieur le Président, nous sommes à votre disposition pour vous présenter les mesures concrètes pour une PAC* véritablement redistributive, véritablement tournée vers lélevage et lemploi, véritablement porteuse de justice sociale. Dans lattente de votre réponse, très attendue par les paysans, nous vous prions dagréer, Monsieur le Président, lexpression de notre très haute considération.
Posted on: Sat, 19 Oct 2013 19:44:18 +0000

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