Municipales 2014 - Pas d’alliance UMP/FN à Mulhouse Jean Rottner dit non à P. Binder. (DNA du 15/06/2013 - G.G) Dans un courrier adressé lundi à Jean Rottner et rendu public hier, le leader du FN Patrick Binder appelle le maire de Mulhouse au rassemblement pour barrer la route « au socialisme dogmatique de P. Freyburger ». Son offre de services a été – sans surprise – repoussée. C’est ce qu’on appelle un appel du pied. Alors que les élections municipales de mars 2014 se profilent, le chef de file de l’extrême droite mulhousienne a tenté cette semaine une manœuvre d’approche en direction du maire UMP Jean Rottner. « Face au danger de la démagogie freyburgienne », P. Binder propose à J. Rottner « de lancer dans les jours à venir une plateforme de réflexion pour définir comment lancer cette initiative de rassemblement pour l’avenir de notre ville. » Prônant « une stratégie d’entente », il demande aux militants de l’UMP, du FN, de Debout la République, ainsi qu’aux « centristes de droite et souverainistes de gauche » de créer un « Rassemblement Patriotique des Mulhousiens ». « Travaillons ensemble, écrit-il, car au-delà de nos divergences qui j’en suis convaincu sont en réalité très minimes, nous partageons de nombreuses idées […] La situation mulhousienne exige que nous dépassions nos clivages pour participer au redressement de notre ville. » « Ni les mêmes conclusions, ni les mêmes stratégies ». La proposition a été refusée par Jean Rottner. « Je conduis une équipe d’élus à l’image des Mulhousiens avec la diversité et le pluralisme nécessaires à l’exercice de ces responsabilités », a répondu jeudi le maire de Mulhouse. « Cela ne peut en aucun cas s’inscrire dans la “manœuvre “– je vous cite – que vous proposez. À titre personnel, et ce n’est pas une nouveauté, je partage les positions de mon mouvement au niveau national. Par ailleurs, de nombreuses raisons politiques et morales opposent irrémédiablement votre parti et les familles politiques représentées par les élus de l’exécutif municipal. Si je partage objectivement avec vous la condamnation de l’action menée par le gouvernement socialiste, je n’en tire pas les mêmes conclusions ni n’en érige les mêmes stratégies. » La réponse apportée par le maire de Mulhouse ne constitue pas une surprise au demeurant. Élu par le conseil municipal en mai 2010 suite à la démission de Jean-Marie Bockel appelé au gouvernement par Nicolas Sarkozy, Jean Rottner a régulièrement marqué ses distances avec l’extrême droite, regardant bien davantage du côté de ses alliés bockeliens de l’UDI et de La Gauche Moderne que vers la droite de la droite. En avril, il a d’ailleurs retiré leurs délégations à deux élus UMP de sa majorité dont il estime que les positions constituent « une dérive inacceptable ». Ceux-ci avaient assisté à une rencontre avec Marine Le Pen. Comment interpréter l’initiative de Patrick Binder ? Sans doute Patrick Binder sait-il qu’il lui sera difficile, voire impossible, d’emporter les élections ou de contribuer à l’exercice du pouvoir municipal sous la seule étiquette FN. Rappelons qu’en 2008, sa liste n’avait réuni que 10,34 % des suffrages. Difficile par ailleurs de ne pas lire sa proposition à la lumière de la prise de position récente de Marion Maréchal-Le Pen. Celle-ci s’est déclarée favorable à l’ouverture de discussions avec les maires sortants en vue de la constitution de listes municipales communes UMP-FN. Si la présidence nationale de l’UMP s’est positionnée contre, selon une enquête Uffington Post-Itélé, 50 % des sympathisants UMP y seraient favorables. Rapporté à la situation mulhousienne – et dans un contexte global de crise favorable aux thèses radicales – P. Binder en se posant en rassembleur et en poussant Jean Rottner à réaffirmer ses choix, peut espérer profiter des divisions internes à l’UMP, et récupérer les élus municipaux écartés en vue d’élargir sa base électorale.
Posted on: Wed, 26 Jun 2013 05:29:18 +0000
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