Par A. Lemili POURQUOI ce qui a été obtenu en un mois ne pourrait-il pas l’être pour le reste du temps. Sinon l’Algérie n’aurait-elle un quotidien serein que parce qu’en vertu de circonstances exceptionnelles créées par et pour le mois de Ramadhan ses populations, ses institutions toutes fonctions confondues ont choisi de vivre d’une manière normale pour les premières et veiller à ce que cela soit ainsi pour les secondes. Jusqu’à l’animateur de l’émission «sabahiate » de l’Entv, qui n’a pas pour habitude de se permettre une quelconque digression, qui est allé jusqu’à faire dans l’appréciation digressive en espérant que «…la dynamique tous azimuts née au cours de ce mois de Ramadhan ne se limite pas uniquement à cette tranche de temps de l’année et que même s’il n’est pas aisé de maintenir un tel rythme que les Algériens puissent, au minimum, vivre les mêmes instants de bonheur au moins chaque week-end ». C’est dire la grosse différence intervenue dans le mode de vie de nos concitoyens. Il faudrait toutefois convenir que tous les épanchements sur le bonheur des Algériens sont à mettre sur le compte d’une vie nocturne, en fait d’une sorte de délivrance d’une épreuve quotidienne qui n’a jamais été sans peser sur le fonctionnement des institutions, de l’administration, des entreprises économiques, de la société civile et politique lesquelles sont, en général, tombées en catalepsie. Auront toutefois gardé le vent en poupe les secteurs de la grande distribution, les marchés de gros, les étals qu’ils soient réglementés ou informels, et à l’approche de la fête, les boutiques de prêt-à-porter, alors que durant tout le mois salles de spectacles et places publiques n’auront pas désempli de monde qui pour trouver un apaisement dans la musique, une pièce théâtrale, qui dans un one man show qui auront permis grâce à une formidable manne financière étatique s’en sont plus sortis matériellement que grandis artistiquement au risque de terminer une carrière à peine entamée. Bien entendu il n’aura pas fallu que la rue gronde comme dans l’antique Rome pour que sonnent les buccins et soient données les réjouissances, l’Algérie a été un pays en fête durant trente jours, une parenthèse assumée par une prise en charge sécuritaire phénoménale. Il aurait suffi d’avoir l’œil averti pour remarquer qu’au-delà des éléments de service d’ordre et de sécurité visibles, voire à l’attitude ostentatoire à souhait pour ne pas remarquer la présence presqu’à nombre égal d’éléments qui se voulaient plus discrets. Si ces institutions ont joué leur rôle, il en a été de même pour celles à caractère tout aussi répressif comme les inspections diverses de l’administration : impôts, douanes, contrôle des prix, prévention sanitaire lesquelles ont effectivement multiplié et les interventions et les contrôles inopinés de tous instants pour faire anticiper sur tous types de risques, qu’il relève du préjudice économique au détriment de l’Etat ou de la santé des usagers. D’où l’interrogation suscitée chez toutes les personnes auxquelles ont été tendus des microphones des chaînes de télévision, publiques ou privées, et qui consiste à comprendre les raisons pour lesquelles une telle harmonie dans la vie de tous les jours ne le serait pas le reste du temps. Les pouvoirs publics ont évidemment recouru à des moyens aussi bien financiers, humains que matériels hors du commun pour assurer une telle sérénité d’autant plus qu’il n’était que très peu probable pour les services évoqués de conduire avec une dextérité exemplaire, du tact et beaucoup d’humanité une mission de telle envergure pour la simple raison que ce n’est pas à un panel spécifique de personnes, un mouvement de foule spontané mais à toute la population du pays d’Est en Ouest et du Nord au Sud. Rien que pour cela il faut rendre hommage à des milliers d’éléments qui n’ont pas profité d’une vie privée, qui ont été tenus éloignés de leurs familles, parents et proches durant trente jours. Parfois loin, bien loin de chez eux. A. L. Ramadhan : la communion nationale malgré tout
Posted on: Sat, 10 Aug 2013 06:56:56 +0000