Publié le 14-11-2013 à 20h59 Par Jean-Baptiste Naudet La - TopicsExpress



          

Publié le 14-11-2013 à 20h59 Par Jean-Baptiste Naudet La Bulgarie est toujours au centre de trafics qui ravitaillent des groupes liés à Al-Qaïda en Afrique et au Moyen-Orient. De notre envoyé spécial à Sofia. 375 32 23 0 Réagir 17 Recevoir les alertes actualité Le numéro 1 dAl-Qaïda, lEgyptien Ayman al-Zawahiri, dans une vidéo mise en ligne en 2011 Anonymous/AP/SIPA SUR LE MÊME SUJET • » INFO OBS. La lustration au programme de la Bulgarie • » BULGARIE. Des geeks luttent contre la mafia rouge • » La révolution morale est lancée en Bulgarie Longtemps la main de Moscou, la Bulgarie reste au centre de trafics, notamment darmes, qui continuent de ravitailler certains groupes anti-occidentaux en Afrique et au Moyen-Orient liés à Al-Qaïda. Professeur entré dans les services secrets bulgares pour les démocratiser après la chute du communisme, puis devenu un des chefs de lunité spéciale de police anti-mafia (GDBOP), Miroslav Pisov brosse, preuves à lappui, ce tableau effarant. Selon cet ancien agent secret et ex-policier, ce pays des Balkans, - couloir de circulation entre lEst et lOuest, lAsie et lEurope, le Nord et le Sud -, joue toujours le rôle de plaque tournante du crime et du terrorismeinternational, servant de puissants intérêts privés liés à la Russie. Aujourdhui, affirme lex-membre des services secrets Miroslav Pisov, les anciens du Komitet za Darjavna Sigournost, (Comité de la Sécurité dEtat), les services bulgares, patentés par le Kremlin, vendent, en Afrique et au Moyen-Orient, des armes aux mouvements islamistes franchisés Al-Qaïda qui déstabilisent des gouvernements pro-occidentaux. Des liens avec Moscou Du temps de la guerre froide, la Darjavna Sigournost (DS), qui avait conclu un accord officiel de coopération à Moscou, se livrait, avec la couverture de lEtat, au trafic darmes et de drogue, notamment pour financer pour le compte du Kremlin les mouvements révolutionnaires dans le monde. Du temps du communisme, un slogan était inscrit sur un mur du siège de la DS : La Darjavna Sigournost est le bouclier et le glaive du Parti et de lamitié avec lUnion soviétique. Ces services secrets ont aussi participé à quelques attentats commandités par lEst, dont, vraisemblablement, celui contre le Pape Jean-Paul II en 1981. Laffaire la plus célèbre reste celle dite du parapluie bulgare. Le dissident bulgare Georgi Markov a été assassiné à Londres en 1978 par la DS grâce une piqure empoisonnée à la ricine prodiguée avec un parapluie trafiqué. La Sécurité dEtat bulgare a été rebaptisée DANS mais na jamais été profondément réformée. Elle reste sous la coupe des anciens de la DS, qui ont même parfois été promus. Et elle a conservé des liens occultes avec la Russie. La pieuvre rouge Relevés de comptes numérotés en Suisse pour prouver ses dires, Miroslav Pisov décrit les tentacules de cette pieuvre rouge qui sétendent encore aujourdhui aux pays voisins, Turquie, Serbie, mais aussi jusquen Amérique latine pour salimenter en drogue dure, livrer des armes aux narco-guérilléros marxistes. Lancien officier de police, en collaboration avec ses collègues espagnols et britanniques, a participé au démantèlement dun de ses réseaux bulgares, le réseau Brendo aux ramifications internationales. Le pilote davion Tchavdar Genov a témoigné devant la justice, en avril 2012, avoir convoyé des armes pour ce réseau, notamment en Erythrée, sous embargo international, en échange de drogue. On se demande pourquoi, ironise lex-policier, lun des premiers soucis du gouvernement actuel a été de dissoudre notre unité de lutte contre le crime organisé. Lécrivain Ilya Troyanov a résumé les choses : Des Etats ont une mafia. En Bulgarie, cest la mafia qui a un Etat. Un asile pour Al-Qaïda Lancien agent secret affirme aussi que des terroristes islamistes ont bénéficié de lasile des services bulgares. Selon lui, légyptien Ayman Al-Zawahiri, longtemps numéro deux dAl-Qaïda et devenu son leader depuis la mort de Ben Laden, a longuement séjourné en Bulgarie, dans les Rhodopes, dans la région à majorité de population musulmane de Vélinegrad, en 1995-1996, - quand lorganisation terroriste islamiste sen prenait déjà aux Etats-Unis -, sous lœil complaisant des services secrets bulgares. Cest-à-dire, sans doute, avec lassentiment de la Russie. Car, coïncidence fâcheuse, au même moment, dans la même région, à Yakorouda, séjournait un groupe de trois anciens officiers du GRU, les services secrets de larmée russe, qui ont finalement été expulsés du pays en 1997, après la chute du gouvernement socialiste (ex-communiste). Interrogés à lépoque par la presse pour savoir pourquoi Al-Zawahiri navait pas été arrêté alors quil était recherché, le secrétaire général du ministère bulgare de lIntérieur dalors, Gueorgui Lambov, ainsi que le chef des Renseignements extérieurs (NSS - Service National de Sécurité), Vladimir Manolov, avaient expliqué quil nexistait pas de convention judiciaire entre lEgypte et la Bulgarie et quils ne désiraient pas troubler la population locale musulmane bulgare… Après son séjour en Bulgarie, Al-Zawahiri semble avoir été récupéré par les Russes. Entre 1996 et 1998, lactuel terroriste numéro un mondial a été entrainé par le FSB (ex-KGB) au Daghestan, dans le Caucase russe, selon lancien agent des services russes, Alexandre Litvinenko. (Interview à Chechenpress en 2005) Al-Zawahiri en Russie Après avoir aussi révélé dans un livre que les attentats en Russie de 1999, qui ont propulsé Vladimir Poutine au pouvoir, avaient été organisés par les services russes et non par des terroristes tchétchènes (1,2), Alexandre Litvinenko a été assassiné en 2006 à Londres où il sétait réfugié, avec un sushi empoisonné au polonium, radioactif, sans doute par un autre ex-agent du FSB, Andreï Lougovoï, recherché par Scotland Yard mais protégé par la Russie. Les affirmations de Litvinenko ont été confirmées par le défecteur du KGB, Konstantin Preobrazhensky. Selon lui, Alexandre Litvinenko était responsable du caractère secret du séjour de légyptien Al-Zawahriri en Russie en tant que chef dune division anti-terroriste du FSB. Cest après cette formation en Russie, que ce dernier aurait été transféré en 1998 en Afghanistan auprès dOussama Ben Laden. Cest alors quAl-Zawahiri a formellement fondu son groupe terroriste, le Djihad Islamique Egyptien, dans Al-Qaïda. Viktor Bout en Bulgarie La Bulgarie na pas seulement servi de refuge au futur dirigeant dAl-Qaïda. Longtemps aussi, le plus célèbre trafiquant darmes international, Viktor Bout, alias le Marchand de la Mort, a fait de ce pays sa base logistique mais aussi un de ses principaux fournisseurs. Viktor Bout, qui a admis avoir rencontré le chef des Talibans afghans, le mollah Omar, le protecteur de Ben Laden, est soupçonné davoir vendu des armes à Al-Qaïda. Protégé par le Kremlin, ce Russe a été arrêté en Thaïlande en 2008 lors dun coup monté par les Américains puis jugé aux Etats-Unis et condamné en 2012 à 25 ans de prison, au grand dam de Moscou qui le considère comme un prisonnier politique (3). Viktor Bout, un ancien traducteur polyglotte et officier de larmée de lair soviétique et sans doute aussi un agent du GRU, les services de larmée russe, travaillait en Bulgarie avec la société KAS Engineering, dirigée par le Bulgare Peter Mirchev, dont le siège offshore est maintenant à Gibraltar. Peter Mirchev lui fournissait des armes dont la Bulgarie est un gros producteur. Viktor Bout était lui spécialisé dans le transport, via sa compagnie aérienne, Air Cess, depuis laéroport bulgare de Burgas, près de la Mer noire. Il était aussi le spécialiste des faux certificats de destination qui permettent de livrer des armes dans des pays sous embargo international. KAS Engineering est liée à lex-nomenklatura du Parti communiste bulgare (devenu socialiste), essentiellement formée à Moscou et qui contrôle toujours lessentiel de léconomie et de lappareil dEtat du pays. Lactuel chef des socialistes bulgares, Sergueï Stanichev, né en 1966 en Ukraine (alors en URSS), dans une famille bulgaro-ukrainienne, diplômé de lUniversité dEtat de Moscou, fut même longtemps un citoyen soviétique. Sergueï Stanichev et son parti soutiennent lactuel gouvernement bulgare, contesté dans la rue depuis plus de 140 jours par des manifestants qui demandent le départ de ce quils appellent la Mafia rouge. Un réseau toujours actif Si Viktor Bout, qui a inspiré le film Lord of War, dort en cellule à New York, Peter Mirchev, son ami, associé et fournisseur bulgare, est toujours à Sofia à la tête de lentreprise KAS Engineering impliquée dans dinnombrables trafics darmes dans le monde. Sur le web, la messagerie professionnelle Linkedln de Peter Mirchev est toujours active. Interrogé dans la capitale bulgare en 2012 sur ses affaires par Nicholas Schmidle, un reporter du New Yorker, Peter Mirchev a répondu : Mon obligation cest de mettre les trucs dans lavion. Après, je me fous doù lavion peut aller (4). Rêvant de se rendre à New York pour un dîner, le patron de KAS Engineering a cependant précisé : Je nirai jamais à New York. Ou alors je serais dans la cellule à coté de Viktor. Si Viktor Bout est en prison, son frère aîné, Sergueï Bout, lui, est libre. Il est dailleurs toujours en contact, si ce nest en affaires, avec Peter Mirchev. Sergueï Bout, qui était associé avec son frère Viktor dans le transport de marchandises, reste le principal actionnaire de la compagnie aérienne Air Zori, domiciliée à Sofia. Air Zori a été la cible de sanctions internationales en 2005 pour avoir violé lembargo sur les armes contre lex-dictateur du Liberia, Charles Taylor, condamné en 2012 à 50 ans de prison pour crimes contre lhumanité par un tribunal international. Mais, selon lancien agent et ex-policier anti-mafia Miroslav Pisov, la société Air Zori de Sergueï Bout assure toujours le transport darmes pour des groupes dAl-Qaïda au Moyen-Orient et en Afrique ainsi que vers lAmérique Latine. Interrogé en 2010 à Moscou par la chaine Arte (5), Serguei Bout a simplement répondu : Il ny a aucune de preuves que nous avons transporté des armes. (1) Le temps des assassins, par Alexandre Litvinenko, Iouri Felchtinski, ed. Calmann-Lévy, 2007 (Blowing Up Russia : The Secret Plot to Bring Back KGB Terror). (2) The Moscow Bombings of September 1999 : Examinations of Russian Terrorist Attacks at the Onset of Vladimir Putins Rule, Par John B. Dunlop. (3) Le Nouvel Observateur du 23-29 septembre 2010. Lhomme qui fait trembler le Kremlin, par Vincent Jauvert. (4) Viktor Bout and friend, par Nicholas Schmidle, The New Yorker, 29 février 2012. (5) Interview de Serguei Bout sur Arte Lire le reportage de Jean-Baptiste Naudet à Sofia Révolte contre la mafia rouge dans Le Nouvel Observateur en kiosque le 14 novembre 2013.
Posted on: Fri, 15 Nov 2013 15:38:21 +0000

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