Pogrom dans un immeuble d’immigrés à Saint-Pétersbourg Jeudi - TopicsExpress



          

Pogrom dans un immeuble d’immigrés à Saint-Pétersbourg Jeudi 22 août 2013 à 15:03 Le 13 août dernier, un groupe d’individus, certains en uniforme des forces d’intervention russes OMON, d’autres en simples survêtements, ont pillé un immeuble où vivaient des immigrés. Selon les témoignages, ils auraient frappé et humilié les habitants, puis volé les objets de valeur et détruit biens matériels et même nourriture. Reportage. 188-B quai du canal Obvodny Photo : Anna Rassadina, Sergueï Kaguermazov pour Bumaga La scène s’est déroulée au numéro 188-B, sur le quai du canal Obvodny, à Saint-Pétersbourg. Officiellement inoccupé, l’immeuble regorge pourtant de vie. C’est ici que le 13 août, vers 6h30, alors que les activistes pour les droits des migrants dormaient encore, des ressortissants des pays de la CEI qui vivaient là illégalement ont été réveillés par de violents coups frappés à la porte. À l’origine de cette agitation, une vingtaine d’inconnus, parmi lesquels des OMON, qui, sans présenter aucune commission rogatoire, ont forcé les locataires à sortir dans la rue. Ces Ouzbeks, Tadjiks, Azerbaïdjanais, Ingouches et Russes ont ensuite passé quatre heures debout sous le soleil, la tête contre le mur, pendant que les forces spéciales et quatre barbus en survêtements fouillaient le bâtiment. Ce n’est qu’après cela que les immigrés, selon leurs propres témoignages, ont été conduits au commissariat pour vérification des identités. À la suite de quoi deux migrants ont été condamnés à l’expulsion. Pour les autres, libres, le cauchemar ne faisait que commencer. De retour au 188-B, les locataires ont découvert que tous leurs biens de valeur avaient été volés et que des intrus avaient intentionnellement détruit les fenêtres, portes et serrures, abîmé les tuyaux de gaz et les plaques de cuisson, jeté la nourriture sur le sol. Les responsables du saccage n’ont pas hésité à revenir à 16h30 pour récupérer les biens, cachés derrière l’immeuble, qu’ils n’avaient pu emporter lors du premier voyage, ont raconté les résidents. Ces derniers n’ont pas non plus manqué de rappeler que le 8 août dernier, des représentants du Service fédéral de l’immigration (UFMS) leur avaient déjà rendu visite. Un contrôle qui s’était déroulé sans violence. Les fonctionnaires les avaient simplement enjoints de quitter les lieux dans les trois semaines à venir. Une note du service municipal du logement, Jilkomservis n°1, est d’ailleurs visible à l’entrée, priant les habitants non enregistrés de quitter le bâtiment avant le 20 août. Sur les 100 immigrés qui vivaient là, beaucoup sont partis suite au passage de l’UFMS, malgré le fait qu’ils venaient de payer leur loyer. Des sommes que les habitants versent à leurs « propriétaires » : deux Russes, Nikolaï et Viatcheslav. « Les policiers ont versé de la lessive dans notre soupe… » À l’intérieur du bâtiment, le confort dans les pièces est aléatoire. Si certaines sont dans un état très vétuste, d’autres sont plus agréables, équipées d’armoires, de papier peint, d’ordinateurs. Dans une de ces chambres, des migrants s’entassent : chacun veut raconter son histoire, ses misères ou seulement écouter – à l’affût de bons conseils à glaner. Aperçu d’une chambre Photo : Anna Rassadina, Sergueï Kaguermazov pour Bumaga Azamat Khaïbarov, originaire d’Ouzbékistan, travaille comme livreur de pain. Cela fait un mois et demi qu’il a élu domicile dans l’immeuble, attiré par un loyer très bas. Alors qu’il rentrait du travail ce jour-là, il a été témoin des violences perpétrées à l’encontre de ses compagnons. - Ma femme m’avait envoyé un message disant que les OMON avaient débarqué et que je ne devais pas rentrer à la maison, raconte Khaïbarov. Je suis quand même venu voir ce qui se tramait. On m’a volé l’ordinateur portable que je comptais offrir à ma sœur, restée au pays, et une montre en or destinée à remonter le moral de mon père, qui souffre d’un cancer. C’est difficile à avaler, j’avais tout acheté avec mon propre argent. Je ne suis pas un voleur ! On m’a également subtilisé de l’argent que j’avais pris à crédit, et deux paires de chaussures neuves. Ma femme, elle, s’est fait voler son portefeuille. On m’a même rapporté que les policiers avaient versé de la lessive dans notre soupe… - Ils ont ouvert un paquet de farine et l’ont dispersé dans la pièce, poursuit Roustam, un autre habitant. Et ils ont retourné le canapé. - Si j’avais su que de telles choses pouvaient arriver, se lamente Azamat, je ne serais pas venu vivre ici. Quand nous sommes allés porter plainte à la police, nous étions tout sauf des humains à leurs yeux. Ils ont dit que c’était à nous de résoudre nos problèmes. Un officier a même lancé : Partez tous d’ici ! Plaignez-vous : et les problèmes ne feront qu’empirer… Sept immigrés ont finalement réussi à porter plainte grâce à l’aide d’Andreï Yakimov, de l’ONG russe Mémorial. Azamat a déjà commencé de chercher un nouveau logement mais, sans argent, il ne peut pas s’affranchir d’un loyer. Il se souvient des paroles prononcées par les OMON, entre eux : Allez-y, prenez tout ce dont vous avez besoin, les immigrés ne pourront rien vous faire de toute manière, et de la manière dont les policiers se sont jetés, à quatre, sur un habitant qui tentait de fuir : - Ils l’ont frappé comme un ballon de football. Il ne tenait même plus sur ses jambes. Ils le soulevaient et il retombait net. Puis, ils l’ont jeté comme une serpillière dans le coffre de la voiture, raconte Azamat. L’homme n’est pas le seul à avoir été passé à tabac. Golib Koïsoumov, lui, a été si salement amoché qu’il a fallu appeler une ambulance. Sauf que les ambulanciers ont refusé de l’emmener à l’hôpital, malgré le fait que la police l’avait frappé dans les reins. Les médecins ont préféré lui faire quelques piqûres sur place. « Ils ont tout pris ! » Mais la violence de l’action policière fut loin de n’être que physique. En témoigne le récit de Mavliouda Khasanova, dont la famille est certainement celle qui a le plus souffert. Cette Ouzbek qui vit à Saint-Pétersbourg depuis 10 ans et travaille comme balayeuse s’est en effet fait dérober 90 000 roubles, que la famille avait empruntés pour payer l’accouchement de la belle-fille de Mavliouda, Elnoura Joldocheva, dont la grossesse arrive bientôt à terme. Il faut y ajouter une chaîne en or appartenant à Elnoura, une tablette électronique, des appareils photo. Les inconnus sont allés jusqu’à déchirer les billets retour du fils et du beau-fils de Mavliouda, dont les bagages, déjà faits, ont également été délestés de bouteilles de cognac et de parfum. Les pillards n’ont pas oublié de rafler 320 roubles en petites pièces qui se trouvaient dans la chambre de Mavliouda, soulignent les habitants. La famille, qui se retrouve sans rien pour manger, a dû emprunter 2 000 roubles à des amis. - Je demandais aux policiers de me laisser le temps de m’habiller. Eux criaient, m’insultaient pour que je sorte plus vite, raconte Mavliouda. Ils ont tout pris ! Même le shampoing ! Et ils ont cassé la vaisselle. Mon argent était caché à l’intérieur du hachoir, lui-même rangé dans une boîte. Comment savaient-ils qu’il se trouvait là !? Il ne nous reste plus rien. Quand nous avons demandé qu’ils nous rendent nos affaires, voire juste la moitié, ils ont répondu : Nous ne savons pas qui a pris vos affaires. Allez porter plainte. Je n’avais jamais assisté à un tel déchaînement. Nous travaillons en Russie, faisons le ménage pour 10 ou 12 000 roubles par mois. Les Russes ne travailleraient jamais pour un tel salaire, sauf s’ils y étaient vraiment contraints. Au pays, il est difficile de gagner de l’argent. Si la situation n’était pas telle qu’elle l’est, je ne serais jamais venue ici. Le mari de Mavliouda, Ibrahim, possédait un souvenir rapporté de la Mecque, une planchette sur laquelle étaient inscrits des vers du Coran, accrochée derrière la porte. Les bandits n’ont pas hésité à briser l’objet et à le piétiner, a raconté Ibrahim. - Ils ont jeté le pain dans les toilettes !, crie Elnoura Joldochova. Ils ont également recouvert de sel et de liquide vaisselle la pâte qu’avait préparée Mavliouda la veille. C’est outrageant ! C’est un pêché, de toucher au pain ! La police n’a le droit que de contrôler les papiers, pas d’enfoncer les portes et de frapper ! Il y avait aussi quatre hommes en survêtements aux côtés des OMON, parmi lesquels un en survêt bleu Adidas dont le visage reste gravé dans ma mémoire. A l’extérieur du bâtiment Photo : Anna Rassadina, Sergueï Kaguermazov pour Bumaga - Vous comprenez, nous gagnons de maigres salaires : en moyenne 18 ou 22 000 roubles par mois, poursuit Elnoura. Nous louons une chambre pour 10 000 roubles, et il faut encore manger, s’habiller, sortir… comme tout être humain. Louer un vrai appartement coûte 20 000 roubles. Comment survivre avec un tel loyer ? C’est pour ça que nous vivons ici, c’est moins cher. Nous endurons tous les mauvais traitements que l’on nous inflige quotidiennement. En Ouzbékistan, il est possible de gagner suffisamment pour vivre et s’habiller, mais tout le monde désire davantage, par exemple acheter une voiture, des bijoux en or, construire une maison. Je dois bientôt accoucher – j’ai besoin d’argent. Personne ne fait rien gratuitement. Après mon accouchement, je veux rentrer au pays. Comment je vais faire ? Comment allons-nous rembourser notre crédit ? Nous sommes neuf dans la famille, et nous n’avons nulle part où aller. « Transmettez le message : les immigrés viennent ici travailler honnêtement » Sur le pas de la porte, nous croisons Lena, une jeune femme petite, toute de jean vêtue, aux yeux intensément bleus. Elle est russe, et vit pourtant dans ce type d’immeubles habituellement peuplés exclusivement par des migrants. - Je me suis fait voler mon appareil photo, et mon copain, quatre téléphones portables, dit-elle en montrant un homme souriant, barbe rousse épaisse et gilet orange de balayeur. À côté, une famille avec quatre enfants vit dans une seule chambre. La mère dort, épuisée par sa journée de travail. La fille, Galia, raconte que le mercredi 13, avant d’enfoncer leur porte, les intrus avaient préalablement jeté des cailloux aux fenêtres. Autre appartement – histoire semblable, celle de Dilia, Ouzbek, caissière à Saint-Pétersbourg depuis deux ans. Avec son mari, ils projetaient de travailler encore une année puis de rentrer au pays. La partie de l’appartement qu’ils occupent est propre, le sol brille, il y a quelques meubles et du papier peint au mur. - Nous n’avons sûrement pas mérité ça ! Dites-le, lance Dilia, en larmes, que les gens qui vivent ici n’embêtent personne ! Je me sens chez moi à Saint-Pétersbourg. Quand j’ai vu les portes enfoncées, j’ai pleuré, comme si c’était ma propre maison. Ce bâtiment, nous le surveillons, nous le tenons propre et nous ne dérangeons personne. Nous essayons de nettoyer partout pour faire plaisir aux Russes ! Si on nous expulse, cela signifiera que nous ne pourrons plus revenir pendant cinq ans. Croyez-moi, la ville sera alors recouverte d’ordures ! Sont-ils nombreux, les Russes, à pouvoir faire notre travail ? Non. Transmettez mon message : les immigrés viennent ici travailler honnêtement. Je sais que parmi nous se cachent des criminels et des violeurs, et je les déteste personnellement, mais nous ne devons pas souffrir à cause d’une poignée de malfrats. Pourquoi viendrais-je ici en abandonnant trois enfants au pays, si je pouvais travailler normalement en Ouzbékistan !? Dites-le, afin que l’on ne nous traite plus ainsi. Nous sommes des êtres humains, nous aussi. Couloir, Photo : Anna Rassadina, Sergueï Kaguermazov pour Bumaga Dans un couloir, nous rencontrons Abro, un homme imposant en débardeur et short. Lui ne se fait pas d’illusion, il sait qu’on ne leur rendra pas les biens volés. - L’année passée déjà, les OMON ont dépouillé et humilié des gens. C’était rue Chkapin, se souvient Abro. Je pense que ça ne sert à rien que vous parliez de nous. Rien ne changera. » Au bureau de l’immigration, l’épisode de l’immeuble du quai Obvodny est qualifié de « visite ordinaire de contrôles d’identité ». Aucun commentaire sur les actes de vandalisme. Les rafles à l’image de celle qui vient d’avoir lieu à Saint-Pétersbourg se multiplient ces derniers temps. Jeudi 15 août, des OMON ont interpellé sous les yeux des habitants des ouvriers, sur un chantier, 120 quai Oktiabrskiï, toujours à Saint-Pétersbourg. Plus tôt, le 1er août, ce sont le marché de la place Sennaïa et le marché de gros de la rue Salova qui avaient subi les premières opérations de « décriminalisation ».La vague de contrôles s’est ensuite étendue à d’autres lieux : gare Piskarevka (5 août), marché de gros de légumes Kalininskiï (6 août), place de la gare Moskovskiï (8 août)…La lutte contre l’immigration illégale a débuté dans les villes russes au début du mois d’août, en réponse à l’agression d’un lieutenant de police lors de l’arrestation, le 27 juillet, sur le marché Matveevski à l’ouest de Moscou, d’un homme suspecté de viol sur une mineure. Les policiers étaient venus arrêter Magomed Magomedov, 18 ans, originaire du Daghestan. Une vingtaine de proches du jeune homme s’étaient interposés en tentant de le défendre. Le beau-frère de Magomedov, Magomed Rassoulov, s’en est pris au lieutenant Anton Koudriachov, l’envoyant à l’hôpital avec un grave trauma crânien.Mais alors que les autorités essaient de résoudre le problème, elles sont confrontées au manque de place pour les individus en situation irrégulière. Quatre bus transportant des immigrés ont par exemple été contraints, le 14 août dernier, de stationner toute la nuit à la porte du Centre de rétention des citoyens étrangers, par manque de place à l’intérieur. Aucun établissement d’une plus grande capacité ne devrait voir le jour avant 2015 – et la construction d’un centre de ce type dans l’enceinte de la célèbre prison pétersbourgeoise de Kresty. On sait aujourd’hui que des immigrés sont expulsés même lorsqu’ils sont en possession de tous les documents nécessaires.
Posted on: Fri, 23 Aug 2013 19:46:32 +0000

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