Quand les patrons du MEDEF s’attaquent aux retraites, ils - TopicsExpress



          

Quand les patrons du MEDEF s’attaquent aux retraites, ils prétendent les sauver ; quand les dirigeants de la CFDT approuvent les propositions du patronat, ils prétendent qu’ils défendent les salariés ; et quand les marchés financiers colonisent la planète, ils prétendent instaurer la démocratie universelle. A cet égard, tout le discours de légitimation et d’autocélébration du néolibéralisme – à propos de l’égalité et de la liberté des contractants sur le marché, de la transparence et de la loyauté de la concurrence, de l’autorégulation du marché et de la juste récompense du talent et du travail, de la création massive des emplois, du plein-emploi, du bien-être pour tous, du lien indissociable entre capitalisme et démocratie, de la nocivité des interventions de l’Etat etc. ? – n’est qu’un vaste mensonge. Ceux qui sont chargés d’élaborer, d’enseigner et de diffuser ce discours fallacieux sont les uns des croyants sincères de l’église libérale, les autres des bonimenteurs chargés de « vendre » le système qui les paie. Mais peu importent les uns et les autres. Ce qui doit retenir l’attention, c’est que « ca marche » et que le mensonge passe bien, depuis des générations, en dépit des crises, des dépressions et des krachs récurrents du système et des effroyables dégâts matériels, écologiques et humains qu’il ne cesse de causer. Mais si le message est reçu par ceux-là mêmes qui devraient le récuser, c’est qu’il trouve en eux, dans leur sensibilité et leur entendement, un terrain d’accueil sans lequel les prophètes du capitalisme prêcheraient dans le désert. De sorte que, si le message nous trompe, c’est, non pas que « nous le voulons bien », formule équivoque, mais que quelque chose en nous, une attente, u intérêt, une structure de la personnalité nous dispose à être trompés, à faire crédit, à collaborer à l’illusion. Le mensonge du système ne devient une illusion reçue qu’à la faveur d’une automystification intéressée, et le système ne peut se jouer de nous que si nous sommes prêts à entrer dans le jeu.” Alain Accardo, De notre servitude involontaire, Agone, 2013, p. 91-92.
Posted on: Tue, 03 Dec 2013 10:06:30 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015