REFLEXION SUR LA CONJONCTURE Nombreuses sont les théories et - TopicsExpress



          

REFLEXION SUR LA CONJONCTURE Nombreuses sont les théories et conceptions philosophiques portant sur la genèse de l’Etat, sa justification, sa raison d’être. Citons, par exemple, quelques unes comme celle qui affirme que l’État est un moyen de nous élever à la moralité, quil naît dune aspiration à la vertu, que, par suite, il est dirigé contre légoïsme; ou celle qui fait de lÉtat la condition de la liberté, au sens moral du mot, et, par là même, de la moralité. Rien de cela nest totalement vrai. LÉtat, né dun égoïsme bien entendu, dun égoïsme qui sélève au-dessus du point de vue individuel pour embrasser lensemble des individus, ne vise nullement légoïsme, mais seulement les conséquences funestes de légoïsme. Il ne se préoccupe pas davantage de la liberté au sens moral, cest-à-dire de la moralité : par sa nature même, en effet, il ne peut interdire une action injuste qui naurait pas pour corrélatif une injustice soufferte. Ceci dit, il semble incontournable de rechercher l’essence de l’Etat ailleurs. Dans les Suppléments au Monde comme volonté et comme représentation (chap. XLVII), Arthur Schopenhauer a exprimé l’idée que lEtat, dans son essence, n’est quune institution existant en vue de la protection de ses membres contre les attaques extérieures ou les dissensions intérieures. Il sensuit de là que la nécessité de l’État repose, en réalité, sur la constatation de linjustice de la race humaine. Sans elle, on ne penserait nullement à l’État; car personne ne craindrait une atteinte à ses droits. Une simple union contre les attaques des bêtes féroces ou des éléments naurait quune faible analogie avec ce que nous entendons par État. De ce point de vue, il est aisé de voir combien sont bornés et sots les donneurs de leçon qui, en phrases pompeuses, représentent lÉtat comme la fin suprême et la fleur de lexistence humaine. Une telle manière de voir est lapothéose du philistinisme. Dans une société comme la notre où l’avidité de l’un et de l’autre atteint son paroxysme, l’Etat (les gouvernants) doit être intellectuellement supérieur à la masse gouvernée pour pouvoir transcender les intérêts essentiellement individuels afin d’adresser les problèmes de société. Contrairement à cette vieille idée qui veut faire croire que les gouvernants doivent être de la classe aisée, car ces gens seraient désintéressés à faire la course contre la montre pour s’enrichir. Penser de la sorte, c’est ignorer totalement la nature de l’homme. Moralement, un chef ne doit pas être ni noble, être un Titus ou un Marc-Aurèle. Car il serait trop dangereux de laisser entre les mains d’un même groupe ou d’un individu à la fois le pouvoir économique et le pouvoir politique. Il ne doit pas être ni, en sens opposé, tomber au-dessous du niveau universellement admis comme mesure du droit. Certes, la capacité d’adresser les vrais problèmes ne dépend nullement de sa richesse. Mais nous ne devons pas perdre de vue cette réalité que K. Marx a su bien décrire à travers l’idée que « Ce nest donc pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; cest, inversement, leur être social qui détermine leur conscience. (Karl Marx : préface de la Contribution à la critique de l’économie politique, p. 4, Editions sociales, 1947.) ». Aussi, disait-il : « Lêtre social est déterminé par les conditions dexistence matérielles dans lesquelles vivent les hommes dans la société ». C’est pourquoi, dans des émissions très prisées de la capitale, il est vraiment plaisant dentendre fulminer contre ces « tailleurs » et ces « tanneurs » (le prolétariat) dont la lourde et grossière intelligence, sans une grande culture, pas même capable dune attention soutenue,… est appelée à démêler la vérité du tissu décevant de lapparence et de lerreur. Oublient-ils peut-être que le problème de léducation se rattache étroitement, sinon directement, à celui de la morale, et, comme le droit et la politique, est lun des éléments constitutifs de celle-ci ? Si dans un pays le chaos et l’injustice règnent, c’est au bénéfice des carnassiers. Car après que des hommes (les Aïeux) ont arraché au sol, loyalement et à la sueur de leur front, ce qui est nécessaire pour alimenter leur société, on voit arriver souvent une troupe dindividus qui, au lieu de cultiver le sol et de vivre de son produit, préfèrent exposer leur vie, leur santé et leur liberté, pour assaillir ceux qui possèdent leur bien honnêtement acquis, et sapproprier les fruits de leur travail. Ces carnassiers de la race humaine sont les peuples conquérants, que nous voyons surgir en tous lieux, depuis les temps les plus reculés jusquaux plus récents. Leurs fortunes diverses, avec leurs alternatives de succès et déchecs, constituent la matière générale de lhistoire universelle. Aussi Voltaire a-t-il dit avec raison : « Dans toutes les guerres (civiles ou entre Etats), il ne sagit que de voler ». Que les protagonistes qui font ces guerres en aient honte, ils le prouvent en protestant chaque fois quils ne prennent les armes que pour se défendre. Mais au lieu de chercher à excuser cet acte par des mensonges publics officiels, presque plus révoltants que lacte lui-même, ils devraient sappuyer carrément sur la doctrine de Machiavel. Celle-ci admet entre individus, au point de vue de la morale et du droit, la valeur du principe : quod tibi fleri non vis, id alteri ne feceris; tandis quentre peuples et en politique, cest le contraire : Quod tibi fleri non vis, id alteri tu feceris. Veux-tu ne pas être assujetti : assujettis à temps ton voisin, cest-à-dire dès que sa faiblesse ten offre loccasion. Si tu laisses celle-¬ci senvoler, elle passera un jour dans le camp ennemi, et cest ton adversaire qui tassujettira, n’est-ce pas la velléité de la République Dominicaine ? Il se peut même que ce ne soit pas la génération coupable de la faute, mais la suivante, qui en fasse expiation. Ce principe de Machiavel est en tout cas un voile beaucoup plus décent à lusage de la rapacité, que le haillon transparent des mensonges les plus palpables dans les discours des chefs dEtat et des politiques, discours dont quelques-uns rappellent lhistoire bien connue du lapin accusé davoir attaqué le chien. Chaque État regarde au fond lautre comme une horde de brigands qui tomberont sur lui, dès que loccasion sen offrira. Certes, le grand troupeau humain, toujours et partout, a nécessairement besoin de guides, conducteurs et conseillers, sous formes diverses, suivant les circonstances ; ce sont les juges, gouverneurs, généraux, fonctionnaires, prêtres, médecins, lettrés, philosophes, etc. Ils ont pour tâche daccompagner ce troupeau, devenu incapable et pervers dans sa majorité à cause de la mauvaise foi de certains « apprentis connaisseurs » d’antan et d’aujourd’hui, à travers le labyrinthe de la vie, dont chacun, suivant sa position et sa capacité, a dû se faire une idée plus ou moins large. Que ces guides soient affranchis. Depuis la mis en œuvre de l’expérience démocratique, dont aujourd’hui encore on est au stade de balbutiement, j’observe que les différents décideurs qui ont succédés au plus haut sommet du pouvoir politique s’inscrivent dans cette logique qui est la suivante. Ils sont quasi unanimes à reconnaitre que le peuple est souverain. Mais cest un souverain toujours mineur, qui doit être soumis à une tutelle éternelle des Conzé de l’histoire et ne peut exercer lui-même ses droits, sans provoquer des dangers énormes. Dautant plus que, comme tous les mineurs, il devient facilement le jouet de coquins rusés, des démagogues. Cette conception est suicidaire pour la société. Qui va stopper l’hémorragie ? Quand ? A bon entendeur, salut !!!
Posted on: Thu, 21 Nov 2013 15:58:09 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015