Nouvelles de Justine et Romane: Lundi 26 août La soirée - TopicsExpress



          

Nouvelles de Justine et Romane: Lundi 26 août La soirée d’hier a pris un tournant très désagréable, comme toujours Raph et moi ne prenons aucune position dans ce conflit absurde. Cécile s’en est allée fâchée, avant même que le reste de la troupe ne se réveille. Nous reprenons la route dans l’après-midi, mais sans Nico dont le besoin de solitude est devenu plus qu’impératif. Cela ne brise en rien notre lien fraternel à tous les deux, nos onze ans d’écart n’ont pas empêché l’infinité de notre échange, au-delà des kilomètres et des expériences uniques que nous avons partagé. Nous nous séparons avec mille promesses dans le cœur, il m’aura appris à mieux saisir l’instant présent, à imposer une nuance à chaque chose du monde et à me libérer de mes habitudes de sédentaire qui perduraient malgré mes 5 mois de voyage. Néanmoins, l’absence de Nico nous permet de mieux partager les chemins avec un Hervé nettement plus décontracté. Il nous emmène à Baluet, un lieu collectif où il avait participé à des travaux quelques années auparavant. Il s’agit d’un domaine de 50 hectares racheté il y a 15 ans par une association puis libérée de la propriété privée. Actuellement 7 personnes y vivent dans de belles petites maisons ou cabanes. Ils cultivent la terre avec traction animale, produisent du miel et du pain dans un beau four en pierres. Ils ne vendent pas leurs produits ; une partie est consommée sur le lieu et l’autre partie est distribuée pour les gens qui n’ont pas les moyens de consommer de bons légumes et du bon pain. Ils participent à des actions sociales et sont en lien avec pas mal de réseaux activistes. La porte est ouverte à tous ceux qui désirent s’impliquer dans leur lutte. La première approche est difficile : ils ont l’habitude de recevoir des gens de passage, c’est donc à nous de nous intégrer. Les juments et Korigan sont lâchés dans un grand parc et nous nous installons dans une cabane. Le dîner commun est délicieux mais la discussion est quasiment inaccessible pour nous. Mardi 27 août Nous participons à la rénovation de la cuisine commune, nous prenons un grand bain de poussière et de crasse avec eux ; ce qui nous permet de mieux les connaître et mieux établir notre propre place vis-à-vis de Baluet. Hervé nous prépare de délicieuses courgettes farcies que nous partageons avec la communauté. Cette fois-ci nous sommes pleinement pris en compte dans les débats, nous en apprenons beaucoup sur le fonctionnement de Baluet et je suis bien décidée à y revenir l’année prochaine… Mercredi 28 août Nous aidons Carine à mettre le miel en pot puis il nous faut réparer les hipposandales. Le câble de fermeture a lâché sur trois d’entre elles depuis plus d’une semaine. Les juments commencent à fatiguer d’être tout le temps pieds nus, elles posent moins franchement le pied sur les terrains accidentés. Nous avons trouvé du câble du frein de vélo pour les remplacer, mais la soudure à froid que nous avons tenté n’est pas assez solide. L’étape de cet après-midi se fera donc sans hipposandales…Aie ! La voisine du dessous propose de nous accompagner avec sa jument de trait et son poney. Anne (De Baluet) se joint également à la promenade. Elisa (la voisine) pratique depuis peu le débardage avec sa comtoise et sa méthode d’apprentissage me plaît bien. La complicité s’installe très vite entre nous et je lui fais la promesse de revenir l’année prochaine. Nous étions attendus au Cap de la Goutte, ferme collective où Hervé était Woofer pendant 6 mois. Cinq personnes y vivent à l’année et cultivent un immense jardin en traction animale. Leurs habitations et les aménagements du lieu ont été auto-construits. Ils accueillent régulièrement des Woofers et sont également famille d’accueil pour des enfants en difficulté. Nous sommes chaleureusement conviés à leur table et le contact se crée sans retenue, nous ne veillons pas tard puisqu’il faut être en forme pour accomplir les tâches que nous réserve le lendemain : ici, ils ont l’habitude de vivre à 200 à l’heure. Jeudi 29 août A 7h30, un bon petit-déjeuner avant d’attaquer le paillage et désherbage du jardin. J’admire l’élégance des deux comtoises occupées à labourer le champ. Nous travaillons sans relâche toute la matinée, les pieds et les mains dans la terre fraîche. Bertrand, stagiaire depuis 8 mois nous indique ce qu’il faut faire et nous mettons la main à la pâte tout en bavardant. Il a étudié plusieurs années en sciences politiques jusqu’à ce qu’il réalise que cela ne lui correspondait pas du tout, après deux ans de woofing, il va commencer un BTS en biodynamie à … Obernai (67) !! Il s’intéresse tout particulièrement au travail du cheval en agriculture (encore un !) Nous savourons ensuite une bonne ratatouille suivie d’une tarte aux poires pour nous remettre d’aplomb, car la journée ne fait que commencer. La réparation des hipposandales nous prend plus d’une heure, nous dénichons dans l’atelier des pièces qui feront l’affaire, selon mon incontournable conseillé bricoleur : Raphaël. Les juments continuent de tousser alors que j’ai fini le traitement, il ne s’agissait donc sûrement pas d’une maladie mais bien d’une allergie. Bertrand me transmet le numéro d’un vétérinaire naturopathe de la région. Bref, nous enchaînons avec l’application (à la main) de l’isolation terre-liège dans une des pièces de la maison en travaux. Raph est complètement à son aise : la rénovation intérieure c’est son domaine ! Du coup, je galère à côté et travaille deux fois moins vite… néanmoins, mon plaisir n’est pas moindre. Cette technique d’isolation est fastidieuse mais économique, naturelle et très agréable à manipuler, pendant ce temps, Hari cohabite pacifiquement avec le chaton de la maison. Il n’ose pas l’approcher tandis que le petit minou fait plusieurs tentatives pour en faire un compagnon de jeu. Nos efforts sont récompensés par un bon repas préparé par Bertrand, David (le woofer anglais) et Danielle (la jeune prise en charge comme famille d’accueil) avant de finir la soirée à la lueur d’une bougie… Vendredi 30 août Et c’est reparti ! Adieux chaleureux avec des légumes, du fromage et du bon pain glissé généreusement dans nos sacoches. Hervé et Korigan n’iront pas plus loin que le Cap de la Goutte… c’est ici l’étape finale de leur voyage. Voilà longtemps que nous n’avions pas vu notre petite famille parcourir seule les chemins ! En fin de matinée, alors que Raphaël se laisse paisiblement bercé par le pas d’Umaïna, je remarque qu’elle ne pose pas franchement l’antérieur droit. Ce semblant de boiterie est si peu perceptible que je me reproche d’angoisser pour un rien, cependant, dès lors que je me mets en selle, sa démarche ne me laisse aucun doute : elle souffre en posant l’antérieur droit. Je mets immédiatement pied à terre pour la soulager mais désire continuer la marche jusqu’à Saint Giron. Je me tourmente tant au cours des derniers kilomètres que la migraine frappe violemment mon crâne. A l’entrée de la ville, nous trouvons facilement un paysan qui accepte de nous prêter un pré clôturé. En creusant la sole à l’endroit où j’avais retiré un clou la semaine précédente, je comprends que j’avais minimisé les dégâts. Le trou étant plus profond que ce que je me figurais, je n’avais pu désinfecter en profondeur…je creuse donc jusqu’au vif ; du liquide s’en échappe, il y a donc un début d’infection. Etrangement et sans doute due à mon mal de crâne, je suis complètement désœuvrée et ce petit problème de pied me semble insurmontable. Raphaël demande ce qu’il peut faire pour moi… « J’aimerais que tu me trouves quelqu’un qui possède un remède magique ». En cherchant de l’eau chez la voisine, Raph explique nos soucis à cette petite dame qui prend son rôle très au sérieux. Sous les conseils de sa belle-fille vétérinaire, elle nous prépare une potion magique aux huiles essentielles pour aider l’abcès à cicatriser. Soudain mon visage s’illumine et je cours déclarer à cette chère Françoise qu’elle est LA rencontre formidable dont j’avais besoin ce soir. Nous allons donc nettoyer avec de la bétadine avant de combler le trou avec un morceau de compresse imprégnée du remède aux huiles essentielles trois fois par jour jusqu’à ce que la corne ait repoussé, je dois encore m’occuper de leur injecter les vaccins avant de les libérer. Heureusement, Raph m’aide à combattre la déprime en se montrant parfaitement dévoué et me prépare un bon petit plat. Samedi 31 août Nous cachons les affaires dans les arbres pour nous rendre au marché l’esprit tranquille, nous y croisons joyeusement un bon nombre de nos amis ariégeois. Dernière étreinte amicale avec Hervé, quelques rires échangés avec Elisa…je charge le dos de mon homme-mulet préféré avec plein de bons produits locaux avant de rejoindre ma cousine Florine et son ami Tristan que je n’ai pas vu depuis plus d’un an ! Nous mangeons chinois sur le bord de la rivière avant de remonter tous ensemble vers le campement. Passé l’angle d’une ruelle, j’aperçois Capucine qui patiente immobile sur le pont, je cours la serrer dans mes bras le cœur rempli d’émotions. Nico s’est absenté pour faire son tour de marché et lorsqu’il revient je me précipite dans ses bras comme si nous avions été séparés pendant des années. Cette fois-ci la séparation est réelle : il trace sa route au nord alors que je m’en vais vers l’Ouest… Au passage, nous croisons le propriétaire du parc et lui demandons la permission de rester une ou deux journées de plus pour reposer le pied d’Uma. Le paysan accepte sans faire d’histoire. Florine et Tristan ont des impératifs pour la soirée qui les empêche de nous tenir compagnie jusqu’en fin de journée. Automne, la petite chienne agée de 6 mois s’amuse comme une folle avec Hari et c’est tant mieux puisqu’ils vont faire un bout de route ensemble. En effet, Flo et Tristan sont décidés à me rejoindre bientôt. Le trou dans le pied à Umaïna est déjà plus propre mais je ne peux savoir si elle boitera au travail. J’ai téléphoné au véto naturopathe qui me rassure en m’expliquant que leur toux est due à une réaction allergique sans aucune gravité. Cela finira apparemment par passer, ça a d’ailleurs déjà bien diminué. Dimanche 1er septembre Une vraie journée de calme intégrale, c’est rare. Les soins à administrer aux chevaux sont les seules exigences de la journée. Dans l’après-midi nous jouons les touristes à nous promener dans les rues de Saint Giron, puis dans celles de Saint Lizier où nous nous arrêtons pour manger une glace. Rien à faire ça peut aussi être appréciable, j’ai l’impression qu’Umaïna est plus à l’aise sur son pied, nous pourrons bientôt reprendre la route. Dans la soirée, nous recevons la visite de ma tante Françoise (qui était déjà venue à Saint Martin-d’Ardèche). Touchant soutient de la famille, le lien avec les proches est essentiel pour le moral quand on est loin de chez soi. Nous parlons aussi de Goldie qui est restée en Ardèche et qu’elle va récupérer pour s’en occuper jusqu’à mon retour. La petite princesse me manque mais j’ai déjà bien assez de soucis à me faire avec ces trois vies qui dépendent de moi. Lundi 2 septembre J’oubliais un détail : hier soir le propriétaire du parc a débarqué furieux en exigeant que nous disparaissions dès le lendemain matin avant de s’en retourner sans plus d’explication. Surprise, je me rends à la ferme pour essayer de comprendre son agressivité, il m’avait donné son accord, à présent il me hurle de dégager le plus vite possible. Je suis incapable de comprendre sa réaction et l’injustice me va droit au cœur. J’essaie en vain d’amorcer une discussion mais sa colère le rend complètement sourd. Du coup, nous levons le camp le plus tôt possible. A 9h, nous retrouvons mes amies d’enfance à Saint Giron. Adeline et Bérénice ont traversé la France dans la petite Fiat 500 pour me voir ! Heureuses retrouvailles !! Nous patientons quelques heures non loin du cabinet vétérinaire car il me faut les vaccins contre la rage et personne ne m’autorise à les administrer moi-même. Un sympathique véto s’en chargera donc. Nous parcourons ensuite quelques kilomètres et installons le bivouac en bord de rivière, je baigne longuement les juments pour que le courant masse leurs tendons et pour retirer toute la sueur de leur dos. Les filles craignent la fraîcheur de l’eau mais finissent par s’y plonger courageusement. Elles n’ont pas l’habitude de se satisfaire de si peu de confort ce qui me réjouis d’autant plus de leur visite. C’est une preuve d’amitié remarquable. Mardi 3 septembre Ce matin j’interromps le thé pour aider un petit pépé à ramasser les crottins pour ses carottes, je prends la pelle, lui le balai ; ensemble nous remplissons la brouette en un rien de temps ! Un moment magique qui me tire jusqu’aux oreilles un sourire intarissable. Notre réveil tardif nous pousse à marcher pendant les heures les plus chaudes de la journée, mais heureusement le chemin est bien ombragé. Nous suivons actuellement le GR78 qui correspond au chemin de Saint-Jacques du Piémont pyrénéen. Nous ne pouvons avaler les kilomètres puisque mes amies ont des soucis de santé et c’est déjà bien courageux de surmonter ainsi leurs faiblesses. De plus, ce petit rythme convient très bien à la remise en état du pied d’Umaïna. Je repère un bout de terrain non entretenu et m’approche de la maison la plus proche pour demander l’autorisation d’y faire étape. Attirée par le son de la télé je me penche à la fenêtre et distingue un homme alité, par peur de déranger je fais demi-tour mais sa voix me prie d’entrer. J’obéis et lui fait ma demande comme à n’importe qui d’autre, Paul-Noël est ravi de recevoir de la visite et nous invite vivement à bivouaquer dans son grand jardin. Dès que nous sommes installés, nous retournons le voir tous les 4, nous disposons les chaises autour de son lit pour mieux écouter le récit de ses 72 ans de vie. Dans le jardin, les juments se gavent de prunes et d’herbe bien grasse. Dans l’après-midi nous rencontrons David, jeune agriculteur et bûcheron qui s’occupe de Nono pour arrondir ses fins de mois. Nous parlons chevaux puisqu’il débarde en traction animale ! David nous pose dans la cuisine de quoi nous préparer notre repas du soir. Les filles sont ravies de prendre une bonne douche chaude, nous nous attachons sincèrement à Nono et promettons de lui écrire, il ne veut plus nous laisser partir… Romane
Posted on: Sun, 29 Sep 2013 23:54:40 +0000

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