Opinion. Corruption : moyens et méthodes pour éradiquer ce - TopicsExpress



          

Opinion. Corruption : moyens et méthodes pour éradiquer ce fléau “culturel” (Par Docteur Ali Abdou Mdahoma) 21 mars 2013 Le combat contre la corruption dans les îles de la Lune ne date pas d’aujourd’hui. De l’ancien président Ahmed Abdallah à Saïd Mohamed Djohar en passant par Mohamed Taki et Azali Assoumani, ce fléau était inscrit sur la feuille de route de leurs gouvernements respectifs, au lendemain de leur investiture. En effet, en 1996 à l’aube de son éphémère mandat, Mohamed Taki avait lancé une politique de lutte contre la corruption, une “Opération mains propres“. Malheureusement, la montagne avait accouché d’une souris. Le président Azali Assoumani avait également débuté son règne par la démolition des bâtiments privés construits dans des sites ayant appartenu à l’Etat et avait même récupéré tous les véhicules vendus par les précédents régimes à des prix dérisoires. Mais, toujours est-il que, dans la tête du Comorien lambda, voler la chose publique, demeure quelque chose de normale. Un problème culturel? Qui oserait l’affirmer? Pourtant, le pauvre paysan pris en flagrant délit de vol d’un régime de bananes se voit aspergé de matières fécales, un collier de coquillages autour du cou et mis à rude épreuve par des gamins jusqu’à la gendarmerie. Cependant, les efforts déployés par le président Ikililou Dhoinine sont réels, mais les avancées concrètes laissent à désirer. En fait, dans la plupart des pays en voie de développement, la corruption est banalisée: elle relève du quotidien de la population et des entrepreneurs, qui vivent avec, et vont jusqu’à la considérer, avec fatalisme et résignation, comme partie intégrante de leur culture. Non seulement les décisions publiques et les règles officielles – comme l’attribution d’un marché public ou le montant des taxes à payer – se négocient de manière illicite, mais en plus, l’accès à un service public ou l’exercice d’un droit, comme l’obtention d’un passeport ou d’une carte d’identité, se monnayent également. Plusieurs mécanismes contribuent à diffuser et à banaliser les pratiques de corruption dans notre pays. Les rares fonctionnaires qui refusent de jouer le jeu sont écartés des postes importants, sont montrés du doigt par leurs proches et risquent d’être pris pour des anormaux. Les entrepreneurs qui s’y opposent se trouvent pénalisés par rapport à leurs concurrents. L’environnement social direct dans lequel évolue le Comorien d’aujourd’hui, un Comorien en vue par son apparence matérielle et son rang social, permet et favorise l’émergence de la corruption. Le “Anda“, ou plutôt la manière folle et ostentatoire dont il est pratiqué à Ngazidja, laisse penser à une incitation au pillage de l’argent public. La gestion et l’organisation des administrations publiques aux Comores souffrent souvent de lourdeurs et de dysfonctionnements qui vont les rendre particulièrement vulnérables à la corruption. La multiplication des réglementations contraignantes et complexes et la faiblesse des contrôles y sont des caractéristiques fréquentes. Aux Comores, le faible niveau des salaires dans la Fonction publique pousse à la “petite“ corruption. Un professeur d’Université de niveau bac+8 (Docteur) aux Comores débute avec un salaire mensuel de 350 euros (175.000 francs), pendant qu’en Afrique continentale, son collègue gagne 1.200 euros par mois (Sénégal, Gabon, Cameroun, Congo…). C’est ainsi que, si les prix augmentent dans un environnement où les salaires sont constants, le pouvoir d’achat diminue. Pourtant les diplômés tendent à préférer, malgré eux, une “carrière étatique“, considérée comme la panacée universelle, compte tenu du manque d’opportunités dans le secteur privé. Enfin, le faible niveau d’éducation maintient les citoyens dans l’ignorance de leurs droits, et ne leur permet pas de participer à la vie politique et la lutte contre ce fléau. L’analyse institutionnelle de la corruption fournit des indications sur les remèdes à apporter. Une plus grande transparence, l’obligation de rendre des comptes, l’amélioration de la gestion des ressources humaines dans l’Administration publique basée sur un système méritocratique sont autant de principes d’actions qui, mises en oeuvre, permettent son contrôle. La simplification et la rationalisation de l’intervention de l’Etat dans l’activité économique vont aussi, de toute évidence, réduire les opportunités de corruption. Les associations de la “société civile“ et les médias peuvent contribuer à l’émergence d’une volonté politique en dénonçant la corruption, en faisant pression sur le gouvernement et en contrôlant ses actions. Mais les véritables obstacles à la lutte contre la corruption sont autant les intérêts de la pyramide politico-administrative que le fatalisme et l’ignorance des victimes, souvent maintenus par une culture de la peur. Or, l’information permet l’action. Le secteur privé, qui est en gestation, pour ne pas dire dans un état embryonnaire, peut également constituer un allié de taille. Il est, en effet, dans l’intérêt d’une partie au moins du secteur privé d’opérer dans un environnement structuré, où l’Etat, à travers des institutions fortes, réglemente et arbitre le jeu de la concurrence. Dans ce cas de figure, l’informel doit être banni en faveur des activités commerciales formelles. Les organisations internationales et régionales ont aussi un rôle politique important à jouer dans la mesure où elles peuvent servir de tremplin aux implorations exprimées par les sociétés civiles et permettre aux hommes politiques d’insérer des programmes de réformes difficiles dans un cadre de contraintes extérieures. Enfin, plus que par des actions ponctuelles contre la corruption, ou par un soutien à une agence spécialisée, les agences d’aide bilatérale peuvent participer à la lutte contre la corruption dans les pays en développement au travers des programmes de renforcement des capacités institutionnelles, mais aussi en appliquant systématiquement les principes recommandés de transparence et d’efficacité dans la gestion des projets soutenus. Il revient donc aux autorités politiques comoriennes de définir en fonction de la trajectoire historique de notre pays, leur stratégie propre qui permettra d’amorcer un cercle vertueux favorisant le développement et l’amélioration de la gouvernance.
Posted on: Tue, 24 Sep 2013 21:58:56 +0000

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