Quelle économie pour une Kabylie autonome ? -1ère partie- par - TopicsExpress



          

Quelle économie pour une Kabylie autonome ? -1ère partie- par Bouaziz Ait Chebib Cet essai tend à répondre à la question : d’acu ara neçç ? (qu’allons-nous manger ?). La réponse s’articule sur un certain nombre de données puisées dans des statistiques officielles, des articles de presse, des études élaborées par des universitaires kabyles sur le thème du développement local dont notamment, feu Hocine Ben Hmaza, Belkacem Boukhrouf, Ousalem Mohand Ouamer, Rachid Oulebsir, Pofesseur Dahmani et Said Doumane. ------------------------------------------------------------------------------------------------------- Notre recherche est aussi consolidée par des expériences économiques des autres pays. Cette modeste contribution est donc une synthèse de toutes ces données à laquelle nous donnons une orientation autonomiste. Tout le monde est invité à enrichir cette réflexion par des idées, des études et des propositions pour mettre sur pied un vrai projet économique pour la Kabylie. Introduction Depuis l’indépendance confisquée par le redéploiement d’un autre colonialisme, bien plus subtil, le pouvoir algérien s’évertue avec constance et acharnement à faire admettre aux Kabyles que leur première patrie, la Kabylie, n’est qu’un foyer de misère. C‘est ainsi qu’à force de répéter un mensonge, il croit en faire une vérité que tous les Kabyles finiront bien par adopter, d’autant plus que la même duperie est reprise en chœur par les partis traditionnels kabyles, qui s’en servent pour justifier auprès de notre peuple leur opposition au projet autonomiste. Pour appuyer cette idée, le pouvoir algérien s’applique méticuleusement à réunir toutes les conditions (marasme économique, corruption, terrorisme, banditisme, islamisme) pour que les Kabyles n’envisagent pas autrement leur survie, et celle de la Kabylie, que par une abdication pure et simple au dictat arabo-islamique d’un régime raciste, pour bénéficier de l’aumône de l’Etat-providence afin de ne pas mourir de faim Bien entendu, l’argument est fondé sur une fausse idée selon laquelle le peuple kabyle ne doit sa survie qu’à la manne pétrolière alors que tout le monde sait qu’elle a toujours profité aux généraux et aux politiciens véreux qui ont la main mise sur l’économie algérienne. Il faut cependant savoir que dans le cadre de l’autonomie, la Kabylie a parfaitement le droit d’exiger sa quote-part des revenus du pétrole et du gaz. Contrairement à ce qu’avait dit Saïd Sadi - "on ne peut pas dire aux autres, on partage le pétrole et on garde l’huile d’olive pour nous !"- le pétrole et le gaz sont des produits du sous-sol et appartiennent à tous les citoyens, alors que les produits agricoles sont le fruit du travail et appartiennent donc à leur propriétaire. Ceci dit, la Kabylie n’a pas émergé de nulle part et encore moins à la suite de la découverte d’un gisement de gaz. Elle n’est pas non plus une création contemporaine résultant d’une quelconque prospérité réalisée grâce à la manne pétrolière. La Kabylie existe depuis la nuit des temps ; son existence multimillénaire n’a jamais été conditionnée par une quelconque richesse naturelle. Sa plus grande richesse réside d’abord et avant tout dans le génie de son peuple. Son organisation sociopolitique résolument laïque et démocratique, ses valeurs séculaires et son attachement viscéral à la liberté a inspiré de grands penseurs. A ce jour, la Kabylie n’a rien perdu de son authenticité, de sa culture de résistance et encore moins de sa détermination à se hisser au rang de nation, au sens moderne du terme, car la Kabylie ancestrale disposait avant la colonisation d’une forme de démocratie participative à travers Tajmaat, l’assemblée de village, qui était une structure sociale et politique, un véritable modèle de démocratie, qui faisait participer les citoyens aux affaires publiques des villages. A la suite de la colonisation française, l’Etat central a tout mis en œuvre pour achever ce que la France coloniale avait entamé en terme de destruction des fondements de la société kabyle, dans le but avoué de casser la cohésion sociale d’une société qui lui avait opposé une résistance farouche et qui n’a jamais accepté la soumission. Cependant, ni la famine, ni la guerre, ni la répression, ni la politique d’arabisation, ni toutes les politiques de dépersonnalisations n’ont pu triompher du peuple kabyle. De ce fait, nous avons la certitude qu’aucun défi ne peut lui faire peur. Le développement économique est à sa portée, pourvu qu’il recouvre sa souveraineté par son accès à un statut de large autonomie. En effet, la Kabylie, avec le vrai potentiel économique dont elle dispose et que l’on cherche à tout prix à nous cacher, est en mesure, non seulement d’assurer son propre développement, mais aussi de contribuer d’une façon décisive au développement de toute l’Algérie pour peu que celle-ci se reconcilie avec elle-même et entre de plain pied dans le progrès et la modernité. Toutes les forces vives, et il y en a, peuvent êtres mobilisées afin de créer un pôle d’excellence en matière de développement économique. Pour ce faire, il suffit de mettre en synergie les intelligences dont dispose la Kabylie, en l’occurrence les compétences formées par ses universités et les différents centres universitaires du monde, mais aussi les ressources naturelles et les grandes ambitions de la région. La Kabylie est en mesure de réaliser son développement par l’encouragement de l’innovation (via la recherche), l’investissement, l’éducation, l’accroissement de la sécurité ; l’indépendance de la justice et la conciliation de son progrès économique et social avec la préservation de l’environnement. La Kabylie autonome œuvrera immanquablement à assurer à sa population la liberté d’entreprendre et de produire localement des richesses, synonymes d’autonomie économique et sociale, base de toutes les libertés sociales, culturelles et politiques. Or, il n’est un secret pour personne que l’Etat central œuvre activement à étouffer toute prospérité économique en Kabylie, condition sine qua non de son asservissement à un Etat qui n’a d’ambition que d’effacer jusqu’à son existence même. Kabylie : une région riche, une misère croissante La Kabylie est autonome dans sa misère programmée et dans ses malheurs, naturels ou provoqués, sans avoir le pouvoir de décision pour y faire face. Elle lutte seule contre une situation socio-économique des plus dramatiques qui conforte les décideurs algériens dans leurs plans machiavéliques, ces derniers étant prêts à faire l’impossible pour amplifier le malheur du peuple kabyle. L’installation du terrorisme sur son territoire est sa dernière innovation en la matière. Avec un Etat central qui fait dans le sabotage et le chantage économiques, des collectivités territoriales dépourvues de pouvoirs et ne disposant même pas d’une fiscalité locale propre, des entreprises endettées et fiscalement étouffées, le développement économique est une dangereuse chimère pour la Kabylie qui glisse de jour en jour dans une logique de désinvestissement. Le secteur privé, est donc exclusivement kabyle, demeure le seul créateur d’emploi dans une région où le taux de chômage selon les chiffres officiels, dépasse les 30% (touchant 54 % de sa population de moins de 30 ans), soit le double de la moyenne nationale ; ce qui est loin d’être un hasard. L’ANSEJ, la CNAC entre autres, constituent l’essentiel de la politique d’emploi menée par le régime. Cette duperie n’a rien apporté de probant pour absorber le chômage. Bien au contraire, elle a aggravé la situation en transformant nos jeunes chômeurs en " chômeurs endettés ". En l’absence de dispositif d’accompagnement, les PME créées et les projets lancés dans le cadre de ces dispositifs, vivent dans un état d’abandon qui ne semble, pour le moins, guère retenir l’attention des pouvoirs publics. La majorité de ces entreprises trouvent des difficultés à s’acquitter de leurs redevances avec les banques, d’autres sont sur le point de mettre la clé sous le paillasson en raison d’une mauvaise prise en charge de leur cas par ces mêmes institutions financières. Aujourd’hui, la plupart de ces projets sont à l’arrêt et les plus chanceux végètent encore dans une survivance mais sans aucune rentabilité. Il n’existe aucun investissement public en Kabylie. L’Etat central bloque toute initiative susceptible de réaliser le développement économique de la région. Il est de notoriété publique que la Kabylie paye économiquement sa résistance à un régime qui la nie jusqu’à dans son existence. Le pouvoir n’ayant jamais pu normaliser la région, il redouble d’ingéniosité pour la soumettre à son joug par le chantage sur l’investissement publique, sur la sécurité et le terrorisme, inhibant par ce moyen pervers et criminel toute velléité d’investissement privé local et à plus forte raison international. Pendant que les entreprises européennes se délocalisent pour s’établir dans les pays en voie de développement à la recherche d’une main d’œuvre moins coûteuse, les autorités algériennes, ne se contentant pas de détourner plusieurs projets de grande dimension économiques à l’image de la raffinerie de Vgayet, exercent toute forme de pression sur les entreprises kabyles pour les délocaliser vers d’autres régions. Pour le régime raciste d’Alger, la Kabylie est un élément étranger à cette Algérie définie comme étant arabo-islamique. Par conséquent, elle doit être économiquement anéantie et ne doit en aucun cas accéder au progrès et à la prospérité économique. En Algérie, l’administration fiscale n’est performante qu’en Kabylie, qui détient, il faut le rappeler, le record du taux de recouvrement de l’impôt au niveau national. Ce constat est consolidé par l’acharnement de cette administration qui avait même refusé tout allégement fiscal au profit des entreprises qui ne travaillaient qu’à moitié durant les évènements du printemps noir. Par ailleurs, un opérateur économique de Kabylie gagne moins que le grossiste à qui il vend ses produits, puisque, lui, ne paye rien dans sa wilaya. La collecte des impôts se fait de manière inéquitable et toujours au détriment de l’investissement en Kabylie. En plus du terrorisme bureaucratique qui freine les velléités de relance économique dans la région, les entrepreneurs de Kabylie sont victimes de lenteurs et de blocage dans l’accès aux crédits bancaires. Aussi, malgré son potentiel riche, la Kabylie sous le joug arabo-islamique n’a pu développer ni son tourisme, ni son agriculture et encore moins son industrie. Le secteur touristique avec ses quatre segments balnéaires, thermal, montagne et culturel aurait pu à lui seul développer la région. Il demeure dans un état embryonnaire du fait d’une volonté politique qui s’y oppose par tous les moyens possible, y compris par la délocalisation du terrorisme islamiste en Kabylie. L’état d’abandon et de dégradation des zones d’activité industrielles empêchent toute perspective d’investissement en Kabylie. Avec la création des agences foncières de wilayas, le véritable patron est le ministère d’où l’impossibilité de voir une quelconque attribution à l’échelle locale. C’est là une mesure visant exclusivement à contrecarrer l’essor de toute activité industrielle et entraver les acteurs locaux qui sont les véritables vecteurs de développement. L’exemple le plus édifiant de cette véritable stratégie est le projet CAP 2015 initié par le grand opérateur économique kabyle Issaad Rebrab. Annoncé par le groupe Cevital en 2007, le projet de réalisation d’un grand port et d’un pôle de compétitivité de dimension mondiale à Cap Jinet n’arrive toujours pas à voir le jour et n’est pas prêt d’y arriver. Le régime raciste d’Alger ne peut pas tolérer l’implantation d’un projet susceptible de créer un million d’emploi d’emplois. Pour étouffer et punir cette Kabylie frondeuse, il prive l’Algérie d’une opportunité de réduire la dépendance de l’économie nationale vis-à-vis des hydrocarbures. Les terres agricoles kabyles, bien que fertiles, sont sous-exploitées ou bradées par les pouvoirs publics, ce qui affecte inévitablement et d’une manière préoccupante ce secteur vital. C’est ce qui explique l’incapacité des agriculteurs à satisfaire la demande locale. De ce fait, la région est devenue dépendante de l’extérieur, alors que ces potentialités agricoles sont en mesure d’assurer son auto-suffisance alimentaire et même approvisionner d’autres régions. Cette situation est le résultat d’une politique étatique érigée spécifiquement contre le développement de ce secteur en Kabylie. Elle tend inéluctablement vers le rétrécissement de la surface agricole utile de la région à travers le détournement des terres agricoles de leur vocation initiale. Pour ce faire, l’Etat opère quasi systématiquement une conversion des terres agricoles en foncier urbain. Un crime que les services concernés justifient par le fait que le foncier à caractère urbain est financièrement plus rentable pour l’administration fiscale que celui des terres agricoles, ces dernières étant exonérées de la taxe foncière. L’Etat pense donc prioritairement à remplir ses propres caisses, dont on connait les bénéficiaires, au détriment de la Kabylie. Voilà de quoi faire d’une pierre deux coups ! Enfin, en place et lieu d’une stratégie d’exploitation des potentialités forestières, le régime d’Alger prône celle de la terre brulée qui a dévasté les massifs de Yakourene, Akfadou, Boumahni et Mizrana. Il faut savoir que rien que dans la wilaya de Tizi Ouzou, plus de 10.000 oliviers ont été ravagés par les feux durant la période estivale 2007 sous prétexte de lutte contre le terrorisme qui curieusement ne perdure qu’en Kabylie, alors-même qu’elle est surmilitarisée. Au lieu de mettre en place un plan spécifique pour la région en vue de rattraper son retard en matière de développement socio-économique, le pouvoir a mis en œuvre un plan d’insécurité pour faire de la Kabylie « une zone à risque » et dissuader les investisseurs et les banques étrangères à s’engager pour y injecter des capitaux. Le terrorisme sécuritaire et bureaucratique, la pression fiscale et la faillite de l’appareil bancaire sont les mécanismes mis en œuvre par le régime pour anéantir l’économie en Kabylie, affamer son peuple et réduire ainsi à néant sa capacité de résistance à la politique de dépersonnalisation en vue de la faire disparaitre définitivement. Par Bouaziz AIT CHEBIB
Posted on: Wed, 11 Sep 2013 14:09:48 +0000

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