Que le respect se perde, comme on dit, c’est ce que l’on - TopicsExpress



          

Que le respect se perde, comme on dit, c’est ce que l’on constate tous les jours, dans tous les domaines, et ce ne sont pas les instituteurs, les professeurs, les policiers, les gendarmes, les juges, ni d’une manière plus générale tous les dépositaires de l’autorité publique qui diront le contraire Prenant prétexte des agressions (verbales) déshonorantes (pour leurs auteurs, et non pour leur cible) dont Christiane Taubira a pu être victime ces derniers temps de la part de quelques individus isolés et aussitôt condamnés par l’ensemble de la classe politique, des médias et l’immense majorité de l’opinion, l’écrivain antillais et prix Goncourt 1992 Patrick Chamoiseau s’inquiétait, hier matin dans Le Parisien, de la façon dont sont traitées aujourd’hui les « grandes figures républicaines » et s’offusquait en particulier de l’insolence des attaques qui visent, dit-il, le garde des Sceaux, figure centrale (et républicaine) des manifestations organisées ces jours-ci à grand tapage contre une supposée recrudescence du racisme en France. Patrick Chamoiseau se laisse ici emporter par une passion qui ignore la logique et la réalité. Ce n’est pas à cause de sa couleur, de son origine, de sa « race » ou de ses fonctions que Mme Taubira cristallise depuis un an la véhémente hostilité d’une opposition pour une fois rassemblée, mais en tant que femme politique, en raison du rôle exposé et prédominant qu’elle a joué et qu’elle assume dans le débat autour du « mariage pour tous », ou par suite de l’inflexion de sa politique judiciaire et pénitentiaire, plus portée sur l’indulgence que sur la sanction, plus favorable aux délinquants qu’à leurs victimes et moins soucieuse d’ordre public que caractérisée par un angélisme malvenu. Au reste, Mme Taubira, loin de se dérober à la bagarre, la cherche et ne s’est jamais plainte de celles qu’elle a suscitées. Poursuivant sur sa lancée, Patrick Chamoiseau s’indigne du traitement de défaveur dont serait, selon lui, l’objet le chef de l’État de la part des médias et de la rue qui ne lui témoigneraient pas le respect et n’auraient pas pour lui les égards qui sont dus à sa fonction. Le président de la République a effectivement droit au respect tant et pour autant qu’il reste dans le cadre et qu’il est à la hauteur de ses fonctions. Chacun, ou presque, en convient. C’est bien pourquoi les quelques huées qui l’ont accompagné, le 11 novembre sur l’avenue des Champs-Élysées puis à Oyonnax alors qu’il y présidait à des cérémonies commémoratives de la Grande Guerre et de la Résistance, ont été à peu près unanimement blâmées et condamnées. De même, sa décision d’intervenir au Mali, en vertu des engagements, des responsabilités, de l’honneur de la France et de l’urgence d’opposer un barrage à la barbarie djihadiste a été saluée par tous. Lors de son récent voyage en Israël, le savant équilibre qu’il a finalement réussi, contre toute attente, à tenir entre notre soutien traditionnel à l’État hébreu et notre souci de voir reconnus les droits légitimes des Palestiniens, n’a suscité aucune critique. Nul ne conteste non plus, du moins sur le plan des principes et au simple regard de l’humanité, la nouvelle opération qui se dessine au Centrafrique. Mais lorsque François Hollande, oublieux de ses promesses de campagne, avale tout cru le traité européen qu’il avait juré de renégocier, lorsqu’il instrumentalise des projets sociétaux (mariage pour tous, pénalisation de la prostitution) pour faire diversion à ses échecs et à ses reniements, lorsque ses propos, ses nominations et ses limogeages ne sont dignes ni d’un président, ni d’un rassembleur, ni d’un réconciliateur mais sont marqués du sceau du sectarisme, de la mesquinerie et de l’esprit partisan, lorsqu’il est pris en flagrant délit de tremper ses bras jusqu’au coude dans la tambouille politicienne, lorsque sous le masque imposant du chef de l’État on voit à tout instant réapparaître le visage étroit du premier secrétaire du PS, on ne voit pas pourquoi on devrait à l’homme, à sa personnalité, à ses paroles et à ses actes le respect que l’on doit à sa fonction. « Respect », c’est le mot que prononcent le plus volontiers les voyous des cités, qui n’en témoignent à personne. Que l’on soit un simple quidam ou le premier des Français, le respect, ça se mérite.
Posted on: Sun, 01 Dec 2013 10:32:57 +0000

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