POLYPHEME (THE BIG BANG NOW) EPISODE 20... 20 : 45 Que dire de cette journée, sinon qu’elle fut très animée en matinée, et plate l’après-midi, comme une veille de week-end chômée. Monia avait passé la sienne en cours, Agnès était occupée à l’instruction de ses fusiliers, et personne, avec qui me chamailler. Alors, je me consacrais à la lecture, à mon linge lavé et repassé avec amour, qu’il me fallut toutefois ranger, n’exagérons pas, puis à rêvasser… Au soupé, je me retrouvais seul, dans la salle du grand restaurant du D3. J’allais craquer… Ayant bâclé mon repas, je me rendis aux boutiques, ouvertes aux heures propices, à l’intention de cette clientèle huppée, qui bien que nous soyons en conflit, n’avait pas pour autant perdue les bonne habitudes des grandes villes. La vie suit son cours, pensais-je… Que faire ? La jeune serveuse, était en grande discussion avec femme d’une quarantaine d’année, d’une resplendissante beauté, brune aux cheveux lui arrivant aux épaules, légèrement bouclés, un visage de madone aux yeux bleus foncés, plantureuse, et à la fois très élancée, avec pour corser le tout, un port de reine. Elle hésitait visiblement sur le choix d’un parfum. Elle jeta un bref coup d’œil sur moi, et me demanda : _ Si vous deviez faire un tel cadeau à une femme, lequel choisiriez-vous, Capitaine ? _ Hum ! répondis-je, voyons… Elle est brune, ou blonde ? _ Brune, me dit-elle, un bien étrange sourire marquant ses lèvres aux contours appétissants. _ Sans vouloir me démontrer indiscret, quel âge ? _ Trente-neuf ans, célibataire, majeure et vaccinée, répondit-elle en battant ses cils, aussi longs que des éventails. _ Je dirais pour une signature identique à la vôtre, par exemple, prenez Cinabre dEstée Lauder. Mais… Toujours en me référant à vous, j’hésiterais un court instant entre ce dernier, et Allure Sensuelle de Chanel. _ Oh ! Vous êtes un fin connaisseur Capitaine. Votre épouse doit être une femme heureuse. _ Vous pouvez le dire… répondis-je pince sans rire. _ Allure Sensuelle, se décidât-elle, m’adressant encore un rapide coup d’œil. Mais… Servez donc le Capitaine, je dois voir autre chose encore. Je présume qu’il est de service, et son temps doit lui être précieux. _ Fini le service, mais toutefois merci. Je sautais sur l’occasion. Ce sera vite fait, ajoutais-je. Puis m’adressant à la serveuse : _Trois bouteilles de votre meilleure Vodka, et quatre cartouches de Marlboro, s’il vous plait. _ J’ai… de la… zubrowka, Capitaine. C’est de la vodka Polonaise, mais c’est l’une des plus réputée, si j’en crois les connaisseurs, me répondit-elle. _ Eh bien, je vous fais confiance. Le jeune femme s’empressa de me servir, moi de régler, et au passage de dire à la plantureuse : _ Je suis persuadé, que ce parfum ne fera qu’augmenter votre incomparable sensualité. _ Vous êtes galant, et très séduisant, murmurât-elle, pour ne pas être entendue de la jeune employée. Cabine 318 A, j’ai de l’excellent Whisky qui me provient d’un ami de la Nouvelle Orléans. Si le cœur vous chante ? _ Je prends note de l’invitation, chère Madame. Mais si vous n’y voyez aucun inconvénient, je voudrais éviter de faire un mélange. Remettons ce plaisir, à un autre soir ? _ Ce le sera tout autant pour moi, minaudât-elle, sortant prestement sa carte American Express de son sac à main, me ventilant le visage de ses cils… Je venais de faire une sacrée touche… Je le devinais, cette adorable femelle, venait de se payer un excellent parfum, et quelques secondes d’un fantasme, qui de mon bon gré, demeurerait inassouvi… Le visage de Monia, se profila devant mes yeux… Je secouais la tête avec vigueur, espérant qu’il disparaisse, car je devais me concentrer sur ce que j’allais entreprendre, mais ce fut duraille, un peu comme lorsqu’une chanson vous trotte par la tête… Deux fusiliers de la section choc, du Lieutenant Baudry, adjoint d’Agnès, gardaient la porte de la cabine 388A. Ils demeurèrent de marbre, leurs Uzi collées contre leurs poitrines, à mon approche. _ Veuillez ouvrir, ordonnais-je. _ Impossible Capitaine, répondit le QMC. _ Ah bon ? Motif de l’impossibilité ? demandais-je, ne pouvant refreiner un sourire compatissant. _ Ordre du Capitaine Dahan, Capitaine, répondit-il rigidement. _ Très bien QMC… Cet ordre, c’est moi qui le lui ai transmis… _ Avec tout le respect que je vous dois, Capitaine, je ne vous connais pas ! L’officier ayant ordonné cette garde devant la cabine des prisonniers, est Colonel… _ Je… Je suis le Colonel Grandval… Voulez-vous voir une pièce d’identité militaire, QMC ? _ Oui, Capitaine ! ponctuât-il en élevant le ton de la voix. Je sortais mon porte carte, sans aucunement perdre patience, le collant sous le nez du fusilier chef. _ Mes respects, Colonel ! Je prie le Colonel de bien vouloir m’excuser. J’ai des ordres… _ Mon gars, ne vous excusez jamais, lorsque vous êtes certain, d’avoir raison. Félicitation, soldats. Continuez ! _ Merci Colonel, dit-il, conservant un visage de marbre, s’empressant d’ouvrir la porte. Celui qui ne m’accueillit pas, d’un visage hermétiquement fermé, ce fut le présumé Commandant Yorganov, lorsqu’il leva les yeux sur moi, me voyant pénétrer dans son antre. _ Eh bien, dit-il, parlant doucement. Pour une surprise, s’en est-une… _ Vos camarades dorment déjà, constatais-je, posant le sac contenant les achats effectués à la boutique, sur une table de travail, située sous le hublot. Comment vous sentez-vous ? _ Bah ! Allongé dans l’instant. Mais grosso-modo, ça va. C’est quoi que vous trimballez là ? _ Bof ! De quoi passer une agréable soirée. Nous allons nous taper un Poker… Vous sentez-vous d’attaque, euh… ! Ecoutez ! Yorganov est mort… Voudriez-vous bien, foutre la paix à son âme ? Je dois vous prénommer comment ? Il éclata de rire, réveillant par de même, ses deux acolytes, qui la gueule enfarinée, le regardèrent un instant surpris, se demandant bien, ce qu’il lui arrivait, avant d’enfin me voir, et de se mettre sur leurs jambes. _ Bah ! Durant la dernière guerre mondiale, les allemands nous appelaient les « Ivans »… Appelez-moi Ivan ? Puis il parla en Russe avec ses amis, qui ne tardèrent pas, à partager son hilarité. Bon ! me dis-je, laissons leur le temps de réflexion nécessaire, car ils ne saisissent pas encore très bien, l’horreur de la situation. _ Je ne voudrais pas perturber votre… désir de vous esclaffer de rire, dis-je enfin, après quelques secondes, mais… j’ai une très mauvaise nouvelle à vous communiquer. _ Ah bon ? dit Ivan, reprenant lentement son sérieux. Dites pour voir ? _ Ce sera vite fait… J’ai une semaine, pour vous convaincre de nous donner les renseignements dont nous avons besoin. Passé ce délai, ce sera le collègue de la DGSE, qui prendra le relai. Il a inventé un cocktail explosif, ajoutais-je, sortant du sac en plastique, une bouteille de Vodka, la leur montrant, avec un sourire amusé. Thiopental de Sodium, auquel il ajoute un sérum de LSD… Il invente, quoi... Généralement, le sujet sombre dans un coma profond, le plus souvent, irréversible. Connaissant le sujet, il ne commencera pas par vous, Ivan… Il va tester son produit, sur l’un de vos camarades, et vous laisser assister à la suite… J’ai oublié les verres ! Nous boirons à la Cosaque ? Va pour… à la Cosaque, dis-je, observant leurs regards, devenus soudainement noirs… _ Ouvrez donc cette bouteille, Colonel. Dit-il enfin après un instant de silence, s’assoyant plus confortablement sur son lit. Juste une question … Que feriez-vous si les rôles étaient inversés ? _ Exactement pareil que vous, mon cher Ivan… Plus à l’aise, je ne puis vous mettre, dis-je, lui tendant la bouteille. Comment on dit ? Nazdarowié ? _ Vous prononcez très bien le mot. Ok, buvons à nos santés, nous allons en avoir rudement besoin, dit-il, buvant une longue lampée au goulot, avant de faire circuler la bouteille. Je pris place sur la chaise, les regardant d’un œil amusé, baragouiner ensemble, comme si de rien n’était. _ Mon camarade Andreï, ce jeune officier de transmission, qui entre parenthèse m’a sauvé la vie, me dit que votre… collègue, n’a pas vraiment le sens des réalités, me surprit Ivan dans mes pensées. _ Ah bon ? Il me parait pourtant, très stable… Un sadique froid… _ Hum ! Vous n’avez connu ni les méthodes de la NKVD, ni celles du KGB, Colonel… Je suis votre cadet de seulement quelques années, mais j’en ai entendu dire, sur le sujet. Seulement… _ Seulement ? _ Leurs questions étaient sensées… Lorsque l’on demande à un officier formé aux renseignements, de dévoiler le code d’accès permettant le lancement de missiles balistiques Sineva, équipant depuis peu, les six sous-marins nucléaires lanceurs dengins des types Delta IV ? Soit il est cinglé, soit il ne maitrise pas totalement les grandes lignes, du problème qu’il veut résoudre… Il pose des questions au hasard, sans en comprendre lui-même le sens… _ Je me suis laissé dire… qu’il était question dune grille de code décryptage ? Le trois sous-mariniers, éclatèrent de rire… _ Si vous le voulez ce code, Colonel, je vous en fait cadeau… Il change avec une fréquence si rapide, que je me demande si en cette heure, celui que je vous délivrerais, ne ferait pas se mourir de rire, nos opérateurs… Voyons, Colonel ! Soyons sérieux… Votre… ami, veut devenir un héros… Il pense dans sa mégalomanie, que nous soyons en mesure de lui offrir une rampe de lancement, qui le propulsera à la plus haute position de cet univers, d’où il regardera avec mépris, cette humanité rampante… _ Et bien sûr, vous n’êtes pas en mesure de l’aider à grimper, sur ce chariot ailé ? _ Il pourra nous piquer à ce que bon lui semble, Colonel. Pour le panache de l’histoire, c’est nous qui en mourons de rire… Je suis le Capitaine Yan Borowicz. J’ai donné à cet idiot, mon véritable matricule… S’il l’a diffusé, et que ce fut intercepté, ma femme en cette heure, doit être rassurée… Nazdarowié tovaritches, criât-il, s’envoyant le fond de la bouteille… Comme c’était étrange encore… Moi, c’était ses mots, que je buvais… Et tenez-vous bien, je les admettais volontiers… Paradoxalement, ils me rafraichirent les idées…
Posted on: Wed, 20 Nov 2013 09:10:29 +0000
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