Quand la justice crée l’insécurité « Comment la prison - TopicsExpress



          

Quand la justice crée l’insécurité « Comment la prison fabrique la récidive », tel était le titre en une du journal Le Monde, le 15 octobre 2011. L’article de fond détaillait les résultats d’une étude récente de l’administration pénitentiaire. En apparence les choses étaient claires, et la conclusion sans appel. Un examen détaillé montre pourtant qu’il n’en est rien. D’abord, le chiffre choc : 59 % des libérés de prison sont recondamnés dans les cinq ans suivant leur sortie. Cette information confirme que la prison ne parvient pas en elle-même à remettre dans le droit chemin la majorité de ceux qu’elle accueille. Mais il faut également lire ce chiffre à la lumière du profil des détenus : les délinquants condamnés à une peine de prison ferme sont, dans leur immense majorité, des individus bien connus des services de police, qui ont déjà été condamnés de nombreuses fois. Ce sont donc des personnalités particulièrement ancrées dans la délinquance, qui enchaînent les délits et les condamnations. Pour les condamnés « sans détention », la récidive tombe à 45 %. En apparence, la « prison école du crime » semble confortée. Mais la comparaison de ces deux taux n’a aucun sens, car un individu condamné à de la prison ferme ne présente pas le même profil ni le même risque de récidive qu’un individu condamné à une peine alternative. Les peines alternatives sont réservées à ceux qui présentent davantage de garanties de réinsertion ; il est donc naturel que leur taux de récidive soit inférieur ! Le même phénomène se retrouve pour les peines avec sursis. Les personnes condamnées à une peine de « sursis avec mise à l’épreuve » sont plus nombreuses à être recondamnées à de la prison ferme (32 %) que celles condamnées à du « sursis simple » (19 %). Personne, dans le monde judiciaire, n’en conclut pour autant que le « sursis avec mise à l’épreuve » serait criminogène. Car les spécialistes savent bien que le parcours « classique » d’un délinquant commence, après d’éventuelles arrestations sans suite ou des alternatives aux poursuites, par une peine de prison avec « sursis simple ». Les délinquants qui persistent se voient ensuite condamner à « un sursis avec mise à l’épreuve ». Ces derniers sont donc généralement plus endurcis que les premiers qui, pour une bonne partie d’entre eux, ont arrêté dès le premier coup de semonce. C’est pourquoi ces délinquants plus endurcis récidivent davantage, indépendamment de l’efficacité de la peine à laquelle ils ont été condamnés. Une comparaison entre la récidive des mineurs sortant d’un centre éducatif fermé (CEF) et de ceux sortant d’un foyer classique « ouvert » serait tout aussi biaisée. Aucun chiffre officiel n’existe sur la question, mais il y aurait fort à parier que la récidive suite à un CEF est beaucoup plus élevée, parce que les jeunes qui y sont envoyés sont plus endurcis et récidivistes. Mais cela ne dirait rien de l’efficacité réelle des CEF…
Posted on: Thu, 18 Jul 2013 12:34:33 +0000

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