Moyen-Orient, l’été meurtrier ? Première partie Posté le 17 - TopicsExpress



          

Moyen-Orient, l’été meurtrier ? Première partie Posté le 17 juillet 2013 La Syrie, l’Egypte, Le Liban et la Jordanie Alors que la plus part des chancelleries occidentales repassent indéfiniment le même logiciel pour analyser les évènements au Moyen-Orient, la situation sur le terrain devient chaque jour plus préoccupante et volatile. Des fractures apparaissent de toutes parts et l’on se doit d’intégrer ces nouvelles données géopolitiques si l’on veut rester un acteur crédible de la région, où tout simplement pour en anticiper les impacts de manière appropriée et dont certains peuvent influer notre quotidien à plus ou moins long terme. L’effet domino syrien La « guerre civile » en Syrie, dont on ne voit pas l’issue à court terme, a déjà causé près de 100.000 morts, plus de 1,3 million de réfugiés, sans compter les déplacés et les destructions massives d’infrastructures. Ce conflit va affecter de manière durable non seulement l’économie du pays, mais également l’ensemble des Etats voisins du fait des déséquilibres démographiques engendrés qui vont fragiliser les pouvoirs en place. Le régime Alaouite de Bashar al-Assad dont l’avenir est très fortement compromis ne semble avoir rempoté quelques gains sur le terrain qu’au prix de renforts de troupes du Hezbollah libanais et des pasdarans iraniens. La République islamique d’Iran, pour préserver la survie de son allié à l’agonie, indispensable pour sa propre politique, joue là un jeu dangereux qui pourrait bien devenir le bourbier Vietnamien qu’ont connu les USA ou Afghan pour l’URSS. De leur côté, les rebelles sont divisés et chaque faction reçoit « un soutien qui n’est pas que logistique ». Les différents groupes islamistes sunnites, minoritaires, sont armés par des « régimes frères » et bénéficient de l’afflux de djihadistes étrangers, dont certains sont liés à al Qaïda. Cet état de fait pourrait changer de manière radicale avec la passation de pouvoir au Qatar. Quant à l’Armée Syrienne Libre, alors que l’Europe continue à s’interroger, elle reçoit désormais des USA et d’Israël un armement qu’officiellement on rechigne à lui donner. On a même gratifié l’Etat Hébreu qui officiellement ne l’a jamais reconnu, de plusieurs bombardements contre les forces du régime et du Hezbollah, dont le dernier il y a quelques jours dans la région de Lattaquié. La raison de ces interventions est la prévention d’un chaos qui ne manquerait pas de s’installer si la Syrie tombait aux mains des groupes djihadistes, eux même en proie à de vives luttes intestines. Il s’agit donc d’éviter « un scénario à la libyenne » avec la dissémination incontrôlée de matériel militaire sophistiqué et des armes de destruction massives. Le retour de bâton Egyptien Egyptian Minister of Defense Abdel-Fattah al-Sissi Général Sisi En Egypte, suite à un ultimatum de « satisfaire [sous 48 heures] aux revendications du peuple », Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans sunnites, a été démis de ses fonctions présidentielles par l’armée. Pourtant élu démocratiquement après la chute d’Hosni Moubarak, il aura fallu à peine plus d’un an pour que la rue rejette massivement sa politique et l’islamisation forcée à laquelle a été soumise la société. La population n’en pouvait plus de l’incapacité du gouvernement islamiste à gérer le pays, se traduisant par une économie sous perfusion et une pénurie intolérable. Excédés, les égyptiens ont réclamé, au cours de manifestations sans précédent, le départ de Mohamed Morsi, la liberté et la justice comme le revendiquait fièrement, il y a peu de temps encore le programme du président déchu. Le peuple amnésique a applaudi au coup de force de l’armée, oubliant un peu vite qu’il l’avait contrainte « hier » d’abandonner le pouvoir au profit des Frères musulmans. Dans la période de transition qui s’installe, la constitution est suspendue pour une durée minimum d’un an, et c’est le Président de la Haute cour constitutionnelle, Adly Mansour qui va assurer les fonctions de chef de l’Etat par intérim, en prévision de prochaines élections qui devraient avoir lieu avant 2014. En ce qui concerne la tête de l’exécutif, après une valse-hésitation sur la nomination du Premier Ministre par intérim, c’est finalement l’ancien Ministre des Finances Hazem el-Beblawi qui a été nommé. Quant à Mohamed El Baradei, l’ancien Directeur général de l’AIEA, un temps pressenti à ce poste, il occupera les fonctions de vice-Président chargé des Affaires étrangères. Ces nominations, si elles n’étaient pas contestées par les salafistes permettraient d’assurer, tout au moins pour un temps, un équilibre pour le moins précaire. Aujourd’hui, c’est à l’armée que revient le rôle de se porter « garant des institutions », d’assurer la « transition démocratique » et la stabilité d’un pays de 84 millions d’habitant au bord du gouffre, alors que l’on déplore de nombreux morts suite aux échauffourées entre les forces de l’ordre, les partisans des Frères musulmans et leurs opposants. Elle devra en outre faire face aux djihadistes du Sinaï, aidés par le Hamas palestinien qui ont transformé la péninsule en zone de non droit. Ils viennent d’envoyer plusieurs signaux sanglant dans ce sens. Par le passé, déjà, ils n’avaient pas hésité à faire savoir de manière spectaculaire aux Frères musulmans que leur politique était trop modérée à leur gout. En effet, malgré son positionnement idéologique proche du Hamas et ses critiques très dures envers Israël, Mohamed Morsi n’avait ni remis en cause les accords de paix avec Jérusalem, ni changé de manière significative la politique d’étanchéité avec la bande de Gaza qui prévalait du temps de Moubarak. Dans ce contexte, quelle sera l’attitude des islamistes qui considèrent ce qui vient de se passer comme « un coup d’Eta intégral ». Va-t-il se constituer une convergence opérationnelle entre djihadistes et Frères musulmans, ou ces derniers vont-ils essayer de reconquérir le pouvoir par les urnes lors des prochaines élections ? Pour l’heure, nul ne le sait. Le pays des pyramides est à la croisée des chemins et la moindre étincelle pourrait le faire sombrer dans la guerre civile. Le Liban et le spectre des Balkans Le pays du cèdre, pourtant cité en exemple de pays multiculturel, n’a connu que de rares périodes de tranquillité, entre guerre civile, et occupation syrienne. Les fissures entre les différentes composantes de la société sont en train de devenir béantes. Le rôle délétère du Hezbollah shiite, allié de Damas et de Téhéran, avec sa « guerre de résistance » autoproclamée envers « l’ennemi sioniste », s’est vu amplifié par sa participation directe au conflit syrien, ce que ne lui pardonne ni les sunnites, ni les chrétiens du « courant du 14 mars », contestation à laquelle se rallie désormais les druzes de Wallid Joumblatt. Un incident très préoccupant qui a eu lieu à Saïda, montre que l’on est encore monté d’un cran vers l’implosion. L’armée sensée être le dernier rempart de l’unité du pays contre les divisions confessionnelles, ne joue désormais plus ce rôle, et cela au grand jour. En effet, on a vu il y a peu des militaires d’obédience chiites opérer sous les ordres de miliciens du Hezbollah afin d’attaquer le Cheikh extrémiste sunnite, Ahmad al Assir, et ses hommes. Peu importe les raisons invoquées, bonnes ou mauvaises, pour justifier cette action, il s’agit là d’un grand pas vers la dislocation de cette institution nationale. Désormais, les libanais ont bien compris qu’ils sont assis sur une bombe prête à exploser à tout instant, ce que ne fait que confirmer le récent attentat à la voiture piégée dans la banlieue chiite de Beyrouth qui pourrait être une macabre réponse du berger à la bergère. Pour rajouter à la dangerosité de la situation, il est à craindre que Téhéran, si les évènements l’exigeaient, n’hésiterait pas à demander à la milice chiite d’Hassan Nasrallah d’ouvrir un troisième front vers Israël, plongeant ainsi le pays dans le cauchemar. La Jordanie, entre le marteau et l’enclume Au royaume Hachémite, le Roi fait l’objet d’une contestation grandissante, en lien avec la crise syrienne, où les réfugiés ne cessent d’affluer menaçant la stabilité du pays, et du fait de revendications internes aussi bien religieuses que politiques. Les islamistes, à l’instar de la Tunisie et de l’Egypte, rêvent de renverser Abdallah II et de mettre en place un gouvernement qui appliquera une politique plus en phase avec leurs aspirations : la dénonciation des accords de paix avec Israël et l’application de la Charia, voire le retour au Califat, sorte d’« Etats-Unis islamistes ». Les palestiniens, représentant un tiers de la population du pays, ne sont pas en reste. Certains n’ont pas oublié que le royaume de Transjordanie est issu de la division de la Palestine mandataire et que de 1948 à 1968, il occupait la Cisjordanie, avant les israéliens. Ils envisagent au mieux une fédération de la Jordanie avec le futur Etat palestinien, ou à l’extrême la fusion pure et simple de l’ensemble des territoires incluant la Cis (Autorité palestinienne actuelle) et la Transjordanie (Jordanie), Gaza et Israël. Hussein, le père de l’actuel monarque, en son temps, avait déjà eu à faire face à des tentatives de coup d’état fomentés par l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) de Yasser Arafat aidé par l’armée syrienne. Il avait réglé le problème par la force en 1970, ce que l’on a appelé les évènements de « Septembre noir » qui s’étaient soldés par la mort de plus de 10.000 personnes, et l’expulsion au Liban de l’icône palestinienne, avec les conséquences que l’on sait. Pour prévenir la dégradation de la situation, les USA ont déployé des forces importantes sur le terrain. Reste à savoir si cela sera suffisant pour faire face à une escalade généralisée. par Hagay Sobol Tribune Juive.
Posted on: Thu, 18 Jul 2013 07:11:48 +0000

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