Moyen-Orient : l’eau, arme de guerre L’eau est aussi la - TopicsExpress



          

Moyen-Orient : l’eau, arme de guerre L’eau est aussi la source elle-même ou une des causes de tensions internationales. Dans ce qu’on appelle les zones arides, Afrique du Nord, Moyen-Orient, Asie centrale... la concurrence pour l’accès à la ressource eau est à l’origine de nombreux conflits, voire de guerres, parfois depuis bien longtemps. Et, avec la désertification en cours dans certaines régions, il est probable que la situation se dégrade encore. On pourrait citer le cas de l’Égypte, en conflit pour les eaux du Nil avec les pays situés en amont et notamment l’Éthiopie, à qui elle interdit de construire des barrages, menaces militaires à la clé. Un peu plus loin, la Turquie, superpuissance militaire et économique locale, est en concurrence de plus en plus exacerbée avec la Syrie et l’Irak pour le partage des eaux des deux grands fleuves régionaux que sont le Tigre et l’Euphrate. La construction des barrages pour servir les projets d’irrigation turcs en Anatolie pourrait priver la Syrie et l’Irak d’une grande partie de leurs ressources en eau. Au Moyen-Orient, dans le conflit entre Israël et ses voisins : Palestine, Jordanie, Liban et Syrie, l’eau est une véritable arme politique. L’eau n’est évidemment qu’un aspect du conflit, mais emblématique. C’est même devenu un instrument d’oppression. Une partie de la politique de guerre et d’annexion d’Israël est directement liée à cette question de l’eau. Toute la région est en « stress hydrique » permanent, et l’eau est une ressource stratégique. Israël occupe ainsi depuis la guerre des Six Jours en 1967 le plateau syrien du Golan, avec ses nombreuses sources d’eau. En 1977, un ministre israélien écrivait à ce sujet, je cite : « les besoins stratégiques globaux d’Israël nécessitent le contrôle du Golan car il s’agit de la défense de nos principales sources d’eau ». Depuis ce temps, la Syrie, menacée d’une pénurie grave à moyenne échéance, n’a pu que pleurer auprès de l’ONU… qui pondra peut-être un jour une résolution appelant à un juste partage des ressources en eau de la région, après avoir produit une résolution condamnant l’annexion du Golan par Israël en 1981, avec l’efficacité que l’on connaît… Mais c’est évidemment en Palestine et dans les Territoires occupés que la situation est particulièrement révoltante. Les Territoires palestiniens comportent cinq sources principales d’eau : en Cisjordanie, le fleuve Jourdain plus trois nappes phréatiques ; dans la bande de Gaza, seulement la nappe phréatique côtière. Dès 1949, l’État hébreu naissant avait commencé à réduire le développement des puits en Cisjordanie, alors sous administration jordanienne. Ensuite, pendant l’occupation de la Cisjordanie par l’armée israélienne à l’issue de la guerre des Six Jours, 140 pompes à eau palestiniennes ont été rapidement détruites, et les Palestiniens se sont vu interdire l’accès au fleuve Jourdain. Les terres et les fermes des Palestiniens situées le long de la rive occidentale du fleuve Jourdain ont été confisquées, leurs habitants ont été empêchés d’y retourner et la région déclarée zone de sécurité militaire. Des ordonnances militaires ont alors mis en place de nombreuses restrictions visant les Palestiniens : interdiction de forer de nouveaux puits sans autorisation préalable, expropriation de puits et de sources appartenant à des Palestiniens dits « absents », fixation de quotas de prélèvement. De plus, les Palestiniens pouvaient seulement creuser jusqu’à 140 mètres de profondeur, contre 800 mètres pour les colons, qui peuvent ainsi exploiter l’épaisseur complète des nappes phréatiques. Depuis cette époque, les choses se sont encore dégradées. Le mur de séparation construit par l’État hébreu depuis 2002 dans les Territoires palestiniens, sous prétexte d’arrêter les terroristes, permet également de contrôler l’accès aux eaux souterraines et empêche définitivement les Palestiniens d’accéder au fleuve Jourdain. Le dense réseau de puits mis en place par les Israéliens est si profond et si puissant qu’il génère un assèchement des sources et des puits encore à la disposition des Palestiniens. Depuis 2007, les trois nappes cisjordaniennes sont considérées comme surexploitées, c’est-à-dire qu’elles se vident plus vite qu’elles ne se remplissent. Quant à la nappe phréatique côtière de Gaza, elle est d’ores et déjà infiltrée par l’eau de mer et très polluée par les nitrates. De plus, Palestiniens et colons déversent une grande partie de leurs eaux usées et de leurs déchets sans traitement dans la nature, générant une pollution des eaux souterraines. Au final, pour satisfaire leurs besoins en eau, les Palestiniens disposent uniquement d’une quantité limitée d’eau pure provenant des nappes phréatiques et des sources, à peine 20 % des prélèvements effectués sur celles-ci, le reste provenant de la collecte des eaux de pluie grâce à des réservoirs sur les toits des habitations, du recyclage (sans traitement) des eaux usées et… des camions-citernes venant d’Israël ! À l’inverse, les Israéliens sont les uniques utilisateurs du fleuve Jourdain et les principaux exploitants des nappes phréatiques cisjordaniennes. Quant au système de distribution d’eau des Palestiniens, il est connecté à celui des colonies israéliennes, dont il dépend par conséquent. Que ce soit en Cisjordanie ou dans la Bande de Gaza, les Palestiniens sont approvisionnés de manière intermittente, à raison de quelques heures seulement par semaine. Pendant les sécheresses, l’opérateur israélien arrête l’approvisionnement palestinien, mais pas celui des colonies. On trouve dans certaines villas de colons israéliens, piscine, jacuzzi, pelouse verdoyante quand les voisins palestiniens manquent d’eau pour leurs maigres cultures. À cause de la situation de conflit, la plupart des projets de coopération internationale visant à mettre en place ou rénover les infrastructures hydrauliques ont été suspendus ou annulés. Résultat : 25 à 40 % de fuites dans les canalisations ! En outre, l’intermittence du système de distribution palestinien provoque une dégradation de la qualité de l’eau (par infiltration d’eaux usées dans les canalisations d’eau potable), alors que les colonies israéliennes sont approvisionnées de manière continue. En fait, il est probable que l’État hébreu refuse de se retirer de certaines parties des Territoires palestiniens d’abord parce qu’il veut conserver cet accès stratégique à l’eau, malgré le coût économique et politique de l’occupation. Les grandes colonies en Cisjordanie auraient même été implantées de manière à pouvoir contrôler l’exploitation de l’eau. La notion de « Terres de nos ancêtres » n’a donc rien à voir là-dedans… Évidemment, les politiques de l’eau de l’État hébreu contribuent à renforcer le sentiment de spoliation et d’injustice des Palestiniens et ne font qu’exacerber le conflit déjà existant. Au final, le cas israélo-palestinien est un exemple frappant d’une situation où la pénurie d’eau, qui a des causes naturelles et qui justifierait une concertation et une planification à l’échelle régionale, se transforme en arme d’oppression. La gestion désastreuse de cette pénurie donne des arguments aux nationalistes et aux extrémistes religieux des deux bords, tandis que les familles s’épuisent à chercher l’eau qui leur manque
Posted on: Sat, 05 Oct 2013 21:37:28 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015