REPORTAGE A Marciac, le jazz fait campagne 5 août 2013 à 20:26 Par DOMINIQUE QUEILLÉ Envoyée spéciale à Marciac Samedi, aucune inquiétude pour la billetterie, car, même habitué du lieu, le pimpant Ahmad Jamal, 83 ans, a remporté les 6 000 suffrages en présentant en avant-première Saturday Morning, album qui sort à la rentrée (le 24 septembre) chez Jazzbook Records/Harmonia Mundi. Symbole de raffinement, le pianiste, dont la manche gauche de sa chemise blanche portait au poignet son prénom brodé, réitère l’exploit de Blue Moon, modèle de postérité, avec cette architecture de l’espace sculptée par une trame rythmique irréprochable. Marque des grands, le natif de Pittsburgh - qui nous apprenait le récent mariage de Yusef Lateef (92 ans), son partenaire à Marciac il y a deux ans et à Vienne cette année - ne s’est pas trompé pour personnifier son quartet. On y retrouve, comme sur Blue Moon, le gros son swing de l’implacable contrebassiste Reginald Veal ayant œuvré chez Wynton Marsalis et Diannes Reeves, le drumming véloce de Herlin Riley, lui aussi échappé de chez Marsalis, et Manolo Badrena, percussionniste d’origine portoricaine qui s’est illustré auprès de Joe Zawinul. Samedi soir sur scène, il s’éclate avec ses nouveaux jouets qu’il a dénichés dans l’après-midi chez un des exposants du village. Des maracas de Cuba et un xequere, une calebasse enserrée dans un filet de perles : «J’ai beaucoup de mal à en trouver aux Etats-Unis, je profite de ma venue à Marciac pour les acheter», explique Badrena en ballade dans la bastide gersoise. Marciac touche à l’infini du jazz, comme le disaient deux piliers, Benny Golson et Sonny Rollins, en discussion dans un aéroport dont Samy Thiébault fut témoin : «Le jazz, c’est comme une ligne d’horizon que l’on ne peut pas atteindre. On n’en a jamais fini.» Et ce n’est pas Wayne (Shorter), Ahmad (Jamal), ou Archie (Shepp), tous loin de songer à la retraite, qui diront le contraire.
Posted on: Tue, 06 Aug 2013 09:50:27 +0000
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