Pour le choix d’un vin alors que vous n’êtes pas du tout - TopicsExpress



          

Pour le choix d’un vin alors que vous n’êtes pas du tout connaisseur et que vous êtes invité (non pour un grand dîner où il serait malvenu que vous arriviez avec votre bouteille, mais pour un petit repas sympa entre amis), sachez qu’il y a d’excellents rapports qualité/prix et qu’il existe un certain nombre de règles simples pour vous aider à les dégotter. Commencer à les retenir est un début. Et si vous vous prenez au jeu, vous pourrez avec l’aide de connaisseurs avisés et pédagogues, espérer devenir vous-même un jour un connaisseur. D’abord n’hésitez pas à privilégier les « petites » appellations. Plutôt que fixer votre choix sur un bas de gamme de noms célèbres, choisissez la version haut de gamme d’une appellation moins en vogue. Ainsi un bon Côtes de Castillon sera toujours meilleur qu’un mauvais Saint-Emilion. Et de même, du Saint-Chinian ( par exemple le domaine Rimbert Les Travers de Marceau 2011 à 7,50 € est un classique, fruit rouge - équilibré et franc), au Madiran ( un Denis Capmartin, Château Barréjat, non-millésimé à 2 € dont le fruit rouge domine le nez et qui a beaucoup de fruit en bouche, est un vin flou, dense, équilibré mais tannique, avec un fruit énorme plus ouvert que celui du Château Barréjat Tradition 2000 à 5 €, qui est au nez : café torréfié et en bouche : fruité cassis, mais qui propose quand même un vin dense, équilibré structuré, et ferme aux papilles ! ) en passant par le Haut-Médoc, vous pouvez trouver votre bonheur à petit prix. On trouve des Bordeaux très corrects à cinq euros et parfois un peu moins ! Si vous êtes amateur de vin de la Vallée du Rhône, troquez le Châteauneuf du Pape pour un Gigondas ou un Vacqueyras ou tout simplement un Côtes du Rhône tout court : soit les Vignerons dEstézargues - Cuvée des galets, non filtré, 2012 à 5 € (servir légèrement frais, vers 14°C, mûre, plein, dense, assèche le palais), soit un Éric Texier 2010 à 8 € (typique mais sans défaut, cassis ou mûre, un peu incisif comme il se doit, et franc) ou un Brézème 2011 à 12 € ( mûre, prune, violette, dense, aucune sécheresse, juteux et franc) soit encore un André Brunel Cuvée Sommelongue 2001 à 5,50 € (au nez : mine de crayon, réglisse, garrigue, en bouche : mine de crayon, réglisse, petit fruit noir) soit enfin un Domaine du Vieux Colombier 1999 à 5,20 € (standard, des arômes de garrigue, typique, du fruit, équilibré) et si vous cherchez un vin blanc liquoreux dont raffole la maîtresse de maison, optez pour un Loupiac, un Jurançon ou un Coteaux du Layon, qui sont beaucoup plus abordables et largement meilleur que le premier Sauternes venu ou que les Vendanges tardives de la rue qui tourne. Côté rosés, vous prenez peu de risques en choisissant un Côtes de Provence ( déjà un nom un peu trompeur car il s’agit presque essentiellement de vins du Var pour ce qui est des meilleurs). Mais là aussi il y a des noms célèbres très couteux, d’autres moins connus des non amateurs mais tout aussi bons, et d’innombrables merdes ! Apprenez déjà à sélectionner la couleur, si vous ne savez rien. N’hésitez pas à retenir parmi les plus pales, vous aurez moins de risque de vous tromper. Apprenez aussi que le Bandol est une appellation distincte sur laquelle vous pouvez faire l’impasse en ce qui concerne les rosés ( mais pas sur les rouges !) car ils sont bien plus chers sans pour autant être vraiment supérieurs. Ensuite et si vous achetez dans un super marché qui n’est pas le lieu idéal pour faire une trouvaille, ne vous arrêtez pas aux bouteilles disposées aux meilleures places, c’est à dire devant votre nez. Le placement dans les rayons tient surtout aux tractations entre les enseignes et les producteurs. Les chefs de rayon optimisent leur espace de façon à favoriser la vente. Aussi n’hésitent-ils pas à reléguer les bons vins (il leur arrive d’en avoir, les vins intéressants que l’on trouve en supermarché en France sont issus d’une énorme production et servent de produits d’appel ) sur l’étagère la plus basse car ils savent très bien qu’il n’échappera pas aux véritables connaisseurs, et gardent-ils les meilleures places pour un vin moins bon mais sur lequel ils feront plus de bénéfice. De même et d’une manière générale, ne vous fiez pas aux apparences car on vérifie là encore que l’habit ne fait pas le moine. Une étiquette pompeuse ne cache pas forcément un vin mauvais de même qu’un dessin moderne est loin d’être un gage certain de qualité. A titre d’exemple, le Mouton-Cadet du Baron Philippe de Rothschild a le plus souvent un nez faible et un palais sans aucune intensité aromatique, sans compter une immaturité régulière des raisins qui peut même attaquer les papilles ! Quitte à rester sur la côte atlantique, le pur et solide Brégeon Cabernet est deux fois moins cher et surtout bien meilleur. L’important c’est de savoir lire une étiquette. Sachez au moins distinguer un vin de propriétaire ( quoique la mention Mis en bouteille à la propriété est utilisable par tous, y compris les coopératives) d’un vin de négociant sans pour autant être convaincu qu’un vin de négociant est toujours un panaché de fonds de cuves ( il existait notamment voilà quelques années pour ceux qui aiment le vin blanc, un cassis blanc de blanc de Bodin tout à fait remarquable !). Mais si vous n’êtes pas connaisseur, préférez quand même un vin de propriétaire réellement mis en bouteille à la propriété ou au château, et par le propriétaire lui-même et non par la SARL trouduc ! Quant à l’appellation, il convient de savoir que le système d’appellations d’origine protégée ne garantit pas un vin de qualité. En novembre 2005, Philippe Mauguin directeur général de l’Inao, déclarait que si l’appellation est une garantie d’origine et de tradition, elle ne donne pas pour autant d’assurance gustative car un vin AOC n’a pas forcément meilleur goût qu’un autre. En effet, une bouteille marquée appellation d’origine contrôlée, na que peu de contraintes de qualité. La distinction d’un AOC et d’un vin de pays voire d’un vin de table, n’est certainement pas déterminée par leur seule appellation. Les différences sont plutôt de l’ordre de la contrainte : soit le vigneron se plie à la typicité, soit il est maître de ses choix de production. Aussi la qualité est-elle avant tout le résultat de bonnes décisions prises par de bons vignerons. Un producteur qui cherche à vendre grâce à la réputation de l’AOC inscrira le nom de cette dernière en gros sur l’étiquette. Si l’on ne voit qu’elle, l’on peut se méfier quant à la qualité du produit. Mais un producteur fier de son propre travail mettra son propre nom en clair sur l’étiquette (sauf pour un vin de table car c’est interdit !). L’absence du nom du producteur est mauvais signe, sa présence claire est bon signe. Il faut également savoir que la mention élevé en fûts de chêne donne une indication de style, certainement pas une indication de qualité, et qu’aucun vin n’est réellement « biologique ». Une fois votre choix quasiment fait, référez-vous quand même aux informations proposées. En ce qui concerne le taux d’alcool, beaucoup de vins sont trop alcoolisés (descendez en dessous de 14°). Les accords mets et vins permettent aussi d’affiner votre sélection si vous savez ce que vous allez manger. L’année peut bien sûr être très importante car le concept de millésime recouvre l’année de vendange et les conditions météorologiques de production. Mais s’il peut servir de guide pour l’achat, la garde et la dégustation ( en France, années récentes exceptionnelles :1989, 1990, 2000, 2005), déduire la qualité d’un vin de la réputation de son millésime peut s’avérer partial, voire malhonnête. Une fois le vin acheté, il vous faudra utiliser des critères plus solides et surtout apprendre à le goûter pour le juger. Le vin d’un vigneron exigeant dans un millésime difficile sera souvent plus intéressant qu’un vin d’une année bien cotée produit par un viticulteur laxiste. Notez de même, que des parcelles voisines vont exprimer des qualités différentes, ne serait-ce qu’à cause des pluies de septembre et surtout que seuls les bons producteurs peuvent sauver une récolte mutilée par le mauvais temps. Vous pouvez bien sûr vous fier aux récompenses : la réputation des concours de Paris ou Mâcon n’est plus à faire ! Mais un médaille d’or voire d’argent d’un concours moins couru reste quand même un indice appréciable. Retenez cependant que les médailles ne sont jamais décernées que parmi les concourants, ce qui veut dire qu’un très bon vin peut n’avoir aucune médaille tout simplement parce qu’il n’a pas concouru. Quant au sigle Saveur de l’année, s’il est décerné par un jury composé de consommateurs avisés et réguliers de vins, il s’agit d’un simple avis concernant un vin qui a été goûté alors que des tas d’autres ne l’ont pas été. Mais ne soyons pas pessimiste, cet avis peut révéler parfois une bonne surprise. Enfin une dernière recommandation. Si vous allez dîner chez Gérard Scarbonchi, Olivier Avramo ou encore Romain Callen, oubliez (au moins la première fois) tout ce que je viens de vous dire et consultez les plus grands connaisseurs afin d’éviter d’arriver avec n’importe quoi. Il vaudra mieux pour vous.
Posted on: Mon, 11 Nov 2013 20:43:44 +0000

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