Quoi de plus épouvantable, si ce n’est l’histoire et le vécu - TopicsExpress



          

Quoi de plus épouvantable, si ce n’est l’histoire et le vécu d’un enfant aux repères bafoués. Sans trop de commentaire, imaginons-nous dans le film d’un « enfant soldat ». « Je me rappelle encore du cri strident des femmes agonisant au seuil de leur fin ; je revois la mort dans son allure spectrale rôder avec arrogance autour et à l’intérieure des cases de mon village fumant. Je n’avais que trois ans lorsqu’ils m’arrachaient aux soins de ma mère refroidie près du buste inerte de l’homme qu’elle avait toujours honoré... J’ai oublié mon nom et presque tout mon passé, mais j’ai une identité. Je suis caporal et je suis une lettre de l’alphabet ; ils m’appellent "M". Je suis le soldat maudit qui somnole debout le jour et dort les yeux ouverts, de peur d’affronter les rêves obscurs qui hantent mes nuits. Je suis le soldat sans bottes aux mains sales et à la joie éteinte ; le guerrier courageux qui craint fort la mort autant qu’il la sème…Je porte un treillis ample aux manches qui dépassent, j’ai quatorze ans et je suis un homme drogué à la virilité précipitée. Jusqu’à ce matin, je traquais encore des âmes épouvantées et sans défense, parce qu’on m’a gentiment offert la pomme du mal… Aujourd’hui, nous avons fait une incursion dans le petit village de BANOU pour y recruter des soldats. Après que la plupart des villageois les plus âgés aient subi le sort impitoyable qu’avaient connu leurs demeures en cendre, il restait deux enfants à passer en revue. Sur proposition de mon chef de troupe nommé capitaine à seulement quinze ans, ils pouvaient s’ils le voulaient, rejoindre nos rangs ou de demeurer libres. Mais les propositions du capitaine "Z" avaient toujours été en réalité des ordres détournés, et personne n’avait jusqu’ici décliné son offre en défiant la noirceur de ses yeux ténébreux ; car, autant sur ses victimes que sur les soldats désobéissants, il se réservait tous les droits. Mais ce jour, un enfant fit remarquablement exception ; il rejeta la proposition du capitaine offensé qui me confia alors en guise de représailles, une tache des plus abominables. Sous le poids des frissons insoutenables qui me tenaillaient l’esprit comme à chaque fois, je pris mon outil d’exécution dont la lame aiguisée et d’une cruauté excessive donnait lentement la mort, au grand plaisir du penchant sombre du capitaine en extase qui songeait alors aux honneurs qu’il recevra du Général "AZ" pour une mission brillamment réussie. Mon devoir fut accompli dans une douleur que je me gardais d’extérioriser. Chaque coup porté fut un enfer interminable, surtout quand mon regard croisait celui des suppliciés… Nous marchions à présent en direction de notre camp, dans la froide forêt par laquelle nous étions venus. J’étais toujours le dernier de la file ; je boitais et j’étais chargé de veiller sur la recrue ligotée que je devais personnellement initier comme la coutume du code des enfants soldats le prescrivait ; pourtant, je venais d’arracher la vie d’un frère, d’une mère et d’un père qui lui étaient plus que chers… Les autres avec leurs captifs avaient pris de la distance et s’étaient déjà éclipsés à travers les feuillages épais qui m’entouraient, mais je reconnaissais parfaitement le chemin vers la clairière... Il s’appelait Mélo et c’est à peine si j’osais le dévisager , puisque j’étais indigne de son pardon. Profondément tourmenté par l’horreur de ce que je venais de réaliser, je l’avais laissé marché derrière ; et sans plus tarder, j’allais payer pour cette imprudence. Soudainement débarrassé des ficelles qui reliaient ses mains à la corde par laquelle je le conduisais, il me jeta brusquement par terre et s’empara du métal tranchant qui lui avait privé à jamais de trois valeurs inestimables. J’étais assis à même le sol, sans arme et résigné, regrettant de n’avoir pas pu dominer ma peur constante du Général "AZ" et déserter comme je le prévoyais longtemps auparavant. Si je l’avais fait, ce jour serait-il arrivé, me demandais-je ? Quoiqu’il en soit, Mélo était là debout, tout près, enragé, le regard inconsolable et plus que déterminé. Survivrai-je à sa colère ? Surmontera-t-il sa haine ? Ce n’était qu’une question de secondes ». Il est une pensée qui veut que dans le conflit opposant le vice à la vertu, l’homme par nature soit neutre ; et que dès lors seuls nos actes décident de ce que nous soyons des êtres bons ou mauvais. Alors, une question à votre intention : que feriez-vous si en ce moment même vous étiez Mélo, le garçon armé qui en veut énormément au soldat "M" ? (Signé CHARMANT Le FACTEUR)… Tout en m’excusant de ce que ce courrier pourrait vous paraître déplaisant, je vous remercie d’avance de partager son contenu avec votre public, car voyez-vous, j’y attache beaucoup de prix. Le FACTEUR remercie au passage Osée HANKO, Bertrand KOUENKAM, Narcisse KAMDEM, Lecalan Armel MONTHE, Duclair NGONGANG, Pierre BILE, Alain YIKAM, et Gaëlle KEMEGNI d’avoir partagé le précédant courrier.
Posted on: Mon, 23 Sep 2013 12:04:48 +0000

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