Notre chambre et son odeur bien à elle. Ça sent les draps frais, mais utilisés. Ça sent les nuits réparatrices, et certaines qui le sont un peu moins. Ça sent les inquiétudes qui se rendent jusqu’à l’oreiller. Celles qu’on accepterait, mais juste le temps d’une journée. Ça sent toi, qui me colles à 2 ou 3 heures du matin. J’ignore toujours l’heure à laquelle ton sommeil redevient fragile et que tu doives retrouver sa puissance dans le creux de ma nuque et de ma camisole blanche, pour les nuits où je la porte encore passé minuit. Nous n’avons ni cadran, ni télévision dans ce petit havre simpliste et unique. On peut donc mieux y croire que nous sommes ailleurs, n’importe quand. Ça sent les nuits frisquettes, celles où une couverture ne suffit pas. Ça sent les pleurs de fin de soirée, ceux que tu tentes toujours très docilement d’assécher. Ça sent aussi les matins hâtifs, ceux où l’on ne s’étire pas assez, comme on le voudrait, avant de démarrer une journée qui fait un peu dos à nos projets à tendance irréalistes. J’y retrouve parfois, clandestinement, l’odeur de tes songes sombres de grand garçon qui aimerait bien pouvoir séparer sa vie en fraction 50/50. Une moitié d’éternel enfant, une autre moitié à bâtir une vie magique avec mon être et un autre peut-être. Les soirées tardives, le vin entre 10 et 18 dollars à la SAQ, la crème Bath and Body Works, les rires éternels de notre vilaine habitude inoffensive, la musique pour corps nus, les déjeuners au lit, les trois millions de rêves discutés en boucle, les souhaits de bonne journée au chanceux qui peut retarder son lever… Ça sent beaucoup de choses, dans notre chambre. testamentaire
Posted on: Fri, 16 Aug 2013 21:39:20 +0000
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