Petit... Heu...grand récit de Jean des Templiers: Celui-là je - TopicsExpress



          

Petit... Heu...grand récit de Jean des Templiers: Celui-là je l’attends et le redoute depuis 6 mois voire bien davantage. Un été bien sportif, 12 semaines de prépa un peu au feeling, un peu avec Cap endurance, mais je sais déjà que je vais manquer de dénivelé au compteur avec mes « cuisses de mouche » (et ouais je vous l’ai jamais dit mais c’est mon surnom dans la famille…). Bon le voyage se passe on ne peut mieux. Arrivée sur place, retrait des dossards ; tout se passe bien malgré mon erreur d’engagement sur le parcours du 62km. Manu Vaslet et Endurance Shop m’ont rattrapé le coup. Merci à eux mais j’ai mal dormi… Samedi matin petit footing collectif de décrassage tranquille-tranquille. Tout n’est pas parfait car la cheville a méchamment tourné il y a deux semaines. Elle me taquine toujours un peu. J’ai un kist derrière le genou depuis 3 jours et je cours de traviole avec 2 vertèbres en vrac faute de temps pour aller voir l’osthéo ces deux dernières semaines. Bref je ne suis pas dans les meilleures dispositions malgré un entraînement que je n’avais jamais autant poussé. Mais je me connais je finirai. L’après- midi, je rentre dans ma bulle. Minimum de foule et de temps sur le site de départ (dommage pour l’ambiance et les animations) et je prends sur moi pour rester à peu près sociable avec le groupe jusqu’au soir. Réveil 3H20. Petit dej express en chambre avec Xavier. 4H15 départ pour la ligne en groupe. Ca rigole moins… Dernières photos souvenirs avant la grande aventure, derniers encouragements et on entre dans les sas. Là plus rien n’existe et faut pas me marcher sur les pompes… 5H17 boum c’est parti sous les feux de Bengale et la sono qui crache. Belle ambiance, émotion mais faut rester concentré. On forme de suite un petit groupe qui trouve son rythme bien régulé sur le bitume avec Gilles, son jeune disciple, Fabrice, Sophie et Marie. Première montée. C’est quoi ce souk ?? On est cul à cul, ca n’avance pas, mais quelle grimpette en guise d’apéritif…avec plus de 15° et 90% d’humidité ca sue ca sue. Finalement cet embouteillage est peut être salvateur pour ne pas se cramer. Le serpent de lumières de nuit est toujours aussi captivant mais ça fait mal aux jambes quand on lève la tête et qu’on voit les frontales la haut… ! Premier hameau et premiers encouragements chaleureux des courageux tombés du lit. Arrivés sur le plateau chacun prend son rythme, et on se cale entre 10 et 11,5 km/h avec Gilles. Ca va un tout petit peu vite à mon goût mais bon…Aie 10ème kilo et voilà cette vieille tendinite au tendon d’Achille qui se réveille. Là je ne donne pas cher de ma peau. Premières forêts de sapins, premières descentes, et on aborde ce qui me parait alors déjà un morceau de choix : la descente qui précède le 1er ravito . raide étroite piégeuse. Elle se manifeste déjà dans les cuisses. Regroupement au 1er ravito je rejoins mes compères qui m’avaient pris quelques dizaines de mètres dans cette descente. Je ferai un peu l’accordéon comme ça jusqu’au km 52… Bon faut repartir et je me fais bouger par Gilles qui vient gentiment me récupérer. C’est vrai j’ai une fâcheuse tendance à trainer et à prendre mon temps sur les ravitos. 1ère montée avec bâtons où chacun s’organise, mais on va pas faire d’excès on est encore bouchonnés…et ca m’énerve parce que moi j’aime pas les changements de rythme. Montées descentes, montées descentes …c’est sympa, le jour est levé et on sent le soleil poindre derrière les nuages et la brume. Quelle chance ! Mais c’est pas cadeau leur parcours…et pourtant… Bonne nouvelle la douleur de la tendinite me lâche…comme mes compères si je ne fais pas gaffe. 2ème ravito, là je décide de prendre du solide, du chaud de ranger un peu mon bordel assis sur un banc et de faire le plein en eau ce qui n’est jamais simple avec ces poches. Gilles vient encore me rechercher et me file un coup de main pour boucler l’opération. Ca repart. On est bien là ! J’ai l’impression qu’on serait dans un tableau de marche de moins de 12h00… !? Je ne vais pas être déçu !! On profite du soleil et du ciel bleu, je trouve cette partie sympa depuis le 25ème km. On est sur une sorte de plateau et on enchaine les petites montées et descentes sous le ciel bleu. Cap au kilomètre 42, on a couvert un marathon, ça commence à couiner un peu. Chouet je tombe sur ma cousine au 3ème ravito. Bises, nouvelles du cousin loin devant, photos avec les copains et elle me réconforte. « Bon t’en a gardé sous le pied parce que la course commence maintenant tu vas rentrer dans le dur… ! ». C’est bon pour le moral ca hein… ! Heureusement j’ai pris le temps de me changer des pieds à la tête, et je suis un homme neuf ! Tout va bien, toujours un peu de mal à gérer les bâtons, le petit jeune a des fourmis dans les jambes ; il faut le ralentir un peu et je commence à faire sérieusement l’élastique. Et là ca fait très mal. Grosse grosse descente pour plonger sur La roque Ste Margueritte. J’arrive en bas avec les quadris énormes, ma cheville gauche a tourné déjà 3 fois et je ne dois mon salut qu’à mes bâtons… La traversée des villages redonne des forces avec une super ambiance et des spectateurs pas havards d’encouragements. Je me surprend même à saluer, à sourire et à …accélérer...(crétin !). Je n’ai rien vu encore…Montées descente et ainsi de suite à travers des paysages, des sentiers, des concrétions rocheuses et des ruines magnifiques. Malheureusement je regarde plus mes pompes que le paysage, mais j’essaie quand même de capter de belles images. Voilà maintenant encore un truc qui pique. La descente vers la dourbie …celle-là est bien aussi. Nous sommes à nouveau récompensés par la traversée chaleureuse d’un village dans la vallée au km 59. Je tombe à nouveau sur ma cousine qui m’attend devant une fontaine cachée derrière le ravitaillement eau. Je lui dit que je suis déjà au mental. Et là elle me répond : « bon t’as la montée vers la ferme de la cade qui arrive c’est le gros morceau. Surtout vas-y tranquille tranquille, c’est très compliqué ». Misère ! Allez bois un coup…oui sauf que c’est de l’eau très fraiche de la fontaine, je m’en fais plus d’un demi litre d’un coup et je vais le payer très cher. Montée de la Cade, en effet, c’est dur. C’est très dur. C’est même très très dur !! Mais il fait quoi celui-là ? Ah il gerbe, bon ça arrive. Tiens …j’ai plus de jambes, j’ai un mal de bide pas possible, les oreilles qui bourdonnent et des sortes de vertiges. Mais c’est quoi cette p..…de montée ils sont malades ou quoi ? C’est du trail ou de l’alpinisme ? J’en peu plus je m’entends respirer dans les tympans comme la tête dans une lessiveuse. C’est horrible. Je m’arrête ? Non ! Si…obligé à environ 1500 m du sommet. Ouf voilà du replat ; on est presque arrivés au dernier ravito. Belle vue sur la gauche même si le ciel s’est un peu assombri et que la luminosité tombe (déjà !!). Ah non mais ils nous font quoi là ? ça repart de plus belle la grimpette…mais il est où ce p…de dernier ravito. Et oui je ne sais même plus où j’en suis. Ma montre (un truc top pourtant la GPS 300) s’est mise à l’économie au bout de 9h25 et je n’ai plus de GPS. Enfin voilà cette fameuse ferme…De bonnes âmes sont toujours là pour nous encourager. Je veux faire les derniers hectomètres en petites foulées (histoire de se la jouer un peu devant les spectateurs). Nada plus rien dans les cannes plus rien dans le cerveau, plus rien dans les batteries ! Le ravito. Vite un banc est le bienvenu. Quézac par petites gorgées. Je ne peux rien avaler d’autre. Je patiente 10 minutes et j’arrive finalement à ingurgiter une compote. Bon c’est pas tout ça il commence à faire frisquet, j’enfile mon coupe- vent (celui- là je me le serai pas trainer pour rien..) et je boucle ces ??? combien ? 7 ou 8 derniers kilomètres tranquille pèpère. J’entends qu’il ne reste plus qu’une montée avant l’arrivée et que ce n’est rien à côté de celle qu’on vient de se farcir. Donc confiance confiance. Pour autant je repars au même rythme qu’avant d’arriver au ravito c’est-à-dire en marchant avec les bâtons. Marche bien soutenue, mais je me fais littéralement avaler par une trentaine de concurrents dans la forêt de sapins jusqu’à la descente. Allez-y les gars…la place je m’en tape. Le chrono ? Quel chrono ? J’ai regardé ma montre en repartant il me reste 1H30 pour boucler le parcours sur les bases de 12H30 c’est mort et je m’en fous. Pourtant je me refais une petite santé dans cette descente et j’accélère peu à peu. Je passe juste Fabrice sans le reconnaître (quelle lucidité… !!) et je me surprends à recourir. Ca sent la fin. C’est bon ça ! Je longe par un chemin escarpé le long du pic avec sa fameuse antenne relais ; j’entends les bruits de la ville, je vois le viaduc. Il commence à faire sombre. Mais ça sent l’écurie. J’imagine que nous allons contourner cette masse pour plonger sur l’arrivée. Y’a un gars en bleu quelques dizaines de mètres devant moi, je le rattrape. Mais ils font quoi encore les traceurs là, c’est pas vrai, on monte, mais on monte. J’ai mal. Y’a même des muscles qui se manifestent dont je ne soupçonnais pas l’existence. J’en peu plus. J’ai mal aux mains, aux épaules, aux bras, aux hanches, aux cuisses, aux mollets, aux pieds …et les bourdonnements dans les oreilles sont à leur paroxysme. Ca grimpe de plus en plus. Les bâtons ne servent plus à rien il faut sortir les piolets !!! Je ne sais pas comment je fais mais je rattrape un groupe. Et pour cause ça bouchonne et je ne tarde pas à comprendre pourquoi. C’est de pire en pire, faut se hisser par des cordes. Mais je peux pas j’ai plus de forces moi !! Ben et les autres ils font comment ? Donc t’y vas et tu montes Roquet ! Enfin le sommet et cette fameuse antenne. Là on nous accueille gentiment, nouveaux encouragements et allumage obligatoire des frontales après avoir bénéficié du coucher du soleil dans la dernière « escalade ». J’y comprends rien on nous annonce l’arrivée à 3 km et j’ai l’impression d’en avoir déjà fait 10 depuis la ferme de la cade…faudra m’expliquer. Dernière descente bien technique et abrupte à la frontale. C’est chaud, je contrôle plus grand-chose. Enfin cette fameuse grotte dont on m’a parlé que l’on traverse dans une atmosphère bizarre. Mélange de poussières en suspension dans les halots de lumière, encouragement sous la cloche, même si j’entends plus grand-chose, épuisement et impatience de voir l’arrivée ; toujours et encore annoncée à un peu moins de 3 km (…sic… !!) On débouche sur une route et là un gars m’annonce encore 1 km avant l’arrivée alors que ça fait 20 mn que je me galère dans cette descente depuis la grotte !!! Mais ce coup-ci c’est le bon. J’aperçois assis dans un virage Christophe frais comme un gardon (il a fait la course lui ???) qui nous encourage. Je n’ai pas la force d’accélérer dans le dernier kilo. Dernier 400 mètres. Le bruit monte. Les spectateurs sont de plus en plus nombreux. Ca y est j’arrive à sourire…et à accélérer !! si si, ho je suis pas à 14 hein mais je fais bonne figure pour finir. Oui ! Les dernières marches , la haie de spectateurs, les mômes qui te tapent dans les mains, la sono ; j’ai des frissons c’est trop bon !!! Encore un effort …80 mètres peut-être. Virage à droite, arche d’arrivée, applaudissements, flash de la photo finish. Je l’ai fait, je suis finisher des templiers ! Dans mes bras Gilles. Félicitations du groupe (solidaire) qui attend les derniers des nôtres. Restitution de la puce, médaille et maillot finisher. Je m’en fous totalement ! Je suis heureux et fier de moi, épuisé au point de juste pouvoir boire un thé, assis sur un banc presque hagard. Je repense à la course à l’effort et je crois que je ne reviendrai pas de sitôt. Une pensée pour ma famille à qui j’ai fait subir tout ça, et je n’ai même pas mon téléphone pour les informer que je suis bien arrivé « à peu près entier ». Voilà Marie qui est arrivée également et Fabrice entretemps. Embrassades, félicitations chaleureuses, respect mutuel dans les regards, sourires et yeux brillants. Il est temps de repartir. La douche, un bon magret de canard et cap sur Nantes. Merci aux coach de Cap endurance, merci au groupe fantastique, merci à Emmanuel Vaslet.
Posted on: Fri, 01 Nov 2013 21:40:33 +0000

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