Pourquoi dans la presse française un noir prend-il une majuscule - TopicsExpress



          

Pourquoi dans la presse française un noir prend-il une majuscule ? Dans la presse et l’édition française, la majuscule est très fréquente, pour ne pas dire systématique lorsque le mot noir est employé non pas comme un adjectif, mais comme un substantif. Ainsi le journal Le Monde ou le journal Libération – des quotidiens qui se veulent pourtant des quotidiens de « gauche » – écrivent-il encore en 2013 un Noir avec une majuscule et non pas un noir avec une minuscule. Lorsqu’on interroge les responsables, ils s’abritent derrière un usage qu’imposeraient les correcteurs (ceux qui corrigent, avant impression, les fautes d’orthographe des journalistes). Quel est la règle grammaticale ? Si l’on se réfère à l’ouvrage qui fait autorité en matière de langue française Le bon usage de Grévisse, dans sa dernière édition (et non pas évidemment dans une édition des années 30) la majuscule ne n’impose nullement pour le substantif noir désignant une personne. Nombreux sont les cas, dans la presse et l’édition, où les auteurs imposent la minuscule. En effet, la majuscule n’est de règle que lorsqu’un adjectif substantivé désigne une personne en fonction de sa nation (un Français, un Japonais), de son continent (un Africain), de sa ville (un Lyonnais, un Londonien). Il va de soi que l’adjectif noir employé substantivement ne désigne pas une personne en fonction de sa nation, de son continent ou de sa ville, mais de la couleur de sa peau et que, -dès lors- la minuscule serait préférable, sauf à considérer que la couleur de la peau d’un individu le ferait d’emblée appartenir à un groupe. Dire qu’un individu appartient à un groupe par la seule couleur de sa peau, c’est la définition même du racisme. Et c’est ce choix inquiétant que semblent avoir fait – consciemment ou non – la presse et d’une partie de l’édition française. Autrement dit : la presse et l’édition française écrivent un noir avec une majuscule parce qu’ils considèrent que les « races » existent et que l’appartenance à la « race noire » justifie la majuscule. On pourrait penser qu’il s’agit là d’un archaïsme. Toutefois, les mêmes journaux Le Monde ou Libération prennent bien garde de ne pas mettre de majuscule à l’adjectif juif employé substantivement. Un juif est toujours écrit avec une minuscule. Et il faut s’en réjouir. Le fait de considérer que les juifs formeraient une « race » ramènerait à l’idéologie nazie. En fait, tout se passe comme si la presse française considérait implicitement qu’un juif est une personne ayant quelque chose à voir avec la religion juive mais que, cette personne appartenant à la « race » blanche, il serait raciste de faire des distinctions au sein d’une même « race » tandis qu’un noir – de toute évidence- appartient à la « race » noire et qu’il n’y a rien de raciste à le désigner ainsi. D’où la majuscule. La question ne se pose pas pour écrire « un jaune ». Car il ne viendrait à l’idée de personne dans un pays comme la France d’écrire que le Premier ministre du Japon ou le président chinois est « un jaune ». Mais pour « un noir », fût-il président des États-Unis, les choses apparemment sont bien différentes.
Posted on: Mon, 23 Sep 2013 18:16:17 +0000

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