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Nous vous proposons quelques articles traitant de la drogue aux Comores, pour vous montrer que le fléau est là et quil faut maintenant combattre Larchipel des Comores, en raison de sa position géostratégique et de ses difficultés socio-économiques et politiques, est devenu une plaque tournante du trafic international de drogue à destination de lEurope et de lOcéan indien. Puisque les contrôles sont de plus en plus stricts sur les frontières entre lAmérique du Sud et lAmérique du Nord et aussi sur les frontières entre lAfrique du Nord et lEurope, les cartels sud-américains et libanais par la complicité de Comoriens travaillant dans le commerce, à la Douane, à la Chambre de Commerce, dans la police et dans larmée, ont fait des Comores un point de transit de drogue, notamment la cocaïne et lhéroïne, vers lEurope et dautres îles de lOcéan indien à lexemple de Mayotte, Maurice et la Réunion. Néanmoins, le bangue, herbe de cannabis, une drogue de mauvaise qualité et à bon marché, est en circulation sur le territoire national où il est cultivé et consommé par de nombreux jeunes en raison du relâchement des mœurs par les parents, de la perte de repères socioculturels due à la rapidité des mutations sociales et économiques et surtout à cause du dénuement et de labsence dun Etat en tant que tel dans le pays. Wazé a 26 ans et habite à Madjadjou, quartier défavorisé de Moroni. Il raconte : « En 1997, alors âgé de 12 ans, un ami ma invité à fumer du cannabis avec lui. Jai répondu à son invite. Et depuis, jai continué. A chaque fois que je consomme de lalcool, je fume forcément de lherbe de cannabis. Et dieu seul sait combien de fois je consomme dalcool par semaine. » Al Pachino est âgé de 29 ans, ces propos reflètent une crise de dépersonnalisation puisque parle de mimétisme. « Je suis arrivé à la consommation de drogue en 1988 parce que je voulais devenir rasta. Javais des dreadlocks. Et je fumais tous les jours. Et comme je navais pas de travail, je volais pour pouvoir me payer de lherbe de cannabis. Dailleurs, en 1989, jai été jugé et incarcéré pour vol. Etant souvent indexé, marginalisé et rejeté par mon entourage, je me suis exilé à Mayotte en 1992. Et cest là-bas où une petite-amie créole réunionnaise ma poussé à consommer pour la première fois du shit et aussi de la cocaïne et de lhéroïne par injection intraveineuse. Aujourdhui, comme jai un travail, je ne vole plus pour acheter de la drogue. Toutefois, comme ici la cocaïne et lhéroïne ne sont pas à ma portée, puisque elles coutent les yeux de la tête, je suis obligé de fumer malheureusement de lherbe de cannabis. La pression communautaire nest plus comme avant, elle a perdu de sa force, la drogue est devenue quelque chose de banal, du coup je fume au su et au vu de tout le monde. Chaque jour je dépense 3500 fc... jai besoin de fumer et boire pour me sentir vivant ». Franky a la quarantaine. Il est dealer au marché de Volo-Volo. Assis dans le coin des bouchers et des vendeurs de poisson, il fait semblant dêtre lui-aussi boucher pour pouvoir se fondre dans la masse, pour pouvoir tromper la vigilance des policiers qui guettent dans les parages. Il nous a confiés « Je ne vends pas de la drogue pour faire fortune. Je risque plutôt ma vie pour survivre. Jai une famille, une femme et des enfants en bas âge, et je nai pas de travail, la drogue est ma seule issue. » « Entre le vol des douaniers, le mensonge des politiques et la drogue, moi jai choisi la drogue. Quand on est sans-argent, on a des enfants qui ne mangent pas à leur faim, quand on narrive pas à soigner sa progéniture en cas de maladie ou à la scolariser, parfois on est appelé à faire des choses terribles, injustes. Je sais que je corrompe cette jeunesse peu éduquée, sans avenir, qui na dautres choses à faire que se tourner vers la drogue comme passe-temps. Mais devant un cul-de-sac, on fait des pieds et des mains pour se frayer un chemin. Cest ce quon appelle linstinct de survie, qui est propre à lhomme. En vendant de la drogue, je me soulève contre Dieu, quil pardonne mon péché, et surtout contre cet Etat qui ma délaissé. La drogue me permet seulement de survivre, de pallier la misère. Dailleurs, je vis dans la clandestinité, je suis obligé de me soustraire aux yeux des policiers, ma famille ma tourné le dos, elle a honte de moi. Mais je ne peux arrêter ce travail bien que risqué, sinon ma petite famille et moi mourrons de faim » nous a appris Z, âgé de 36 ans. « Les stupéfiants forcent même les portes de lhôpital. Je vais vous raconter lanecdote de Dany, un jeune de 14 ans qui a été hospitalisé à lhôpital de Hombo pour greffe de peau sur brûlure des 2 membres inférieurs. A 14 ans, il fume du chanvre indien comme une locomotive. Etant dépendant, lhospitalisation a sûrement été pour lui une sorte de séquestration, de sevrage. Etant en manque, Dany a activé son réseau depuis sa chambre dhôpital. Sitôt une flopée denfants et de galopins, les amis de Dany, pénètre à lhôpital, et glisse des tiges fortement roulées par les fenêtres. Dans tous ses états, il sen prend aux infirmiers, provoque un remue-ménage dans les couloirs de lhôpital, sautoflagelle en arrachant les greffons de sa peau que lui avait faits un chirurgien venu de Belgique. La scène se répète tous les jours. Lhôpital a identifié la flopée de jeunes fournisseurs de Dany, et a porté plainte, mais laffaire a été tout de suite classée » nous a témoigné Docteur Anssoufouddine Mohamed, cardiologue à lhôpital de Hombo. Jeannine est née au début des années 70. A 25 ans, alors mère de 7 enfants, elle a été dealer jusquà son arrestation. « A lépoque, javais un voisin qui était dans le marché de la drogue. Je voyais les gens, des petits dealers, affluaient chez lui, et ressortir avec le sourire. Certains laissaient même entendre que le commerce de la drogue est vraiment juteux. Du coup, comme jétais dans le besoin, je narrivais même pas à acheter du lait pour mon bébé de 3 mois, jai été tenté par la vente de drogue. Mais un mois après, jai été arrêté après avoir comparu devant la justice. En tout cas, je peux vous assurer que ce nest pas un marché juteux du tout, du moins pour nous les petits». Les gros bonnets restent impunis En effet, les petits dealers ne sont que des victimes du système, ils sont larbre qui cache la forêt. Et la drogue de mauvaises qualité et à bon marché quils vendent à savoir lherbe de cannabis « ou la drogue des pauvres », si on peut reprendre le terme dun rapport de la BRIMAD, ne sert quà brouiller les pistes, ou sinon quà camoufler la réalité. On inquiète le petit dealer pour faire croire à travers les médias quon lutte contre les narcotrafiquants, pendant que secrètement les gros bonnets senrichissent sur le trafic dhéroïne et de cocaïne. Ils sont souvent autorités de lEtat, armateurs, transitaires, douaniers, hommes daffaires, policiers, militaires, etc. Dailleurs, un douanier sest enrichi ces dernières années grâce au trafic, et est même devenu un homme influent du pays. Il corrompt les jeunes grâce au pactole. Il fait venir la drogue dAfrique australe dans des conteneurs sous scellés, pour envoyer par la suite la marchandise vers lEurope. En 1998, la BRIMAD (Brigade Mixte Anti-Drogue) dont la Coopération Française, à travers le service de Coopération Technique Internationale de Police [le S.C.T.I.P.] a contribué à sa mise en place en 1995, avait interpelé des militaires, des douaniers, et des agents de la Chambre de Commerce, impliqués dans une affaire de drogue. Ces derniers avaient tous été libérés pour manque de charges suffisantes. « Le problème qui se pose cest lefficacité des sanctions. Nous au tribunal nous jugeons les suspects et quand ils sont coupables, nous les transférons à la maison darrêt. Et cest là où beaucoup demandent une liberté provisoire pour se retrouver au-dehors. Toutefois, le marché de la drogue, étant juteux, a toujours été en expansion dans notre pays. Maintenant il est temps que lEtat, la douane et la justice travaillent main dans la main afin de lutter efficacement contre le narcotrafic. La douane doit renforcer la surveillance sur les frontières, la justice doit juger dune manière impartiale les coupables, et lEtat doit aller au bout des sanctions. Et pour linstant ce nest pas le cas » nous a appris Youssouf Ali Djaé, 1er substitut du Procureur. « Des Libanais, il y a quelques années, avaient fait venir de la drogue aux Comores depuis leur pays via le Zaïre. La drogue était destinée au marché français. Les trafiquants ont été expulsés manu militari des Comores » a-t-on appris de source militaire. A défaut dinformations suffisantes, nous navons pas pu remonter les réseaux sud-américains, toutefois nous savons que leurs marchandises transitent par des pays lusophones dAfrique pour arriver aux Comores. Depuis 1995, pas moins de 9 tonnes ont été saisies sur le territoire national. Les saisies de cocaïnes sont fréquentes à Mayotte. Récemment deux cas doverdose par injections intraveineuses ont nécessité une hospitalisation à lhôpital El-Maarouf. En 2010 une ressortissante comorienne a été arrêtée dans un aéroport de lîle Maurice avec 600 grammes dhéroïne. En 2011, une jeune fille de 18 ans connue sous le nom de Roukia originaire de Mayotte est décédée à la suite dune consommation dhéroïne qui provenait des Comores indépendantes. Dans un rapport de la BRIMAD de Moroni de cette année 2011 lit-on : « Dune manière générale, lentrée des drogues de toutes sortes étaient constatée, pour preuve le GIR [Groupe dIntervention Régional, initié par M. Nicolas Sarkozy, alors ministre français de lIntérieur pour lutter contre tout ce qui est économie souterraine] de la Réunion a témoigné dans un rapport du shite en provenance de Dar Es Salam [via les Comores] [...] Il serait souhaitable de donner les moyens nécessaires à la BRIMAD pour mettre des garde-fous en vue dendiguer ce trafic aux Comores, pays qui sert aussi de transit de drogue vers Mayotte et la Métropole. » Comme au temps des mercenaires avec le trafic darmes à feu, les Comores sont devenues un oasis de blanchiment dargent sale, une plaque tournante du trafic international de drogue et de bois précieux. Lîle dAnjouan est surtout le point de transit idéal des trafiquants de tout bord, puisque depuis 1997, date à laquelle a été amorcée la crise séparatiste, lîle est devenue incontrôlée et incontrôlable. Le laxisme des autorités de lEtat « La position géographique et le fond culturel swahili, arabe et européen de larchipel font des Comores un lien, sinon un nœud entre lAfrique continental et lOcéan indien. Nimporte qui peut passer dans larchipel sans se faire remarquer. Aussi est-il que le laxisme qui sévit dans lEtat, le manque de contrôle au niveau des douanes, et le fait que la corruption est généralisée, il est facile de sassurer des complicités. Quand même les quelques mouvements davion devraient facilement être contrôlés, du moins à larrivée. Les Comores ne sont pas tout de même une plate-forme touristique ? Dailleurs, ce nest un secret pour personne, le trafic maritime est tout à fait incontrôlé. Etant donné que le marché comorien nest pas solvable, la drogue est envoyée vers Mayotte et ailleurs où lécoulement est rentable » sétonne M. Saïd Abdallah Mchangama, Président de la Fédération Comorienne des Consommateurs. Aboubacar Ahmed Mzé, officier de police à la BRIMAD, nous apprend : « 90% de drogue importée saisie localement et aux frontières provient de Madagascar contre 10% de la Tanzanie. La production locale est vraiment moindre. La drogue une fois dans le pays circule entre les îles par le biais de vedettes rapides . Souvent elle est enfouie dans des produits vivriers quand elle nest pas débarquée sur les côtes de nos îles. Et une fois dans le port de Moroni, elle passe inaperçue dans la mesure où les colis en provenance dAnjouan et Mohéli ne font pas lobjet dun contrôle systématique. Notre problème cest que nous navons pas de moyens de locomotion, de détection et didentification modernes nous permettant de faire face au fléau de la drogue. » Même son de cloche du côté de la Brigade de surveillance du port de Moroni. « Nous navons pas beaucoup de moyens pour contrôler le trafic des navires. Faute de moyens pour acheter les renseignements, du matériel didentification et des chiens détectives pour détecter les stupéfiants, nous sommes obligés de faire avec nos petits moyens » se plaint le chef de brigade Djalim Ben Mohamed. « Jusquen 2002, la BRIMAD a fait ses preuves. Ce nest quentre 2005 et 2007 que les choses ont commencé à se détériorer. Les efforts entrepris ont été délaissés, ce qui a contribué à décourager tous les partenaires, jusquà la dispersion des éléments ayant servi à la cause de la lutte de narcotrafic au sein de la BRIMAD » sattriste Elhad Abdérémane, secrétaire général de lAssociation Comorienne de Prévention contre la Drogue. Un citoyen est avant tout une personne qui, dans un pays, jouit des droits civils et politiques en particulier. Et parmi ces droits civils et politiques, il y a le droit à la vie et le droit à la santé. Et selon lOMS, la santé est à la fois un bien-être physique, mental et social. Alors comment peut-on laisser ces 56% de jeunes de moins de 20 ans qui composent la population de ce pays, se noyer dans une marre de substances nocives et illicites. Dans quatre secteurs où nous avons été 2 jeunes sur 6 consomment de la drogue, 1 jeune sur 6 en vend, cest un fait réel. Fait favorisé par labsence dun Etat en tant que tel et du fait que les parents et les maîtres du Coran se sont détournés de leur mission déducateurs. Peu éduqués, moins instruits, les jeunes comoriens ont un surmoi tellement fragile ; nayant pas de personnalité, ils sont, du coup, influençables. Et les narcotrafiquants en profitent pour faire du pays à la fois un fumoir et un bordel à ciel ouvert.
Posted on: Sat, 09 Nov 2013 04:04:58 +0000

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