Pour Josef Kwaterko, professeur à l’Université de Cracovie, le - TopicsExpress



          

Pour Josef Kwaterko, professeur à l’Université de Cracovie, le conte chez Ferron aurait des vertus curatives. C’est que, dans une certaine manière, le conteur-médecin est « au chevet » du Québec. Dans son ouvrage, et ce, à partir d’une analyse croisée des textes de Marie-Claire Blais et Jacques Ferron, le professeur Kwaterko dit : « Ce type de rapport permet enfin de percevoir l’intertexualité qui sous-tend l’écriture des Confitures de coings non seulement comme la conséquence d’un choix esthétique mais comme une nécessité éthique la plus élémentaire. En effet, à l’instar de l’exemplum caractéristique de l’ancienne rhétorique et par un pareil recours aux images allégoriques et au mode de représentation parabolique, le conte de Ferron cherche à expliciter un sens et à offrir un savoir dont l’interprétation sera censée donner aux rapports du lecteur avec la réalité ambiante une signification nouvelle. Comme le note Pierre L’Hérault dans son travail sur l’imaginaire de Ferron : « La fiction dépasse la réalité, non pour suggérer une évasion sécurisante, mais pour agir sur la réalité, l’entraîner… » L’auteur poursuit : « Dans cette perspective, le contexte intertextuel (la surlittéralisation de la situation québécoise, la mythification de l’Histoire et du Pays opérées dans le conte) et le contexte où se trouve le lecteur québécois (le contexte concret du « pays incertain ») sont en situation d’interférence. D’autant plus que l’écriture de Ferron se révèle, à y regarder de près, comme un lieu d’activité idéologique où l’esthétique et l’éthique, l’imaginaire et le politique, la conscience verbale et la conscience nationale, deviennent des catégories qui se laissent replier les unes sur les autres. En ce sens plus large, le récit de Ferron montre de façon exemplaire combien nous avons besoin de recouvrer un passé humain total afin de nous raccorder avec nous-mêmes et de comprendre notre environnement social et national. » Il enchaîne plus loin : « S’il est vrai qu’il existe entre le récit de Marie-Claire Blais et celui de Ferron des différences considérables de contenu et de formes, il nous semble aisé d’observer, au delà des différences, un même effort qui traverse l’écriture de chacun de ces deux romanciers, celui de construire le texte sur un dialogisme où le nouveau ne soit pas synonyme de rupture mais se perçoive comme réinterprétation, conscience nouvelle et relecture activement créatrice de l’ancien. » Extrait du chapitre intitulé Démythifier, remythifier : l’intertextualité chez Marie-Claire Blais et Jacques Ferron, tiré de « Le roman québécois de 1960 à 1975, idéologie et représentation littéraire », Le Préambule, coll. L’univers des discours, 1989
Posted on: Thu, 11 Jul 2013 00:07:04 +0000

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