Montréal, 27 septembre 2013. C’est avec un grand étonnement - TopicsExpress



          

Montréal, 27 septembre 2013. C’est avec un grand étonnement que s’est dénoué ce mois-ci, à la cour du Québec, un évènement qui traînait comme un boulet à ma cheville depuis bientôt quatre ans. On dit souvent que le temps passe trop vite. Eh bien, on dit aussi que le temps est relatif. Si j’en parle aujourd’hui, c’est dans l’espoir de faire une petite différence en osant dire ce que tant de victimes taisent. J’ai la chance d’avoir la capacité d’en parler ouvertement, peut-être parce qu’aujourd’hui je peux enfin dire que tout ça est derrière moi, même si j’en porterai toujours les marques. La raison principale de cette lettre reste tout de même de dire merci. Merci à tous ceux qui ont été là pour me supporter. À tous ceux qui m’ont apporté leur soutien malgré la lenteur des démarches et parfois même la lenteur de mes propres décisions. Votre présence a été d’une aide inestimable. Je tiens aussi à remercier le service de côté cour parce qu’ils amènent un peu d’humanité dans cette grosse machine qu’est le système judiciaire. Au cours de ces quatre ans j’ai subi de maintes fois : voies de faits, violences physique et psychologique, chantage, menaces de mort, menace à ma famille et mon entourage et surtout BEAUCOUP de pression afin que j’abandonne mes démarches. Non seulement de la part de l’agresseur, mais aussi des autorités et de l’entourage. Cela m’a pris une force et des efforts considérables pour ne pas céder à cette pression et à la complexité des démarches en question, sans parler de la négligence professionnelle subit autant de la part des forces policière que des services de santé. Sans parler du jugement auquel on fait face dans une situation semblable et de tous les conseils, aussi humains soient-ils, de rage, de colère et de vengeance que m’ont prodigué, certaines fois à mon grand étonnement, les gens autour de moi et auxquels je n’ai pas cédé nomplus. J’aimerais remercier, surtout, tous ceux qui ont usé de patience avec moi, qui m’ont écouté d’une oreille attentive des tonnes de fois sans jamais que j’ai l’impression d’être un fardeau. À tous ceux qui n’ont pas prononcé de mots tels : > ou encore > car ces mots ont un impact désastreux sur une personne très affaibli qui a déjà l’impression de quémander. Malgré tout, je ne pourrai jamais revenir en arrière et j’en porterai toujours les blessures. En me posant la question sur ce que je pouvais faire pour rendre un peu, à mon tour, toutes les tappes dans le dos, les encouragements, l’écoute, les précieux conseils et tout le soutien auquel j’ai eu droit, j’ai réalisé que très peu de femmes dans cette situation ont droit à un tel soutien. Alors, j’ai décidé d’en PARLER. De dire à quel point vous êtes important et ave le pouvoir d’aider à changer les choses. Aussi, parce que trop peu ose partager une telle expérience. J’ai donc décidé de le dire (l’écrire) haut et fort. LA VIOLENCE CONJUGALE EST INNACCEPTABLE. Il y a des recours et surtout on doit dénoncer! J’aimerais aussi démystifier un fait que très peu de gens conçoivent. On ne tombe pas dans un enfer pareil comme Obélix est tombé dans la potion magique. On ne se lève pas du jour au lendemain avec un conjoint violent. C’est un processus qui s’insinue progressivement et qui commence la plupart du temps en milieu familiale. Le contexte familiale prépare bien souvent les jeunes filles, qui finissent par en écoper, à encaisser et à tolérer de tels actes voir même à finir par les accepter. Les notions de compréhension et d’acceptation sont fortement biaisées. Il est possible de comprendre pourquoi les gens agissent de façon agressive sans toutefois enregistrer que cela est acceptable. Lorsque le contexte agressif ou abusif est vécu depuis très jeune, ce concept est malheureusement très déformé par l’enseignement reçu. Ces jeunes filles, maintenant devenues femmes, tendent à minimiser ces gestes, à les excuser et ont beaucoup de difficulté même à les identifier. Elles ont appris à dédramatiser ces évènements, ce qui est très dangereux. Dans le même ordre d’idées, au sein du couple même, les agresseurs ont souvent un tempérament très séducteur, manipulateurs, sur d’eux et très amoureux. Ils ne se présentent pas du jour au lendemain comme des gens agressifs. Les problèmes relationnels tendent à s’ajouter progressivement, sournoisement, un à un. La victime se remet en question, négocie, tricote, patine pour comprendre ce qui lui arrive. Viens un temps où elle est si épuisée psychologiquement qu’elle devient comme figée. Elle ne comprend pas comment les choses ont pu dégénérer si vite (parce qu’elle n’a pas su reconnaitre les signes à temps) et se sent complètement impuissante face à sa situation. La plupart du temps le conjoint insiste sur la responsabilité de la victime, qui finit souvent par croire que ce qui lui arrive est réellement de sa faute. Le plus triste, c’Est que parfois l’entourage même de la victime aide à renforcer cette image qu’elle se fait de la situation. NE PORTEZ PAS DE JUGEMENT. Cela pourrait être votre mère, votre sœur, votre cousine ou meilleure amie. Ces gestes ont des conséquences irréparables. Parmi les conséquences les plus incomprises par la victime elle-même et l’entourage : La dépression, l’insomnie, le désespoir (senti comme irrationnel) aux extrêmes de l’anxiété, l’abus de substances, l’évitement (auto-défense psychologique), la dépersonnalisation, l’envi de mutilation, les pensées suicidaire, la paranoïa, les troubles alimentaires et biens d’autres. Cela peut facilement même aller jusqu’à l’hospitalisation en milieu psychiatrique, la perte d’emploi, de famille, d’amis et la perte total de confiance en soi. Souvent, les raison de ces troubles sont mal identifiées, on ne les relie pas nécessairement aux actes criminels, on ne dépiste pas toujours la violence conjugale et familiale comme en étant la cause. Aussi curieux que cela puisse paraitre, on traite souvent les victimes comme des personnes bonasses, soumises, dépressives, bipolaires ou psychotiques. Ces femmes n’ont rien de détraquées. Elles ont de forts traumatismes qui les poussent à agir d’une façon qu’on juge incompréhensible. Étrangement, on ne juge pas de la même manière les anciens comptants qui deviennent malades de leurs vies traumatisantes. On a plutôt tendance à une compréhension des signes post-traumatiques, voir même les féliciter fièrement de s’être battu pour nous. Pour ma part, je sais que toutes ces femmes mènent un combat plein de souffrances. J’ai eu peur de mourir. J’ai pensé que cela ne se terminerais jamais. Aujourd’hui je sais que tous les pas que j’ai fait, tirant ce poids, tous les encouragements sur ce long et pénible parcourt ont finalement mené à la fin de cette marche tragique et ont grandement facilité un pas beaucoup plus aisé. MERCI MILLES FOIS! Clémence Tremblay P.S. À faire circuler LIBREMENT, parce que c’est important.
Posted on: Fri, 27 Sep 2013 20:13:43 +0000

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